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Amériques : Point (de départ) c’est la fonction que les États-Unis ont donné à leurs bases en Colombie.

Publie le jeudi 19 novembre 2009 par Open-Publishing

L’installation de 7 bases étasuniennes sur le sol colombien posent d’énormes problèmes a toute l’Amérique Latine.

La Colombie est décriée depuis plusieurs années par ses voisins pour l’impunité dont y jouissent les paramilitaires et les trafiquants de drogue, pour le nombre effarant d’assassinats politiques (syndicalistes, indigènes) qui y sont perpétrés (près de 60% des assassinats de syndicalistes dans le monde sont commis en Colombie !!). [Voir Ces syndicalistes assassinés qui hantent les transnationales]

Les USA sont fortement suspectés par la plupart des gouvernements progressistes latino américains de vouloir remettre la main sur le continent et ses ressources, quitte à y perpétrer de nouveaux massacres.

De nombreux espoirs étaient nés avec l’élection d’Obama, avec la signature de l’accord sur les base militaires en Colombie et la trahison faite au peuple hondurien, tous ces espoirs ont été détruits. Reste maintenant la méfiance et la crainte : Et si les États-Unis voulaient embraser à nouveau le cône sud ?

Tout porte à croire de Chávez n’est malheureusement pas paranoïaque avec son idée de futur déclaration de guerre de la part du géant du nord... le plus grand État terroriste au monde, le plus grand État voyou. Ne dit-on pas que l’art du Diable est de ne pas se faire reconnaître ?

Les documents du Pentagone ont été occultés pour la diffusion de seulement quelques réactions. Chávez parle d’une guerre, le Brésil propose une surveillance internationale de la frontière, Uribe s’engage à confiner en Colombie les forces aériennes nord-américaines … ce sont des distractions intentionnelles du problème.

Les objectifs que poursuivent les USA en Colombie sont dans "Stratégie sud-américaine. Livre Blanc, un Commandement de Mobilité Aérienne (AMC)" qui a été publié sur la page officielle du Commandement Sud et dans un document que le Département de la Force Aérienne a envoyé au Congrès étasunien. (1) Il ne peut y avoir de doutes sur ces derniers.

Dans ce rapport de la Force Aérienne des États-Unis il est affirmé :

La base militaire de Palanquero en Colombie "garantit l’opportunité de conduire des opérations … dans toute l’Amérique du Sud". Palanquero “nous donne une occasion unique pour les opérations de spectre complet dans une sous-région critique dans notre hémisphère, où la sécurité et la stabilité sont sous la menace constante des insurrections ... (et) des gouvernements anti-américains...". "Sa situation centrale assure la portée des aires d’opérations... dans la région... L’intention est ... d’améliorer la capacité des États-Unis à répondre rapidement à une crise et d’assurer un accès régional et une présence américaine... Palanquero aide la mission de mobilité parce qu’il garantit l’accès à tout le continent de l’Amérique du Sud à l’exception du cap Horn..." ... "... elle augmentera aussi notre capacité à conduire des opérations de renseignement, d’espionnage et de reconnaissance ... et augmentera nos capacités à réaliser une guerre expéditive."

Ces objectifs régionaux cadrent avec sa stratégie d’empire global. “Le Secrétaire de la Défense (Donald Rumsfeld) a postulé (en 2002) que les États-Unis devraient soutenir leur processus de transformation militaire en considérant que les guerres du XXIe Siècle requerraient une augmentation des opérations économiques, diplomatiques, financières, policières et de renseignement, que ce soit dans des opérations militaires ouvertes ou masquées ; ... la formation d’alliances où la mission à réaliser doit être celle qui détermine en dernier ressort la formation de la même(?) ; le développement d’actions préventives, en portant la guerre là où se trouve l’ennemi ; porter à la connaissance de l’ennemi que les États-Unis sont disposés à utiliser n’importe quel moyen et n’importe quelle fin pour le battre … ; l’importance que jouent les opérations de terre et celle accrue que jouent les campagnes aériennes ; et finalement, informer au pays ce que les États-Unis font.” (2)

