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Languedoc-Roussillon : le Front de gauche s’ouvre aux socialistes !

Publie le vendredi 18 décembre 2009 par Open-Publishing
10 commentaires

Le Front de Gauche vient de tenir une conférence de presse à Montpellier qui confirme la logique de rupture de l’unité d’alternative qu’il a prise à la réunion du 10 décembre.

La présence à cette conférence du conseiller régional socialiste Paul Alliès, élu sur la liste de Frêche avec qui il prend désormais ses distances, et les échanges désormais publics avec lui entérinent le choix fait, clandestinement jusque là, par le PG, le PCF et la GU, de négocier avec les socialistes antiFrêche.

Rappelons que Paul Alliès occupe actuellement, dans le PS, le poste de secrétaire national adjoint chargé de la rénovation. A ce titre, il est un des artisans de la mise en place de primaires (1) destinées à mettre sur orbite, en vue des prochaines présidentielles, un candidat du PS à la légitimité assurée et élargie au-delà du seul PS. Il appartient au courant d’Arnaud Montebourg qui fait alliance actuellement avec Martine Aubry. Malgré son opposition à Frêche, il est bien un membre de l’appareil dirigeant du PS.

Voilà donc tout un scénario qui se dessine au Front de Gauche loin des tonitruantes déclarations sur l’autre gauche à construire. Cet autre prend les chemins du même : ceux qui hier ont mené le PC vers Mitterrand et l’intégration de la gauche au capitalisme. Avec le résultat que l’on sait pour ce qui concerne les communistes mais surtout les défaites que ce genre d’union portée au pouvoir a provoquées dans le camp des salariés. L’accès d’un Sarkozy au pouvoir ne peut en effet être déconnecté de ce cycle infernal des reniements des unions de la gauche !

Le Languedoc-Roussillon devient un (petit) laboratoire de ce qui se révèle désormais crûment l’essence même du Front de Gauche : une tentative pour capter la radicalité sociale et politique et pour l’instrumentaliser dans une alliance, à court ou à moyen terme, avec la social-démocratie, voire avec Europe Ecologie (voir les récentes ouvertures de Mélenchon vers Cohn-Bendit).

A Montpellier le Front de Gauche vient de donner une des clés de compréhension d’une stratégie d’accès au pouvoir qui n’ose pas encore dire son nom dans le reste du pays : la création d’un nouveau bloc de gauche mais avec une redistribution des cartes internes. Avec l’utopie d’un PG centre de gravité de la nouvelle alliance et captant à son profit les débris du PC et du PS que l’on voit promis à l’affaiblissement. Pari délirant d’un Mélenchon, mégalomane (à peine) rentré, et de son clone régional, René Revol, qui vient de recevoir l’investiture de la tête de liste...des militants locaux ? Non, des dirigeants nationaux du FdG : la pyramide est bien l’emblème politique signifiant de ce regroupement.

Ce décentrage-recentrage du Front-de-Gauche entraîne nécessairement une tentative de marginalisation-neutralisation de la gauche qui reste à gauche, essentiellement le NPA. En Languedoc-Roussillon, à la lumière de la conférence de presse de ce jour, un décodage lucide du processus de négociation mené jusq’au 10 décembre s’impose : le FdG, incertain de la volonté du PS de contrer une liste menée par Frêche et soutenue par l’écrasante majorité des socialistes locaux, s’est engagé dans des discussions avec le NPA et d’autres partis à la gauche du PS. Mais cet engagement était en fait une position d’attente tacticienne bonne à conforter l’image d’un FdG favorable à l’alternative, image toujours utile pour masquer aux yeux des militants et de l’électorat, une démarche foncièrement d’alternance qui s’expose à la lumière montpelliéraine aujourd’hui. Alternance dans le cadre du pouvoir régional, puis, le temps venu, au gouvernement du pays !

Dès que se sont confirmés les signes d’une tentative d’une partie de l’appareil socialiste pour monter une liste antiFrêche, le FdG a progressivement, puis brutalement, rectifié sa position par rapport au NPA : il n’était plus question que d’un Front élargi auquel le NPA était convié à se rallier, un voile de silence est tombé sur les négociations avec ce parti et surtout sur l’accord du 3 décembre (2) : plus de trace de ces contacts unitaires sur le site des composantes du FdG, leur presse, leurs tracts et les déclarations aux médias. Jusqu’à l’aveu d’aujourd’hui du reniement de la volonté d’indépendance vis-à-vis du PS actée le 3 décembre.

Le NPA a tenté par tous les moyens et, ce qui est remarquable, dans la convergence de tous ses militants, quel que soit le texte dans lequel ils se sont reconnus lors de la consultation interne de leur parti, de garder le cap de l’unité d’alternative la plus large. Les représentants de la Fase et des Objecteurs de Croissance lui en ont donné acte. Il restera à voir si ces organisations parviendront à s’entendre avec le NPA pour constituer une liste alternative ...à un FdG élargi ... à des socialistes fidèles à la rue de Solférino !

