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Tariq Ramadan : Simona et Simona, des prises d’otages et des chantages à condamner sans condition

Publie le lundi 13 septembre 2004 par Open-Publishing

de Tariq Ramadan

Simona Pari et Simona Torretta
Des prises d’otages et des chantages à condamner sans condition

Elles étaient venues pour soutenir le peuple irakien, pour protéger sa population au cœur d’une guerre à laquelle elles s’étaient opposées. Elles ne voulaient ni protection ni arme. Elles se battaient pour la dignité humaine de tous et de chacun, des Irakiens, des Italiens et de tous les êtres humains. Simona Pari et Simona Torretta ont notre respect et notre reconnaissance pour leur courage et leur engagement humain.

Dans le chaos et l’enfer irakiens, tout semble désormais permis et justifié : des organisations et des groupes utilisent la référence islamique pour prendre en otage, maltraiter et tuer des femmes et des hommes innocents. Nous ne pouvons rester silencieux.

Il faut dire et répéter ici que l’islam et les musulmans, à l’unanimité des écoles de droit et de pensée, condamne ces prises d’otages, ces chantages et ces ultimatums. Les organisations islamiques d’Italie ont appelé à une libération immédiate et sans conditions des deux volontaires ainsi que de tous les otages séquestrés en Irak. Il faut que les preneurs d’otages entendent que les musulmans du monde refusent de voir leur religion instrumentalisée et condamnent leurs ignobles actions.

Citoyens d’Occident, musulmans, juifs, chrétiens, bouddhistes, agnostiques, athées, etc. nous devons ensemble refuser les amalgames entre ceux qui disent agir au nom de l’islam (en prenant en otages des femmes et des hommes) et les musulmans du monde qui condamnent leurs agissements et le terrorisme. Citoyen suisse, j’écrivais en 1997 déjà, à la suite des attentats de Luxor contre des touristes, une « Lettre ouverte d’un Suisse musulman à ses concitoyens » où j’exprimais ma condamnation, ma tristesse, mais surtout la nécessité de distinguer entre les musulmans et les extrémistes et l’urgence d’entamer un dialogue. Il le fallait... il le faut aujourd’hui davantage encore.

C’est ensemble que nous gagnerons notre combat contre l’extrémisme, l’intolérance et la folie meurtrière des hommes : au-delà des condamnations nécessaires, c’est par le dialogue et l’engagement commun des femmes et des hommes de bonne volonté que la confrontation entre les deux univers occidental et islamique pourra être évitée. C’est ici, en Occident, que nous devons montrer que nous sommes capables de nous parler, de nous comprendre et d’agir ensemble en faisant disparaître les suspicions et les enfermements intellectuels. En terre démocratique, notre responsabilité est immense : si nous sommes incapables de condamner ensemble, de dialoguer et de construire en partenaires un avenir meilleur, nous donnons implicitement crédit à celles et ceux qui ne conçoivent de solution que par la guerre.

Par leur engagement Simona Pari et Simona Torretta sont des exemples. Nous demandons leur libération immédiate ainsi que celle de tous les otages en appelant nos concitoyens européens à s’engager au plus vite dans le dialogue et la connaissance mutuelle avec l’immense majorité des musulmans qui refusent la terreur, la violence aveugle et le meurtre des enfants.