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Le spectre des barrages routiers

Publie le mardi 8 décembre 2009 par Open-Publishing
1 commentaire

De Bernard Delattre
Correspondant permanent à Paris
Mis en ligne le 08/12/2009

Le pays paralysé pendant les fêtes de fin d’année ? On s’active pour éviter le pire.

Il y a un gros risque que les Français ne puissent avoir dans leur assiette les produits frais traditionnels des fêtes, comme les huîtres, le foie gras, la dinde ou le saumon". Dans ce pays de gastronomie que la France a toujours été, et qu’elle tente de rester y compris en ces temps de crise, cet avertissement récent de l’Union du transport frigorifique n’est pas passé inaperçu.

Lundi, au ministère des Transports, une réunion présentée comme étant celle "de la dernière chance" a réuni syndicats et employeurs du secteur du transport routier. L’objectif était d’éviter qu’un mouvement de blocage des routes ne perturbe la traditionnelle ruée consumériste de fin d’année dans les grands magasins. Et soit fatal à une reprise économique qui n’est déjà que vaguement entrevue.

Une référence historique motive l’empressement du pouvoir à désamorcer le conflit social dans le secteur du transport routier : novembre 1997. A cette époque, pendant plus de dix jours, les routiers revendiquant la retraite à 55 ans ou la réduction du temps de travail avaient bloqué les raffineries de pétrole et les centrales d’achat des supermarchés, occasionnant certains jours jusqu’à 250 barrages routiers dans tout le pays. Le mouvement était supporté par toutes les organisations syndicales. Douze ans plus tard, en cette fin 2009, un identique front commun, inédit depuis 1997, appelle au blocage des entrepôts de la grande distribution, y compris s’il le faut pour une durée illimitée.

Les routiers se plaignent de "la précarisation grandissante" de leur profession. Selon un responsable du syndicat CFDT (modéré), "énormément de gens sont embauchés pratiquement au salaire minimum (smic), autour de 1 000 euros net, et ceux qui font des heures supplémentaires sont à moins de 2 000 euros net. On refuse d’être sacrifiés sur l’autel de la crise, d’être exposés à tous les risques et à ce stress pour gagner le smic". Les syndicats n’excluent donc pas de "paralyser les flux de marchandises dans l’Hexagone".

De leur côté, les employeurs jugent leurs revendications salariales "irréalistes". En 2008 dans ce secteur, la crise aurait déjà fait dégringoler le taux d’activité de 10 à 15 %, entraîné la suppression de 10 000 emplois, et causé les défaillances de 2 000 entreprises. Les employeurs renvoient la balle au gouvernement, dont "la croisade verte" serait synonyme pour eux de "pandémie fiscale" (taxe sur les poids lourds, "taxe carbone", etc.)

Le gouvernement rejette ce dernier reproche et rappelle que, comme pour les agriculteurs - qui, en juin dernier déjà, avaient bloqué des grandes surfaces, entraînant des ruptures de stocks-, les efforts qui leur sont demandés seront en partie compensés. Il juge que le pays "ne peut pas se permettre" un blocage, car "toucher à la consommation des ménages en cette fin d’année" serait "rajouter de la crise à la crise". Et n’exclut pas un accord in extremis. Fût-ce au prix de "quelques longues nuits de négociations" d’ici à dimanche.

http://www.lalibre.be/actu/international/article/547886/le-spectre-des-barrages-routiers.html

Messages

  • Ah, j’aime bien celle-là !
    Ils ne veulent pas rajouter de la crise à la crise !
    Mais on fait quoi à chaque nouveau plan social, à chaque délocalisation ?
    Quand on taxe les accidentés du Travail ?
    Entre le bouclier fiscal qui envoie plus de milliards vers les coffres forts et les pauvres à qui on veut imposer une taxe de plus ? L’impact sur la consommation est plus grave que celui d’un blocage. Si on est privé de foie gras on se rattrape plus tard mais l’argent qu’on nous a pris dans la poche ne relancera pas la consommation des ménages.
    http://npa-commercy.over-blog.com