En suivant cette politique, les États-Unis réalisent ses opérations de spectre complet en Amérique du Sud. L’installation de sept bases en Colombie ; la négociation de bases au Panama ; la campagne de discrédit contre le président Chávez ; l’appui diplomatique, économique, militaire, mediatique aux putschistes du Venezuela, de la Bolivie, du Nicaragua, du Honduras ; le financement des partis d’opposition dans les pays membres de l’ALBA ; le blocus et la tentative de déstabilisation à Cuba ; la participation dans les coups d’état qui sont blanchis peu après avec des élections manipulées, comme c’était planifié en Venezuela avec le putsch de 2002 et mis en place maintenant au Honduras ; l’infiltration de paramilitaires colombiens au Venezuela ; l’alliance avec hommes politiques narcoparamilitaires ...

Cette finalité évidente est dénoncée avec force par des gouvernements latino-américains résolus.

Le président Chávez est très clair. Les bases représentent une menace pour toute la région et directement pour le Venezuela. "Ce sont de bases de renseignement, en premier lieu d’espionnage, depuis lesquelles ils vont planifier des invasions, des bombardements, ils vont planifier des actes de guerre jusque dans notre nez, ils vont les planifier ici, à côté, comme bombarder Caracas, comme lancer leurs bombes sur des points névralgiques vénézuéliens, sur les raffineries, sur les lignes électriques (...) sur le barrage du Guri, sur les postes de commandement des Forces Armées, ils vont planifier la manière dont ils vont neutraliser nos avions de combat", a-t-il fait remarquer et il a appelé les militaires et les civils à se préparer à une guerre.

Le président Evo Morales repousse les bases de l’empire en Colombie parce qu’il dit qu’elles sont là pour contrôler, pour abattre les gouvernements démocratiques et pour piller les ressources naturelles de l’Amérique Latine. En Bolivie il y a des réserves de gaz pour 150 ans, de fer pour 85 ans et peut-être de lithium. Devant le danger, Morales a ordonné l’achat d’armes à la Russie.

Le président Daniel Ortega du Nicaragua soutient que les bases sont des enclaves guerrières qui menacent tous les peuples du continent. Il a rappelé que la présence américaine à Palmerola, Honduras, leur a servi pour faire la guerre au Nicaragua dans les années 80, c’est également cette base qu’ils ont utilisée pour la séquestration du président Manuel Zelaya.

Fidel Castro écrit que l’accord signé par Uribe équivaut à l’annexion de la Colombie par les États-Unis, c’est une menace pour les pays de l’Amérique Centrale et de l’Amérique du Sud et prétend qu’ils envoient les colombiens lutter contre leurs frères bolivariens et contre l’ALBA.

En revanche l’Équateur et le Brésil ne considèrent pas les documents officiels nord-américains.

Le Parlement de l’Équateur est contre l’installation des bases mais il demande faiblement aux USA la garantie de ne pas utiliser ses forces contre d’autres nations de la région. Le Ministre de la Défense équatiorienne, titulaire du Conseil de Défense de l’Unasur, veut que cet organisme insiste pour demander un sommet avec Obama afin qu’il explique la présence de ses troupes dans les sept bases.

Le président du Brésil déclare qu’il a confiance en la parole d’Uribe et d’Obama s’ils garantissent que les opérations conduites depuis les bases le sont seulement pour régler des problèmes internes à la Colombie.

D’autres gouvernements régionaux préfèrent plutôt garder le silence.

Les gens qui manient le pouvoir aux États-Unis savent que la crise structurelle du capitalisme signifie la destruction de l’actuel ordre mondial et se préparent à contrôler pour leur profit les ressources de la Terre. Les sept bases US en Colombie font partie de cet objectif.

Mais l’histoire ne s’arrête pas et il y a des gouvernements et les peuples disposés à s’opposer, comme le font aujourd’hui en dehors de la région, les irakiens, afghans, pakistanais, les palestiniens, ou les iraniens, pour construire le monde autrement.

Rómulo Pardo Silva (envoyé spécial pour ARGENPRESS.info)

1) Programme de Construction Militaire. 2010. Budget. Données de Justification remises au Congrès. Mai 2009. Voir Eva Golinger http://www.centrodealerta.org/documentos_desclasificados/traduccion_del_documento_de.pdf

2) Voir Alejandro Torres Rivera http://www.rebelion.org/noticia.php?id=95210

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