Accueil > Régionales 2010 : mais à quoi joue le Parti Communiste Français ?

Régionales 2010 : mais à quoi joue le Parti Communiste Français ?

Publie le samedi 5 décembre 2009 par Open-Publishing
7 commentaires

Les conférences régionales du PC puis les adhérents communistes eux-mêmes se sont prononcés sur le type de liste qu’ils entendent présenter au premier tour des prochaines élections régionales.

Si dans la plupart des cas, le PC ira à la bataille sous l’égide de listes Front de gauche, dans cinq régions il fera cependant liste commune avec le PS dès le premier tour.

Un choix « à la carte » en quelque sorte, fait surtout en fonction de la configuration électorale de chaque territoire et destiné à sauvegarder le plus grand nombre de ses conseillers régionaux sortants…

A l’issue des trois jours consacrés à la consultation des militants, 43 835 communistes (63,13% des inscrits) ont déposé un bulletin dans l’urne.

Dans la plupart des cas le choix fait par les conférences régionales ont été confirmé par les militants : dans 17 régions, le PC ira à la bataille au premier tour sous l’égide de listes Front de gauche avec le Parti de Gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon et La Gauche Unitaire (GU) de Christian Picquet.

Mais dans cinq régions, ils se sont prononcés pour une alliance avec les socialistes dès le premier tour : Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Champagne-Ardenne et Lorraine.

Par ailleurs, la situation est pour le moins confuse dans certains endroits. Ainsi, en Languedoc-Roussillon, le 21 novembre dernier, les adhérents du PC décidaient à 87 % de présenter une liste Front de Gauche, face à la liste UMP menée par Raymond Couderc et à celle dirigée par Georges Frêche. Mais mardi 24 novembre, la presse locale informait que les instances fédérales du Parti Socialiste avaient décidé de mettre Jean-Claude Gayssot en 5ème position sur la liste de G. Frêche !

En Ile-de-France, le maire PCF de Sevran (Seine-Saint-Denis) Stéphane Gatignon annonce qu’il sera candidat aux élections régionales sur la liste d’Europe Ecologie. A la question de savoir s’il quitte le parti communiste, il déclare : "C’est plutôt le parti qui m’a quitté. Mais je reste communiste" !

Dans la région Poitou-Charentes, région d’importance car la présidente sortante est Ségolène Royal, les adhérents du PC ont désavoué le choix d’alliance avec le PS dès le premier tour fait par la conférence régionale et les élus communistes sortants !

Finalement, en décidant de ne pas choisir une stratégie claire dans toutes les régions, la direction du parti de la place du Colonel Fabien, brouille fortement le message initial du Front de Gauche, déjà expérimenté, avec un certain succès, lors des dernières élections européennes. Ce manque de cohérence est d’autant plus dommageable que depuis la création du Front de Gauche et du NPA, il apparaît évident que si les partis à gauche du PS s’unissaient, le paysage politique à gauche en sortirait grandement modifié. L’exemple de Die Linke en Allemagne plaide en ce sens.

Dans un cas (listes du FdG), le PC risque de perdre des élus, ne serait-ce parce que les places éligibles doivent être partagées avec les autres formations constituant le FdG. Ce n’est pas rien puisque économiquement, le PC est en très grande difficulté sans la manne de ses élus de terrain.

Mais en rompant avec le PS, il fait aussi un choix politique d’importance : celui de renouer avec sa propre histoire et avec le terrain d’une certaine radicalité, terrain occupé plutôt par le NPA et Lutte Ouvrière. Ce choix peut s’avérer gagnant au final car le Front de gauche avait déjà fait un score relativement satisfaisant, dans la plupart des régions aux dernières élections européennes ; la barre des 5% étant indispensable pour pouvoir fusionner au second tour avec le PS et Europe-Ecologie.

Dans l’autre cas (listes PC/PS au premier tour), le parti de M.G. Buffet peut espérer également garder nombre de ses élus, avec l’argument de pouvoir influencer les décisions des majorités régionales. Bien que jusqu’ici, cela n’a joué qu’à la marge et sur des sujets annexes, le PC peut conserver une certaine influence locale.

