Accueil > Des dizaines de milliers de manifestants défilent à Rome pour "les deux (...)

Des dizaines de milliers de manifestants défilent à Rome pour "les deux Simona", otages en Irak

Publie le samedi 11 septembre 2004 par Open-Publishing


De Salvatore Aloïse

A l’expiration de l’ultimatum - non authentifié - des ravisseurs, le
gouvernement
italien multiplie les initiatives pour obtenir la libération des deux membres
d’une ONG


Rome : Des dizaines de milliers de personnes, 80 000 selon les organisateurs,
ont participé, vendredi soir 10 septembre, à Rome, à une retraite silencieuse
aux flambeaux pour réclamer la libération des Italiennes Simona Pari et Simona
Toretta, prises en otage en Irak trois jours plus tôt.

Le défilé, organisé par l’association humanitaire Un pont pour Bagdad, pour laquelle travaillaient "les deux Simona"comme on les appelle ici, s’ouvrait par une banderole portant l’inscription "Libérez la paix". Les participants se sont dispersés devant le siège de l’ONG.

La communauté musulmane d’Italie n’est pas en reste de la solidarité nationale témoignée aux deux compatriotes. Après l’appel lancé, dès le lendemain de l’enlèvement, par les Irakiens d’Italie exhortant les ravisseurs à "libérer nos sœurs italiennes", plusieurs personnalités musulmanes ont saisi l’occasion de la prière du vendredi pour enregistrer, dans la grande mosquée de Rome, une "supplique" pour la libération des deux jeunes femmes. Cette "supplique" sera diffusée sur des télévisions arabes. "Ces actes nuisent au peuple irakien et sont contraires à l’islam", a notamment déclaré l’imam Jawad Al-Khalissi. Les associations musulmanes ont, par ailleurs, été reçues par le chef de l’Etat, Carlo Azeglio Ciampi, et ont signé un "vibrant appel" pour la libération des deux otages. Intervenant dans la soirée sur les chaînes de télévision publiques, M. Ciampi a rappelé "l’amitié qui lie l’Italie aux pays musulmans" et l’engagement, en Irak, des deux jeunes volontaires, "poussées par un élan de solidarité". "Nous attendons avec anxiété leur libération. Tout le peuple italien l’attend", a-t-il dit.

MESSAGE "PEU CRÉDIBLE"

Quelques heures plus tôt, un groupe s’identifiant comme Ansar Al-Zawahiri (les partisans d’Al-Zawahiri, le bras droit de Ben Laden), avait adressé un ultimatum aux autorités italiennes. Dans un message diffusé sur un site Internet islamiste, il a réclamé "la libération des musulmanes emprisonnées en Irak en échange d’informations sur le sort des otages" et affirmé que faute de réponse sous vingt-quatre heures, "le peuple italien ne connaîtra jamais le sort réservé" aux deux humanitaires italiennes. L’Italie est prête à s’engager pour "obtenir la sortie de prison" de quiconque y est détenu injustement en Irak, a indiqué la présidence du conseil italienne dans un communiqué publié dans la soirée. Tout en soulignant son respect pour le retour à la pleine autonomie de la justice irakienne, le texte ajoute que l’Italie s’employait "depuis longtemps" à faire en sorte que toutes les personnes détenues arbitrairement dans l’ancienne Mésopotamie soient libérées, et continuera de s’y employer.

A Bagdad, peu avant la publication du communiqué italien, le gouvernement intérimaire irakien avait rappelé que "seuls les juges irakiens, et non les terroristes, décident du sort des détenus".

Vendredi, également, la société Net4all, basée à Lausanne et fournisseur d’accès au site Internet sur lequel a été diffusé le message attribué aux ravisseurs, a annoncé la fermeture du site "consécutivement aux plaintes des internautes et en raison de risques d’attaques du serveur qui auraient touché tous les clients". Selon la presse suisse, le responsable du site est un Tunisien proche de la mouvance islamiste. En Italie, des experts ont jugé "peu crédible"le message attribué aux ravisseurs.

Leurs doutes sont partagés par le président intérimaire irakien Ghazi Al-Yaouar, qui, en visite à Rome vendredi dans le cadre d’une tournée européenne, s’est par ailleurs dit résolu à faire le maximum pour parvenir à une issue positive dans l’affaire de l’enlèvement des deux Italiennes. Plusieurs journaux s’étaient interrogés sur l’opportunité de cette visite qui risquerait, dans les circonstances actuelles, d’avoir des répercussions négatives sur le sort des otages, dans la mesure où le gouvernement intérimaire irakien est lui-même l’une des cibles des terroristes.

A l’issu de sa rencontre avec M. Al-Yaouar, le président du conseil, Silvio Berlusconi, a réaffirmé la détermination de son pays à rester aux côtés du peuple irakien. Accusé de passivité lors de l’enlèvement du journaliste indépendant Enzo Baldoni - qui a été assassiné par ses ravisseurs -, le gouvernement multiplie aujourd’hui ses efforts pour obtenir la solidarité des pays arabes et des responsables musulmans.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-378721,0.html