Le NPA a intensément communiqué ces jours derniers pour mettre entre les mains de tous ceux qui se reconnaissaient dans la construction d’une liste radicalement alternative à Frêche, au PS et à la droite, les éléments d’appréciation des manoeuvres de division du Front de Gauche. Il se prépare, bien à regret, à mener une campagne qui se revendiquera d’une unité anticapitaliste et antilibérale que d’autres ont sacrifiée à une union reniant les intentions hier proclamées. Cette campagne il compte la mener avec tous ceux qui resteront fidèles à l’esprit des accords du 3 décembre. Ce sera l’honneur de la gauche attachée à sa radicalité et qui maintiendra sa proposition de fusion technique au second tour avec toute liste de gauche pour battre la droite, à l’exclusion donc de celle de G Frêche et du Modem. Une fusion technique pourra donc être envisagée avec le ... FdG ! S’il ne décide pas, tellement les premières dérives en appellent d’autres, de fusionner avec la liste de ... Frêche !

Dernière réunion unitaire mardi 22 décembre

Antoine (Montpellier)

(1) http://renovation.parti-socialiste.fr/2009/11/17/pas-de-primaire-sans-militants-par-paul-allies/

(2) http://www.resistons.net/index.php/2009/12/06/500-un-accord-unitaire-est-possible-en-languedoc-roussillon

Messages

  • ils feraient mieux de faire des affiches et des tracts commun avec le PS, ils feraient des economies, idem pour le programme car de toute façon ils appliqueront celui du PS.

    • L ouverture du fd g aux socialistes antifreche est confuse .En effet on peut saluer le courage de p allies d affronter freche et son clientelisme ,ses dérives diverses et variées.Il n en demeure pas moins nécessaire de constituer une alternative au ps et a ses orientations sociales liberales dans le langudoc roussillon, comme ailleurs.C est inquietant si l on rapproche cela des declarations de jl melenchon en direction du libéral cohn bendit pour le 2eme tour ou de son invitation à J dray à rejoindre le fdg (ancien soutien de s royal et des sociaux liberaux) . Tout cela est bien confus et necessite des accords clairs anticapitalistes comme celui realisé en bretagne entre le npa et le pg 22 !

    • L ouverture du fd g aux socialistes antifreche est confuse .En effet on peut saluer le courage de p allies d affronter freche et son clientelisme ,ses dérives diverses et variées.Il n en demeure pas moins nécessaire de constituer une alternative au ps et a ses orientations sociales liberales dans le langudoc roussillon, comme ailleurs.

      tu prends les gens pour des cons ou tu penses vraiment ce que tu as écrit ?!!!! aliès candidat anti freche ????????? j’attends le second tour pour voir

  • Il est important d’éviter le confusionnisme ambiant entretenu par la gauche institutionnelle, FdG compris.

    Frêche sert d’épouvantail et de dérivatif aux vrais enjeux politiques : la nécessité de rompre avec le social-libéralisme pour rompre radicalement avec la droite.

    Frêche, à la Région et à l’Agglo, et les antifrêchistes, à la mairie de Montpellier et au conseil général, représentent deux versions du socialisme de gestion loyale du système. Ils jouent tous les deux dans le même cadre du capitalisme local : Frêche est la version terroriste, ultradroitière (il n’a pas hésité à chanter en pleine séance le Chant des Africains avec le Front National ! [1], il finance l’installation d’Agrexco à Sète [2]) de ce socialisme d’adaptation et de reniement, les autres, alliés au Modem, en sont la version soft mais tout aussi éloignée des préoccupations des salariés (refus de voter, communistes compris, un voeu de soutien aux Dell à l’annonce de licenciements !).

    Le FdG en jouant les uns contre l’autre intègre pleinement le cadre susmentionné. Il renonce à l’idée de rupture qu’il préconisait il y a peu !

    C’est plus tristement simple qu’il n’y paraît.

    Antoine

    [1] pour en savoir plus sur ce chant "repris pendant la guerre d’Algérie par les pieds-noirs et les partisans de l’Algérie française pour affirmer leur fidélité à la France."