Cependant, en jouant ainsi sur les deux tableaux, le PC rebute tout à la fois le PG, le PS et le NPA.

Cette stratégie multi-facettes fait voler en éclat le Front de Gauche avant même le premier tour dans 5 régions et 19 départements ! Son principal partenaire, le PG va se retrouver isolé et devra sans doute passer des alliances avec d’autres formations, notamment le NPA, pour espérer dépasser la barre des 5%.

Plusieurs personnalités du PS dont Ségolène Royal et François Hollande ont critiqué sévèrement la stratégie d’autonomie du PC et du FdG dans une majorité de régions. En effet, le PS sans liste d’union de toute la gauche dès le premier tour, risque de céder la première place à Europe-Ecologie et perdre ainsi la présidence dans certaines régions, notamment la région parisienne, ce qui ferait l’effet d’une véritable bombe !

Quant au NPA, il condamne lui aussi cette stratégie « à la carte ». Jean-François Grond, numéro 2 du NPA le reconnaît sans détour : « Pourquoi y aurait-il des accords à la carte ? Cela voudrait dire qu’il pourrait y avoir des programmes politiques à la carte ? Il faudrait faire une différence entre le Nord et l’Auvergne par exemple ? On pourrait être contre les subventions versées aux entreprises qui licencient dans certaines régions et pas dans d’autres ? ».

Mais tout dépend finalement du Parti Communiste, car autre paradoxe, s’il est plus faible que jamais au niveau électoral, aucune alliance de poids ne peut se faire sans lui au sein de l’autre gauche. Son passé, le nombre de ses militants, ses réseaux pèsent encore lourd, au moins localement.

Pour l’instant, cette stratégie "à la carte" lui semble le plus sûr moyen de conserver un grand nombre de ses 185 élus régionaux sortants et de stopper, grâce au FdG, sa dégringolade électorale qui a atteint son point culminant à la dernière élection présidentielle avec 1,93% des voix.

Le pari est cependant hasardeux car le PC semble arrivé à l’extrême limite de ses grands écarts. Au niveau régional, on assiste à des petites combines d’alliances selon les opportunités qui se présentent. Au niveau national en continuant à s’allier à un PS traditionnellement de gauche dans l’opposition et démocrate-libéral quand il exerce le pouvoir, la ligne idéologique du PC devient complètement illisible…

Photo Flickr-cc : Marie-George Buffet par idf-fotos (http://www.flickr.com/photos/idf-fotos/1418626920/)

 by Réformer aujourd’hui
 http://reformeraujourdhui.blogspot.com/

Messages

  • non seulement le PC n’est pas clair, mais il ne sait pas ou il va, il essai de faire des calculs pour garder le maximum d’élus.Pour cela il est obligé de faire le grand écart, et s’il faut aller aux exécutifs avec le modem dans certaine région, il ira si c’est son intérêt.Le PC est mort cliniquement mais il ne veut pas que l’on débranche les perfusions !

    Si ce weekend le NPA vote pour l’union , c’est la catastrophe pour le PC, il lui faudra trouver le moyen de l’en empêcher, le NPA risque de le mettre devant ces contradictions lorsqu’il faudra définir un programme.Comme Sarkozy parle d’immigration avant chaque election, la seule chose que propose le PC au NPA est chaque foi : les excecutifs. Sarko comme le PC n’aime pas que l’on parle idée, programme ou ......bilan !

    Peut-etre que toutes ces combines vont faire réagir les militants communistes qui finiront par elire une nouvelle direction capable de redonner une âme à ce parti.

    • C’est ce que nous faisons tous les jours sans les conseils de qui que ce soit . Notre stratégie est la bonne : Union de tous les révolutionnaires ou qu’ils se trouvent . Il faut éliminer L’ UMP-PS du paysage politique français par tous les moyens à notre disposition . Le Front de gauche ne peut être simplement un front électoral , il doit devenir un front économique et social permanent pour construire la nouvelle socièté alternative au capitalisme . Les camarades qui polarisent sur quelques dirigeants communistes leur réflexion ne voient pas ce qui se passe dans le pays : le rejet de toutes les nomenklaturas qui ont mené le pays à la ruine .

