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Deux inspecteurs du travail abattus comme des chiens...

Publie le samedi 4 septembre 2004 par Open-Publishing
7 commentaires

de Gérard Filoche

... Et on plaint le pauvre fermier ?

La façon dont le sujet est traité comme un fait divers fait mal au coeur.
La presse ne cherche pas a expliquer comment cela a pu être
possible. Comment et pourquoi le cerveau dérangé d’un patron qui
fraude, exploite honteusement des pauvres "saisonniers "au noir", ne
les déclare pas, peut être amené a assassiner deux agents de contrôle
chargés de faire respecter les lois de la République, le Code du
travail... Sans doute que le Medef voulant supprimer, comme il le dit,
dans son université d’été, le Code du travail, finit par conditionner
les esprits, pour banaliser ainsi, au rang de "faits divers", un crime
sans précédent ! C’est la première fois dans l’histoire que le
fanatisme libéral, anti-règle, anti-loi, anti-droit des salariés,
aboutit à ce que deux inspecteurs du travail soient abattus comme des
chiens, l’un de face, au fusil, l’autre, une jeune femme de 40 ans, de
dos alors qu’elle tentait de s’enfuir...

C’est la barbarie de la
chienlit libérale qui se traduit là... Le patron, ancien, militaire,
avait annoncé à l’un de ses proches " Tu va voir, je serai dans les
journaux et pas en bien..." il a tenté de se faire justice, mais il
s’est raté, alors qu’il n’a pas raté nos deux collègues... Le patron
esclavagisait des cueilleurs de prunes, il ne voulait pas respecter
leurs droits, leurs salaires, leurs contrats, alors il a tiré
lâchement... Que l’on ne nous dise pas qu’il était "dérangé", son acte
était prémédité, en refusant le code du travail et un contrôle , il
appliquait le programme ultra-libéral du Medef...

Comment traiter cela comme un fait divers, dans ce contexte, où l’on
rabaisse les salariés, où l’on explique qu’ils doivent travailler plus
en gagnant moins, ou l’on accable le Code du travail en affirmant qu’il
empêche de faire des profits encore plus immenses ? Il faut casser les
35 h selon le gouvernement ? Mais 25 % des 800 000 saisonniers
travaillent illégalement 56 h par semaine, et 18 % d’entre eux n’ont
pas de contrat de travail , ne sont pas déclarés...

Il y a seulement
427 inspecteurs du travail et 813 contrôleurs pour faire respecter 400
lois et 8000 décrets, pour défendre le droit de 7,8 millions de
salariés qui travaillent dans 97 % des entreprises qui ont moins de 50
de salariés, et au total pour 15,5 millions de salariés du prive, qui
n’ont guère de syndicats, pas de délégués du personnel, pas de comite
d’entreprise dans leur immense majorité...

Que fait la République pour défendre le droit contre la fraude quand
un patron sur deux est un délinquant et ne paie pas les heures
supplémentaires au taux légal ? Des milliards d’heures supplémentaires
passent ainsi à l’as, ce qui produit moins de cotisations sociales,
moins de retraites, moins de santé, moins de salaire, plus de
chômeurs..

Lorsque deux journalistes sont odieusement menacés, on sait tout
d’eux, de leur famille, de leur combat pour l’information... Il y a une
mobilisation nationale pour les sauver, on s’unit tous pour cela, ils
vont peut-être revenir... mais nos deux collègues ne reviendront jamais
Là il y a deux inspecteurs du travail, un homme, une femme, abattus
comme des chiens et on ne sait rien d’eux, de leur famille, de leur
travail...

Où sont l’émotion, le scandale, l’indignation, la révolte ?

Quand deux gendarmes sont abattus, cela fait la "une " des journaux.
Mais quand il s’agit de la sécurité au travail, le ministère de
l’agriculture plaint "toutes les familles des victimes" (et donc celles
de l’agriculteur) et le ministre du travail attend six heures avant de
faire un communique, les médias du soir ne reflètent pas en "une" le
crime commis à 16 h 30 !

Ou est l’occasion de dire stop au délire libéral qui voudrait
supprimer l’inspection du travail ? N’est-ce pas l’occasion d’expliquer
au public ce qu’est ce métier, cette mission ?

Les organisations syndicales vont-elles laisser faire sans appeler à
une mobilisation, des esprits, des salariés ? C’est la premier fois
dans l’histoire qu’un tel assassinat se produit, atteinte aux fonctions
de l’inspection, pourtant protégée par l’Oit et chargée "d’alerter les
gouvernements en place sur le sort qui est fait aux salariés".

Les accidents du travail augmentent, les maladies professionnelles
aussi. Les licenciements abusifs aussi, on ne peut laisser traiter cet
évènement comme un fait divers... Il faut en tirer toutes les leçons,
expliquer le rôle essentiel de l’inspection dans le monde (trois
inspecteurs ont été abattus au Brésil il y a quelques mois) et en
France.

Gérard Filoche,
inspecteur du travail, pour Démocratie & Socialisme.

www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=1754

Messages

  • Vendredi 3 septembre 21h 17

    Comment évolue la déjà scandaleuse version média sur l’assassinat des deux inspecteurs du travail...

    On ne parle toujours pas d’assassinat. Nulle part.

    Òn oublie le patron, ex militaire, embrouillé dans des affaires, délinquant déjà, qui, pendant une semaine ( au moins...) se dit : je vais en tuer un, puisqu’il affirme une semaine avant à Dominique Bagard, témoin direct du drame, (demandez lui son témoignage) : " on va parler de moi dans le journal et pas en bien".

