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Vélib’ change de braquet

Publie le lundi 23 novembre 2009 par Open-Publishing

de Catherine Balle

La lune de miel est terminée, place au mariage de raison. Deux ans et demi après avoir signé un contrat de dix ans, la Ville et JCDecaux ont renégocié âprement les termes de leur accord. Les modifications au contrat seront discutées ce matin au Conseil de Paris. En coulisses, elles ont fait l’objet d’un bras de fer entre les deux parties depuis plus d’un an.

Un contrat initial trop « théorique ». De l’aveu de JCDecaux comme de celui de la Ville, lors de la signature du contrat en février 2007, certaines données étaient « impossibles à prévoir ». Ainsi, en raison du succès de Vélib’, 196 stations se sont révélées trop petites et ont dû être étendues. Au d’appels, JCDecaux a dû embaucher plus d’une quinzaine de personnes supplémentaires. Pour compenser ces dépenses, la Ville va verser 2,6 millions d’euros à JCDecaux.

La mauvaise « surprise » du vandalisme. Vélos tordus, cassés, taggués, plongés dans la Seine ou dérobés… Depuis leur installation, les Vélib’ souffrent. JCDecaux comptait, cet été, 8 000 vélos volés et plus de 18 000 abîmés. « En deux ans, le vandalisme nous a coûté 8,5 millions d’euros », révèle Albert Asseraf, directeur général Stratégie, études et marketing de JCDecaux. Un coût qu’il ne pouvait pas imaginer « car il n’y a aucun programme comparable à Vélib’ dans le monde ». Le « nouveau » contrat prévoit donc que la Ville rembourse 400 € par Vélib’ vandalisé dès lors que 4 % du parc de vélos est touché, et jusqu’à ce que 25 % du parc le soit (un précédent texte limitait ce remboursement à 20 % du parc). Le vandalisme pourrait coûter, à la mairie, jusqu’à 1,6 million d’euros par an.

Un service à améliorer. Les utilisateurs déplorent l’usure de ces vélos ou le fait qu’il est difficile d’en trouver sur les hauteurs de , mais aussi le temps d’attente au centre d’appels de JCDecaux. Récemment, des usagers ont mis plus d’un mois à obtenir le renouvellement de leur abonnement… La Ville exige donc un délai de réponse moyen de 2 minutes au téléphone et de 15 jours par courrier. « On va titulariser les personnes qui sont en CDD dans notre centre d’appels », promet Albert Asseraf.

La Ville va céder une partie de ses recettes. Pour améliorer le service de Vélib’, la Ville croit avoir trouvé la solution : il faut que JCDecaux ait intérêt financièrement à ce que l’utilisation de ses vélos augmente. Alors que le contrat de 2007 stipulait que la Ville toucherait l’intégralité des recettes de location (en échange de l’exploitation de 1 600 panneaux publicitaires), le nouveau contrat propose qu’entre 14 millions et 17,5 millions d’euros, JCDecaux perçoive 35 % de la recette marginale et, qu’au-delà, le groupe en reçoive 50 %.

Un divorce impossible. Selon certaines rumeurs, JCDecaux aurait menacé Delanoë de cesser Vélib’ s’il n’acceptait pas les nouvelles conditions du contrat. Tandis que JCDecaux nie, à la Ville, on se contente de souligner qu’aucune des deux parties n’a intérêt à ce que Vélib’ s’arrête. Les deux y jouent leur image et JCDecaux ne peut pas se passer des panneaux publicitaires parisiens. « On détient tous les deux la bombe nucléaire », résume-t-on à la mairie.

La Ville veut plus de transparence. Jusqu’à présent, la Ville ne disposait pas des informations de JCDecaux. Désormais, elle exige d’avoir accès aux données de location en temps réel. Sur le vandalisme, JCDecaux devra effectuer un rapport trimestriel et s’expliquer chaque mois. La Ville et JCDecaux poursuivent leur relation… Mais, désormais, ils devront tout se dire.

http://www.leparisien.fr/paris-75/velib-change-de-braquet-23-11-2009-721055.php