      L’anticommunisme de gauche ne sert pas les travailleurs qui se rendent compte que l’affaiblissement du mouvement communiste dans les pays occidentaux les a amené au chômage, à la pauvreté , à une vie sans perspective pour la jeunesse .
      L’affaiblissement momentané de l’idée communiste a été le fait d’un compromis avec les valets du capital suite à la seconde guerre mondiale : pause des luttes dans les années d’après guerre, collaboration avec la social-démocratie , bureaucratisation des apparatchiks donneurs de leçons , patronat paternaliste jusqu’aux années 80 . Aujourd’hui tout est différent car nous sommes au bord du précipice et les salariés se posent la question tous les jours : "vais-je être licencié demain ?

      Le Communisme redevient une nécessité pour les citoyens-salariés-chômeurs-précaires -sdf ....

      Ne faisons pas la fine bouche,prenons le pouvoir partout sans apparatchiks , c’est notre raison d’être . Il n’y a pas de sauveur suprême ....

      bernard SARTON, section d’Aubagne

  • Le NPA accepte l’unité depuis longtemps, mais c’est vrai, pas pour nourrir les patrons.

    C’est usant de voir des gens raconter des choses qui ne sont pas comme des arracheurs de dents ou sortir des fantasmes.

    La seule chance pour le PC serait de faire + de 10%, mais ça ne garantit pas qu’ils fassent alliance quand même avec les libéraux.

    En ce moment a lieu un vote dans le NPA sur les questions d’alliance entre 3 textes là dessus (et démocratiquement).

    Toutes les positions recensées au NPA sont pour des alliances, avec des vues très différentes sur la façon de les mener et sur quels objectifs.

    Un des trois textes estime que le PCF a répondu non depuis un moment à toute alliance en indiquant à la presse, début novembre, qu’il n’était pas question de s’allier avec un parti qui n’irait pas aux exécutifs avec eux.

    En indiquant cela, le PCF indique son choix. Donc continuité de la gauche plurielle avec les libéraux.

    Le texte le plus à gauche dans le NPA sosu-entend qu’une vraie politique d’unité se situe essentiellement sur un autre terrain que le terrain électoraliste et que des alliances électorales n’en seraient que conséquences subalternes s’insérant dans cette politique.

    Je pense qu’ils sont dans le vrai là.

    Malgré les cartes abaissées du PCF, le NPA a continué de faire des contorsions pour maintenir sur la chaise des nomenclaturistes qui voulaient se précipiter vers les coussins moelleux avec les libéraux.

    Le NPA s’est plié, a joué de l’élastique, aller au delà , cela eut été que Besancenot fasse un strip et serve le café à ces braves gens.

    Et cela a provoqué des coups de gueule dans le NPA de voir que ce parti se fait chier avec des gens qui ne veulent pas cesser de continuer avec les libéraux.

    Voila où on est est.

    Pour ce qui est des militants communistes du PCF, ce seront les premiers baisés des politiques en faveur des patrons menées par les coalitions avec le PS, du moins pour ceux qui bossent.

    Il n’y a pas beaucoup de cocos du PC qui ont eu les tripes de se battre pour une unité avec le NPA sans aller rouler à nouveau des patins avec ceux qui ne cessent pas de gérer en faveur des patrons.

    Dans le NPA il n’y a que cela, et vu le peu de respect témoigné par le PC de cela, on s’interroge du jeu mené.

    Il pouvait y avoir une alliance électorale permettant d’avoir des élus sur de bonnes bases, permettant de soutenir ce qui fait avancer et de voter contre les saloperies .

    Le PCF n’a pas voulu, il refuse méthodiquement les engagements précis, tout est creux, sauf un truc précis : Aller aux exécutifs.

