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Une journée noire

Publie le lundi 23 novembre 2009 par Open-Publishing

Par A. E.

Ce 15 novembre sera célébrée au Maroc la Journée nationale de l’information. Si la presse indépendante et les militants des droits de l’homme dénoncent les procès intentés contre les journalistes, le régime, à travers ses organes de propagande, préfère célébrer la Journée dans une ambiance festive.

Une pluie de condamnations contre les journalistes en 2009 ? Peu importe. Cette année encore, le ministère de l’Information et le Syndicat national de la presse marocaine célèbrent, malgré tout, la Journée nationale de l’information, programmée le 15 novembre. Au menu des festivités, des prix et des spectacles. Auparavant, le vendredi 13 novembre, Khalid Naciri doit présider la cérémonie de remise du Grand prix national de la presse. Le lendemain, le syndicat des journalistes prévoit une soirée artistique au théâtre Mohammed V de Rabat, au son de la musique andalouse. Les télévisions et la presse officielles seront de la partie. Pis encore, le Parti authenticité et modernité (PAM) a pour sa part décidé d’organiser une journée d’étude réunissant plusieurs groupes parlementaires de l’opposition et de la majorité, pour un « débat sur la liberté de la presse et la pratique journalistique au Maroc ». Selon Hakim Benchemass, secrétaire général-adjoint du PAM, il s’agit de « clarifier la relation entre liberté et responsabilité dans la pratique de la profession ».

Une thèse défendue par le ministère de l’Information et le Syndicat des journalistes. Pour la presse indépendante, le débat devrait aussi concerner l’attitude de l’Etat à son encontre. « Si nous sommes des voyous, une justice est là pour remettre les choses à leur place. Mais que l’Etat se comporte de la sorte, ceci est inacceptable », tonne Taoufiq Bouachrine, directeur de publication du quotidien scellé Akhbar Al Youm, qui dénonce la fermeture des locaux de sa publication sans aucune décision judiciaire préalable. Un débat sur le droit d’accès à l’information et le respect des lois, aussi iniques soient-elles, s’impose également. « Les médias publics sont les premiers à ne pas respecter la déontologie. C’est une grave atteinte au droit à l’information des Marocains. Mais à ce niveau, personne n’en parle », ajoute Taoufiq Bouachrine.

Mardi 10 novembre, la Cour d’appel de la ville de Salé a confirmé le jugement prononcé en Première instance contre les journalistes de l’hebdomadaire Al Michaâl. Une année de prison ferme, et une amende de 10 000 dirhams, pour le directeur de publication Idriss Chahtane. Trois mois de prison ferme et une amende de 5 000 dirhams, pour les deux journalistes de la même publication, Mustapha Hayrane et Rachid Mahamid. Ceci en attendant les appels contre les deux quotidiens arabophones Akhbar Al Youm et Al Jarida Al Oula, et l’aboutissement de l’affaire du Journal hebdomadaire qui risque la fermeture à cause d’une amende de trois millions de dirhams.

L’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme), de son côté, compte bien célébrer la Journée nationale de l’information. A sa manière, bien sûr. Le bureau central de l’association dénonce, dans un communiqué diffusé le jeudi 12 novembre 2009, « les procès intentés contre les journalistes et le revirement dangereux du makhzen durant l’année 2009 ». L’AMDH appelle à un sit-in devant le Parlement le lundi 16 novembre, tout en rappelant la dégringolade du Maroc dans les rangs du classement de l’ONG Reporters sans frontières (RSF). Selon cette dernière, le Maroc est passé de la 106e place en 2008, à la 127è en 2009. Mais tout ceci ne semble pas préoccuper le régime…

Le Journal Hebdomadaire