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Quand les USA stoppent les poursuites contre leurs milices privées : BLACKWATER en Irak

Publie le lundi 4 janvier 2010 par Open-Publishing

Bagdad regrette l’annulation des poursuites contre Blackwater

Les autorités irakiennes ont déploré vendredi la décision de la justice américaine, qui a abandonné la veille les charges retenues contre cinq agents de la compagnie de sécurité Blackwater, poursuivis pour la mort de plusieurs civils irakiens lors d’une fusillade à Bagdad en 2007.

"Le gouvernement est déçu et regrette la décision du tribunal américain (...) Nous avons procédé à notre propre enquête et elle montre que Blackwater a commis un crime grave qui a causé la mort de 17 citoyens irakiens. Le gouvernement irakien envisage d’autres moyens de poursuivre la compagnie Blackwater", a déclaré Ali Al Dabbagh, porte-parole de l’exécutif.

Le juge fédéral Ricardo Urbina, qui mis fin aux poursuites jeudi, a estimé que l’administration américaine et les procureurs n’avaient pas respecté les droits constitutionnels des accusés.

Il reproche notamment aux procureurs d’avoir utilisé des dépositions recueillies par des enquêteurs du département d’Etat. Les enquêteurs auraient menacé les agents de Blackwater de les faire licencier.

La fusillade, source de tensions entre Bagdad et Washington, s’est produite le 16 septembre 2007 alors que les agents de sécurité escortaient un convoi de diplomates américains dans la capitale.

Les cinq employés de Blackwater avaient été inculpés il y a un an pour 14 homicides involontaires, tentatives d’homicides et infraction à la législation sur les armes.

Blackwater Worldwide, qui s’est rebaptisée Xe Services en février dernier, avait perdu par la suite le contrat passé avec le département d’Etat pour assurer la sécurité de l’ambassade américaine à Bagdad.

Le département de la Justice s’est dit déçu de la décision du juge Urbina. "Nous sommes en train d’étudier sa décision et d’évaluer nos possibilités", a déclaré Dean Boyd, porte-parole du ministère, prié de dire si l’administration ferait appel.

"Nous sommes évidemment déçus lorsque que nous estimons que des gens ont peut-être commis un crime et qu’ils n’ont pas à en répondre", a quant à lui déploré le général Ray Odierno, commandant en chef du corps expéditionnaire américain en Irak.

Mohammed Abbas, Jim Loney, Muhanad Mohammed et Khalid al Ansari, version française Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief

http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-01-01/bagdad-regrette-l-annulation-des-poursuites-contre-blackwater/924/0/409849


"BLACKWATER", puis "X", selon wikipédia :

"Xe (prononcé Zi) est une société militaire privée (SMP) américaine dont le siège se trouve à Moyock (Caroline du Nord), qui a notamment travaillé en Irak et en Afghanistan. Elle était précédemment connue sous le nom de Blackwater Worldwide et à l’origine sous celui de Blackwater USA. Elle a adopté le nom de Xe le 13 février 2009 [1]. Erik Prince, fondateur et PDG de Blackwater Worldwide, et Gary Jackson, président de l’entreprise, annonçaient leur démission le 1er mars, mais Prince demeure membre du conseil d’administration de Xe.

Histoire

Elle fut fondée en 1997 par Erik Prince, un ancien des forces spéciales de l’US Navy, les SEAL, et un fervent supporter du Parti républicain, qui a également fondé Total Intelligence Solutions. Elle possède un domaine de plus de 24 km² à Moyock, en Caroline du Nord, au sud de la base navale de Norfolk, où plus de 50 000 militaires ont déjà suivi un entraînement [2].

Fin mars, elle a déclaré avoir 450 hommes en intervention. Pour des raisons économiques, 30 % de son personnel n’a pas de formation militaire, mais vient de la police.

Ses activités ont débuté dans la sous-traitance de l’entraînement militaire.