    Ce n’est pas être élus dans des régions qu’il désire et mener cette politique indépendante mais de gérer avec les libéraux les régions.

    Avoir des postes, il n’y a aucune autre hypothèse car on voit mal, avec rien qui montre que le PC ait changé là dessus et un PS ayant encore plus viré à droite qu’avant, ce que peut bien signifier comme utilité d’aller pieuter dans le même lit que les libéraux.

    * Précisions ce sont les élus régionaux qui élisent un président et celui nomme (et vire) l’exécutif (comme sarko avec le gouvernement).

    C’est ce qui est arrivé dans des régions, même dans une certaine région au PS quand a eut lieu un désaccord entre le président de région socialo et un autre socialo, ce deuxième s’est fait sortir de l’exécutif en un rien de temps.

    Aller à l’exécutif c’est forcement se soumettre au président de région (et c’est qui ???) . La seule façon de n’être pas tenu et pouvoir intervenir est de ne pas être dans cette clique libérale au pouvoir dans les régions.

    Ce qui montre que là comme ailleurs la petite gauche soit disant anti-libérale ou soit disant radicale (radis-cale ?) ne comprend rien du problème posé par les institutions et comment on peut éventuellement intervenir là dedans.

    Et pour intervenir il faut savoir d’abord que ça ne se joue pas là, mais dans la capacité d’avoir un mouvement puissant et indépendant extérieur aux institutions.
    et se concentrer d’abord là dessus, paradoxalement meilleur moyen par ailleurs pour avoir des élus...

    Mais c’est un autre débat.

  • La gauche a déjà été majoritaire et on a vu le minois d’un certain Le Pen apparaitre un certain soir de 1er tour à la télé.

    Ce qui indique qu’il y a des unités qui ne font que préparer l’arrivée de droites extrêmes ou des extrêmes-droites.

    C’est donc qu’il faut un peu se poser la question des contenus et du rapport entretenu aux élections.

    Ca c’est pour le fond (mais ça ne sert pas à grand chose : un réverbère allumé attire toujours les papillons qui le prennent pour le soleil).

    Sur la forme, Bellaciao permet à des gens de se prononcer, ça ne représente pas forcement leurs positions.

    Détail du détail, c’est bien que le PC interroge ses militants comme le fait en ce moment le NPA sur ces questions

  • "Régionales 2010 : mais à quoi joue le Parti Communiste Français ?"

    A sauver ces élus. Vous vous attendiez à quoi ?

  • On pourrait ajouter : à quoi joue le parti de gauche ? Si le pc est a geometrie electorale variable, son partenaire du f g ne l est pas moins ! Quitter le ps en rupture avec le social liberalisme pour entendre melenchon proposer quelques mois plus tard un accord au liberal cohnbendit , cherchez la coherence ?Accepter (alors qu il le refusait ) que le pc s allie avec le ps dans plusieurs regions au 1er tour quelle confusion ! Non ,décidement ce n est pas du cote d un front de gauche eclate au 1er tour qu il faut chercher l alternative au ps et a sarkozy ! les anticapitalistes du npa seront presents seuls ou dans plusieurs regions avec le pg ou les alternatifs !

  • Pour le militant engagé au P.G. dès novembre 2008, l’attente était la constitution d’un Front de Gauche réunissant PC + PG + NPA + Verts de gauche ...etc afin de créer une dynamique unitaire, une force incontournable capable de faire entendre aux socio-libéraux du PS que l’avenir n’était pas vers le libéralisme.

    A cette époque on pouvait supposer que les 40 % de militants PS qui avaient rejeté en 2005 le TCE d’essence giscardienne, aidés par cette forte union à leur gauche, retrouveraient les voies d’une réelle social démocratie remettant à leur place les services publics, le pouvoir d’achat des ouvriers et des employés, l’abrogation du bouclier fiscal ...etc.

    On en est loin et les palinodies fort bien décrites dans l’article ci-dessus n’annoncent pas les avancées attendues.

    C’est désespérant et on s’en souviendra !