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Réforme à L’APHP ?? salariés et patients.....

Publie le jeudi 19 novembre 2009 par Open-Publishing

Une réforme

de Bernard Delattre

Un peu de vécu anecdotique de Parisien moyen, pour mettre en perspective une actualité dont on parle beaucoup en ce moment dans la capitale. L’actualité, c’est une grosse réforme qui est envisagée pour l’AP-HP, qui regroupe une quarantaine d’hôpitaux de l’assistance publique dans Paris et sa proche banlieue. Le vécu, c’est la galère que vient d’être pour nous la simple prise d’un simple rendez-vous pour une simple consultation dans un service d’un grand hôpital de l’Est parisien. Ces derniers jours, pour décrocher ce rendez-vous, on a passé des heures au téléphone. Jour après jour, matin, midi, après-midi et soir. Chaque fois, le téléphone sonnait invariablement occupé ou dans le vide, ou un répondeur nous annonçait qu’aucun préposé n’était en mesure de prendre notre appel et qu’on devait donc le renouveler plus tard. Au bout de quatre jours, tout de même, on est parvenu hier à avoir un interlocuteur en ligne. Qui nous a donné le premier rendez-vous disponible dans l’agenda : rendez-vous fixé à la… dernière semaine de décembre.

Ce n’est jamais que l’énième expérience qu’on fait de la surcharge à laquelle ont l’air d’être confrontés les hôpitaux publics à Paris. Hôpitaux où, ces dernières années, on a déjà eu l’occasion de croiser pas mal de fois du personnel administratif, infirmier ou médical au bord de la crise de nerfs tellement il était surchargé. Alors, on ne prétend pas que notre vécu d’usager occasionnel des structures hospitalières parisiennes est forcément représentatif. Peut-être n’étaient-ce que des coïncidences ou de la malchance. Mais si d’aventure notre expérience d’usager parisien moyen est globalement conforme à la situation régnant dans ce secteur, alors la capitale va au devant de gros problèmes.

L’autre jour, en effet, la ministre de la Santé a confirmé l’existence d’un « scénario » de restructuration de l’AP-HP, visant à de nouvelles coupes sombres dans ses effectifs. Cet organisme avait déjà subi une diminution de 700 postes en 2009. En 2010, seraient carrément supprimés 1150 postes supplémentaires d’infirmiers, aides-soignants, secrétaires médicaux et médecins. La direction de l’AP-HP assure qu’il s’agit simplement, sans le moins du monde toucher à la qualité des soins, de « réussir à faire aussi bien, mais avec moins d’emplois », grâce notamment aux réorganisations et aux meilleures coordinations entre établissements. De jour en jour, cependant, les patrons de services hospitaliers et d’hôpitaux parisiens – qui ne passent pourtant pas pour de dangereux révolutionnaires – montent au créneau. Tirent la sonnette d’alarme sur les conséquences concrètes de cette restructuration pour les patients. Voire menacent de claquer la porte. Ainsi, ce matin encore, dans le journal « La Croix », ce témoignage d’un chef du service à l’hôpital Trousseau, dans le douzième arrondissement. « Régulièrement, je retrouve des infirmières en pleurs dans le service. À cause de la charge de travail trop importante, elles ont peur de faire des erreurs et surtout elles se désespèrent (…) de ne plus (avoir) le temps d’assumer leur mission ».

Fondre en larmes au boulot et à cause de celui-ci. Ce n’est tout de même pas rien. Et cela ne doit pas être si rare dans les hôpitaux publics parisiens. Puisque, selon des syndicats, même si cela a été moins médiatisé qu’à France Télécom, ils ont eux aussi connu ces derniers mois plusieurs cas de suicides parmi les membres de leur personnel.

http://parislibre.lalibreblogs.be/archive/2009/11/18/une-reforme.html