Après la fusillade du lycée Columbine en 1999, Blackwater obtient des contrats avec des écoles de police pour des formations à l’intervention en milieu scolaire. Après les attaques terroristes contre le destroyer USS Cole en octobre 2000, Blackwater signe un contrat de 37 millions de dollars avec la Marine pour l’entraînement d’une force de protection, mais les grands contrats viendront après les attentats du 11 septembre 2001 [3].

Blackwater en Afghanistan et en Irak

Ce fut l’une des premières SMP (société militaire privée) à s’implanter en Afghanistan durant la guerre entamée en 2001. Bien que n’étant officiellement engagée que pour des contrats défensifs, les mercenaires de Blackwater ont participé à des raids offensifs et létaux organisés par la CIA ou les Special Forces de façon ad hoc [4]. Le 5 mai 2009, quatre salariés d’une filiale de Blackwater, Paravant, ont été responsable d’une bavure à Kaboul (un mort et deux blessés) ; ils ont été licenciés par la suite [5],[6].

Lors du conflit en Irak, le 31 mars 2004, quatre membres de la société furent tués lors d’une attaque aux grenades et armes légères à Falloujah. Les corps, brulés, furent pendus à des luminaires d’un pont sur l’Euphrate et ultérieurement démembrés par une foule en furie[7].

Ces contrats sont facilités par les nombreux liens d’Erik Prince avec les néoconservateurs de l’administration Bush, comme par exemple A. B. Krongard (en), directeur exécutif et numéro 3 de la CIA, qui signera avec Blackwater des contrats pour la protection de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan. L’ancien directeur du centre anti-terroriste de la CIA Cofer Black (en) a rejoint Blackwater en 2005 [3].

En avril 2004, elle a embauché 134 militaires chiliens. Pour 1 000 dollars par jour, ils doivent protéger les installations pétrolières en Irak.

Suite à une fusillade, le 16 septembre 2007, ayant causé la mort de dix-sept Irakiens et blessé au moins vingt autres, le gouvernement d’al-Maliki a, dès le lendemain, interdit à Blackwater d’opérer sur le sol irakien. Les circonstances de cette fusillade, qui n’est que la plus importante d’une série de bavures attribuées à la SMP, sont floues.

La porte-parole de Blackwater, Anne Tyrrell a déclaré que « les employés ont agi conformément à la loi en réponse à une attaque » et que « les civils sur lesquels il aurait été fait feu étaient en fait des ennemis armés et nos employés ont fait leur travail pour défendre des vies humaines ».

Le porte-parole du ministère irakien de l’intérieur, Abdul-Karim Khalaf, a pour sa part déclaré que « le fait d’être chargé de la sécurité ne les autorise pas à tirer sur les gens n’importe comment » [8].

Le quotidien suisse Le Temps résume ainsi la fusillade :

« La balle a traversé la tête de Haithem Ahmed. Pas de coup de semonce préalable, pas de tension particulière à Bagdad, mais ce projectile qui a tué instantanément l’Irakien alors qu’il circulait dans une voiture aux côtés de sa mère. Le conducteur mort, le véhicule s’emballe.

Et les « mercenaires » de Blackwater aussi : ils arrosent de centaines de balles la place Nisour, noire de monde, où les passants tentent désespérément de se mettre à l’abri. Des grenades sont lancées, et les hélicoptères des gardes privés interviennent rapidement pour achever le travail. Bilan : au moins 17 civils irakiens tués, 24 blessés. [9]. »

Les poursuites contre Blackwater ont été difficiles car les sous-traitants ont continué d’opérer jusqu’à fin 2008, en accord avec le mémorandum 17 de l’Autorité provisoire de la coalition, édicté par Paul Bremer, qui garantissait aux employés l’immunité vis-à-vis du droit irakien [10] La société a donc repris son activité, bien que des éléments concordants montrent que la fusillade n’aurait pas eu de justification militaire [11]. En janvier 2009, les autorités irakiennes ont annoncé qu’elles ne renouvelaient pas à Blackwater l’autorisation d’exercer dans leur pays.