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Chant_des_Africains

    [2] http://www.resistons.net/index.php/Non-a-agrexco

  • Rien n’est commun dans ces "mariages" bidon et de circonstance. La fièvre électoraliste (contre laquelle il n’y a pas de vaccin) perturbe sérieusement les militants sincères du front de gauche, du pg (j’évoque ce que je connais). Les
    diverses magouilles ne laissent guère de choix - se bagarrer avec qui contre
    qui ? partir - c’est le plus facile à faire et laisser une large avenue aux magouilleurs qui vont se prendre une déculottée imposante, au bout de compte dans les régions : l’ump, le modem, l’EE et le PS, tous signataires du traité de Lisbonne. Eh be, ca va être joyeux. A mon avis, il faut se battre sur ses idées avec ceux qui sont d’accord avec nous, quitte à se faire exclure.
    Alexandra Kolontaï

  • Dans les Côtes d’Armor, le Parti de Gauche, pour ne pas tomber dans des histoires comme les votres, nous avons acté une liste NPA-PG élargie aux citoyens .... Est-ce que nous sommes plus clairvoyants dans l’Ouest que dans le Ssud-Ouest ? Je crois !

    • A 92.***.20.**

      Ce n’est pas une question de lucidité mais de réalité locale différente : nous n’avons pas ici en Languedoc-Roussillon un PG susceptible de se fracturer et de dégager un vrai pôle unitaire et non magouilleur. Ici, à cause d’une faiblesse en nombre de militants, il y a une structuration autour d’un chef, celui que le FdG a désigné tête de liste. Une vraie gifle au passage adressée aux communistes du coin invités qu’ils sont à courber l’échine au nom des calculs des états majors parisiens ! La sempiternelle histoire des cocos-cocus politiques !

      Vous, en Bretagne, vous avez une partie du PG qui reste sur l’unité anticapitaliste, nous non (enfin pas à l’heure qu’il est) et une Fase qui, pour l’instant du moins, ne s’aligne pas sur le FdG (mais prudence...). En revanche, vous, malgré votre lucidité (!), vous avez une Fase qui a magouillé (et bien magouillé) avec la GU et Cie !

      C’est cela la réalité des choses
      Antoine

    • Tout à fait exact la GU et la FASE continuent de magouiller et le PC en ralliant le PS au premier tour a mis tout le monde dns l’embarras.... Elles (Gu,FASE) ont fait capoter la réunion du 30/11 à Pontivy et continuent leur travail de sape. En Bretagne il n’y a maintenant qu’une solution pour sauver la crédibilité de la gauche de la gauche, c’est la fusion des deux listes. Il y a deux points de désaccord les exécutifs (la GU et le FASE veulent y aller...) et l’aéroport de notre dame des landes.
      (ils n’y sont plus opposés ils veulent un moratoire et un référendum !!) Le PG est lui aussi divisé entre ceux qui ne veulent pas renier leurs engagements premiers ( PG 22 et autres militants du 35, du 29 et du 56) et ceux qui ont mis beaucoup d’eau dans leur vin pour faire venir le PC et qui sont pour la plupart anti NPA primaires. Les points de désaccord sont surmontables si la FASE ne se lance pas dans des surenchères dont elle a le secret...Deux accords ont été actés : l’un avec la GU, FASE, M’PEP et PC dissidents et l’autre avec le NPA, le PG 22 et les ADOC il faut faire la synthése sinon on est mal ...

  • Un peu rapide"le npa n est pas communiste..". Il existe au npa en effet des militants de traditions et de cultures différentes par exemple des militants venus d alternative libertaire ;de lutte ouvrière, des verts , du pcf et bien sur de la lcr.Le projet npa est justement de permettre a ces militants de travailler ensemble autour d un projet " le socialisme du 21 eme siecle" qui reprend le meilleur des acquis de ces courants qui soit une alternative au modele stalinien et au social liberalisme. C est aussi le sens de la demarche de la revue contretemps ou de la societe Louis Michel. Un socialisme autogestionnaire prepare par la demarche du controle ouvrier,le role des conseils de travailleurs l analyse de l etat bourgois ,de l europe capitaliste, l internationalisme,le féminisme, l ecosocialisme autant de points d accord largement partagés qui permettent d avancer ensemble.

  • Merci Antoine pour cet éclairage ! On y voit plus clair sur le jeu des Mélenchon-Revol.
    Et je comprends mieux le sens de "l’Appel de Revol" (Sic !) au sujet de la régie d’eau pour l’Agglo de Montpellier, lancé en solitaire depuis sa mairie de Grabels mais qui péniblement rassemble 169 signatures en 2 mois, en dehors des associations qui ont lutté pour.
    C’était un appel du pied à Hélène Mandroux, maire PS, qui voulant se démarquer de Frêche, son ex-maître, évoqua un retour en régie de Montpellier. Mais celle-ci s’est refusé à un vote sur un voeu en Conseil municipal le 14 déc et s’en remet au transfert de compétence eau à l’Agglo de Frêche qui pactise avec Veolia (28% de surfacturation depuis 20 ans). Cette démarcation d’avec Frêche a fait long feu depuis le vote des adhérents PS de la région. Mandroux se tait, Vézinhet Pt PS du CG34 aussi. Alors qui Revol veut-il rallier ?
    Tout çà sent mauvais. Et déjà la trahison du PG et donc du FDG.