    Ce patron, excédé par des histoires familiales, rumine, esprit étroit, entretenu par les discours, sur la "liberté du travail" (la liberté d’exploiter) ( la liberté d’avoir des esclaves qu’on exploite, dont on ne respecte pas les droits... Pour s’en sortir soi-même)

    Gaymard n’a pas toujours pas condamné
    Raffarin n’a toujours rien dit...

    Ni Chirac, deux inspecteurs du travail assassinés, pas un mot de Chirac,
    Il aime trop les agriculteurs ?

    Deux agents de contrôle,
    un homme de 45 ans
    Une femme de 41 ans,
    Leur famille, la presse n’en parle pas comme il faudrait, certes, elle en parle, en insistant elle en parle, mais pas à la hauteur de l’évènement !

    C’est pas comme s’il s’agissait de deux journalistes Ou de deux enfants en Ossetie,
    Pourtant ils ont été ASSASSINES
    Chez nous,
    pas au Brésil (3 inspecteurs ont été assassinés au Brésil en janvier parce qu’ils contrôlaient des propriétaires terriens)
    Où est la sécurité ?
    Où est l’impunité zéro ?
    Qu’est-ce que ce serait sur Tf1 si on voulait prôner l’insécurité ? En montrant les deux pauvres victimes dont nul n’a mentionné le nom, dont nul n’a parlé de la famille dont nul n’est allé interviewer un proche, un compagnon, une femme ?

    TF1 vient avec prudence de dire à 20 h 23 ce vendredi 4 au soir que 4 des ouvriers saisonniers, "selon eux" disent que l’agriculteur assassin n’avait rien à se reprocher..
    Alors pourquoi a t il tué ? Et pourquoi y avait-il 12 saisonniers ?
    Ou sont passés les autres, qui ne parlent pas devant la caméra ?
    Forcément , il n’y a pas eu de contrôle, le meurtrier a fait son oeuvre avant !
    Ca continue avec ceux qui préfèrent parler de "la désespérance paysanne" invoquée par ceux qui disent qu’il a "pété les plombs", c’est pas grave, quoi, y’a réciprocité de "valeur" entre un (patron) paysan inquiet et des fonctionnaires tracassiers n’est-ce pas ?
    Défendre les droits c’est tracassier ? Contrôler les lois de la république, les droits des salariés, c’est tracassier ? Ce “pauvre” exploitant du Périgord a la sympathie de “France bleu”, de “France info” local...
    On n’interviewe pas la famille des assassinés mais les voisins du criminel !
    On ne saura rien sur les pauvres diables de fonctionnaires, ils n’ont qu’à pas être fonctionnaires !
    Si c’était un pauvre ouvrier agricole, pas pote du maire, pas exploitant Fnsea, pas ancien militaire, que dirait-on ?

    On se croirait dans l’Amérique sudiste !

    Si un saisonnier avait tué son patron qui le faisait cueillir des prunes au noir, ca ne serait pas traité comme ça, n’est-ce pas ?

    Après les prunes l’assassin se préparait aux vendanges.

    Quel journal, quelle dépêche a fait le lien avec les 800 000 saisonniers dont 18 % ne sont pas déclarés, et dont 25 % travaillent 56 h sous payées , surtout pas Raffarin, ni Boorlo, ni le Medef et pas Gaymard bien sûr !
    Aucun journal, aucune radio, n’a fait ce lien !

    Tout le monde essaie de traiter cela comme un cas isolé, spécial, à part, d’un fou, sans lien avec les questions sociales, avec le droit du travail, avec la sécurité, avec les lois de la republique !

    Mais “on” a assassiné pour la première fois en France deux inspecteurs de 45 et 41 ans comme des chiens et on croit que ca va passer à l’as ? On ne laissera pas faire ?

    L’afp a fait son boulot, cinq dépêches y compris la reprise des communiqués syndicaux mais que fait l’audiovisuel ?

    Que fait Libé, que fait Le Monde ?

    Traitement routinier de ce "fait divers".
    Alors que c’est un crime social !
    C’est un assassinat historique !
    Un crime au nom du libéralisme contre le respect du droit du travail...
    Raisins de la colère à l’envers !

    "Paysan désespéré", mais tous les paysans ne sont pas les mêmes,
    Propriétaires et ouvriers agricoles !
    Et ce propriétaire assassin pourquoi l’excuser en disant c’est un cas isolé, il a pêté les plombs, il etait trop contrôlé, et puis quoi encore ?

    Amis journalistes cette actualité n’est pas bouclée, les obsèques, c’est mardi, mercredi, la vérité doit se faire jour

    Le scandale de l’assassinat de deux inspecteurs du travail pour la première fois dans l’histoire de notre pays doit éclater !

    Bien à vous, Gérard filoche

  • Puisqu’il n’y a que 1200 contrôleurs pour 8 millionsde salariés, pourquoi les déplace-t’on par 2 ?
    Pour être en surnombre ? Un par un, on diminuerait les cibles et doublerait les contrôles.
    Condoléances.
    Schneider

  • Paradoxe !
    Comment Filoche peut-il écrire cela tout en restant au PS quand on sait qu’un député PS n’a rien trouvé de mieux que de proposer le jour des obsèques de nos deux camarades, la création d’un groupe de travail sur "la détresse des agriculteurs" ?

  • on ne peut respecter que ce qui est respectable...
    seul l’irreprochable peut montrer l’exemple.