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La sous-traitance de la torture

Publie le lundi 13 septembre 2004 par Open-Publishing

par Zouhair Yahyaoui

Même si la mondialisation demeurera toujours une notion vide de sens, ses effets pervers comme le chômage, la pauvreté... et surtout le terrorisme ne sont plus à démontrer et crèvent l’oeil de tout observateur, même le moins averti.

Dernière trouvaille des ténors de la globalisation, la délocalisation de la torture et des procès verbaux musclés vers les pays sous-développés. Le coup bas de la main d’œuvre locale, l’absence de toute contrainte juridique ou éthique et la marginalisation des défenseurs locaux des droits humains ne peuvent qu’encourager de tels choix stratégiques.

Les pays occidentaux affichent désormais une hypocrisie manifeste dans leur soi-disant lutte contre la torture et les traitements dégradants endurés par les ressortissants des dictatures, en effet ils soulèvent un tollé médiatique quand leurs intérêts sont en jeu et bandent les yeux et font semblant de ne rien entendre chaque fois q ! ue les victimes de la torture sont soupçonnés de terrorisme ou tout simplement d’appartenance à des groupes islamistes.

Ce comportement irresponsable ne peut qu’encourager les dictatures à faire un usage plus étendu de la torture en usant à chaque fois d’un prétexte facile, devenu incontournable depuis le 11 septembre 2004, la guerre internationale contre le terrorisme. Des populations entières du tiers monde sont sacrifiées à l’autel de la sacro-sainte guerre contre le terrorisme.

Ce constat n’est pas un postulat mais une réalité bien amère que j’ai vécue personnellement lors de mes interrogatoires à la brigade de lutte contre le terrorisme et dont je garde des séquelles indélébiles jusqu’à présent.

Salem Zirda (Expulsé des USA), Belgacem Naouar (l’oncle du Kamikaze de Djerba)... et les internautes de Zarzis ont subis au nom de cette lutte sacrée au terrorisme les plus pires des traitements que peut endurer le corps d’un être humain et surtout sa dignité et il ! est temps que les démocraties occidentales abandonnent cette politique de « deux poids, deux mesures » incompatible avec la défense et la promotion de la culture des droits de l’homme.

Les acolytes des despotes et les pourvoyeurs de fonds des tyrannies doivent se résigner au fait que la terreur ne peut procréer qu’une terreur encore plus brutale et qu’une dictature, maintenue artificiellement et perfidement en vie, n’est rien d’autre qu’un terrain fertile pour la prolifération d’un terrorisme encore plus ravageur.

http://tounes.naros.info/article.php3?id_article=192