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Irak, enlèvements ciblés

Publie le jeudi 9 septembre 2004 par Open-Publishing

L’enlèvement des bénévoles de Ponte per Bagdad ajoute un échelon dramatique
supplémentaire à l’escalade de la situation en Irak. Le Ponte est une des
organisations non gouvernementales présentes en Irak depuis longtemps.

Elle s’était mobilisée contre l’embargo qui a décimé pendant plus d’une décennie la
population irakienne, elle a sur le terrain des projets de solidarité depuis
treize ans et s’est toujours prononcée ouvertement contre la guerre.

Qui, cond a conçu, dirigé et organisé le commando qui a pénétré directement et
non pas au hasard au siège de Ponte à Bagdad et a enlevé les militantes ? Cet
enlèvement, comme celui tout récent du journaliste pacifiste Baldoni ­
barbarement tué en même temps que son interprète ­ et des deux journalistes
français, c’est-à-dire d’un pays qui a pris position contre la guerre et ne
participe pas à la l’occupation militaire du pays, sont des enlèvements
différents des précédents.

Ils le sont dans les objectifs et dans la pratique.
Le scénario évoque en fait davantage le modèle des escadrons de la mort
latino-américains qui conduisirent une guerre sale à côté de la guerre
conventionnelle conduite par les armées. Leur objectif est de faire la terre
brûlée autour des raisons de la résistance en frappant les témoins dérangeants,
les journalistes ou les activistes anti-guerre.

Cela, on ne l’enseigne pas dans
les mosquées, mais dans les écoles anti-guérilla des Etats-Unis.
En second lieu, le fait que les gens frappés ne sont plus des mercenaires ou
ceux qui collaobrent avec l’occupation mais ceux qui, de manière diverse,
critiquent cette occupation ou si opposent, devrait servir aussi à faire la
terre brûlée autour des raisons de ceux qui se sont opposé à la guerre en
démontrant que l’ennemi ne fait pas de distinctions.

Donc, qu’il vaudrait mieux
serrer les rangs autour de la campagne militaire de la coalition
anglo-américano-italienne et se laisser coopter dans la croisade
anti-terroriste de Bush, Blair et Berlusconi. Les partis de l’opposition
feraient bien d’éviter de tomber dans ce piège.

Et pourtant, justement en ces heures d’angoisse pour le sort des otages qui nous
sont certainement plus proches que les mercenaires enlevés voilà quelques mois,
nous devons avoir le courage d’affirmer quelques points précis :

 La barbarisation du conflit entre occupants et résitance en Irak est la
conséquence et non la cause de la guerre et de l’intervention militaire de la
coalition anglo-américano-italienne.

 Les derniers enlèvements semblent obéir à une mise en scène plus interne et
fonctionnelle aux forces qui soutiennent le gouvernement fantoche irakien
plutôt qu’aux forces islamiques qui s’y opposent.

 Le retrait immédiat des troupes et la fin de la complicité italienne avec
l’occupation de l’Irak ne reviennent pas à céder à un chantage du terrorisme
mais constituent l’unique, raisonnable et digne voie de sortie d’une guerre
illégale et criminelle qui expose tout le pays à ses conséquences.

 Il faut que le gouvernement italien, cette fois, soit soumis à des pressions
puissantes pour empêcher que se répète son criminel désengagement dans
l’affaire de l’enlèvement et de l’assassinat de Baldoni, affaire qui a révélé
une compromission de la Croix Rouge avec les services secrets, qui a miné
neutralité et crédibilité de l’organisation, et la dérobade de la diplomatie
italienne avec l’ambassadeur en Irrak qui partait en vacances pendant qu’un
citoyen était enlevé.

Sur la demande du retrait des troupes et de l’activation de tous les moyens
politiques et diplomatiques visant à obtenir la libération des otages de Ponte
per Bagdad, nous devons mettre sur pied une mobilisation permanente qui ne
laisse pas de place aux ambiguïté du gouvernement et à une occupation qui
excite la barbarie.

Editorial de Radio Citta’ Aperta 8 septembre 2004
(tiré de Information Guerrilla, 8 septembre, traduit par SQ)