Le 1er octobre 2007 un rapport de la Chambre des représentants des États-Unis est publié dans lequel est recensé, durant la période allant du 1er janvier 2005 au 12 septembre 2007, 195 fusillades impliquant Blackwater et dans 163 cas, les employés de Blackwater ont tiré les premiers [12].

Ce rapport mentionne également le meurtre le 24 décembre 2006 de l’un des gardes du corps du vice-président irakien Abdel Abdel-Mehdi par un employé ivre de Blackwater, Andrew Moonen[13]. Moins de 36 heures après, il a été autorisé par le Département d’Etat (le contractant de Blackwater) à retourner aux États-Unis sans être inquiété. Dans un premier temps le Département d’État a suggéré à Blackwater de verser 250 000 dollars à la famille de la victime, mais le service de sécurité diplomatique a pensé qu’une telle somme pourrait inciter des Irakiens à se faire tuer pour mettre ainsi leur famille à l’abri du besoin [réf. nécessaire]. Au final, la famille aurait reçu 15 000 dollars [14] ; Erik Prince évoquera quant à lui la somme de 20 000 dollars[15].

Concernant la prise en compte des multiples dérapages, le rapport a recensé 122 licenciements, dont 28 pour usage d’arme et 25 impliquant la drogue et l’alcool [16]. Mais les rédacteurs de ce rapport notent qu’ils n’ont aucune preuve que le Département d’État a tenté de restreindre Blackwater ou qu’il se soit interrogé sur le nombre de fusillades impliquant des employés de cette société [17].

Par rapport aux deux autres sociétés militaires privées, DynCorp et Triple Canopy, Inc. (en) présentes en Irak, Blackwater est à l’origine de plus de fusillades que les deux autres sociétés réunies[17].

Le 2 octobre 2007 Erik Prince, ainsi que trois représentants du Département d’État américain, ont été auditionnés par une commission de la Chambre des représentants des États-Unis concernant leurs agissements en Irak et Afghanistan [18]. Durant leur audition, des témoins, dont des militaires, ont qualifié les comportements de Blackwater comme « outrageants » et « contraires à la stratégie de l’armée ». Les employés de la société ont également été accusés d’avoir « la détente facile » [19].

Avant le début des auditions le 2 octobre 2007, le président de la commission de la Chambre des représentants, le démocrate Henry Waxman (en) s’est demandé si « Blackwater, une société de sécurité privée, nous aide-t-elle en Irak ou entrave-t-elle notre action ? ». Il considérait également que « Blackwater [était] responsable » de la fusillade du 16 septembre [20].

Le 31 mars 2009, elle a perdu son principal contrat en Irak au profit de Triple Canopy, Inc. (en). Xe était en charge de la sécurité au sol à Bagdad, notamment tout ce qui concernait la protection de personnalités. Il n’y a pas de somme précise pour ce contrat, mais il représenterait environ un tiers des revenus de Xe [21].

Blackwater dans le monde

En septembre 2005, la société intervient pour aider les ingénieurs de l’US Army à colmater les brèches des digues de la Nouvelle-Orléans, après le passage de l’ouragan Katrina, et participe au maintien de l’ordre. Le montant total des sommes perçues par Blackwater et provenant du gouvernement fédéral suite à cette catastrophe s’élevait, au milieu de l’année 2006, à 73 millions de dollars (l’équivalent de 243 000 $ par jour)[22].

En 2008, la société est présente dans plusieurs pays, effectuant de la protections d’installations sensibles tels les sites de radars militaires au Japon, de l’entrainement de membres de service de renseignement de Taïwan ou le sauvetage de civils au Kenya et se déclare prête à lutter contre la piraterie autour de la corne de l’Afrique [23].

Contrats avec la CIA

Le 20 août 2009, le New York Times a rapporté que Blackwater a réalisé des contrats, octroyés secrètement, pour le compte de la CIA dans le cadre d’une mission destiné à pourchasser des terroristes d’Al Qaïda. Elle s’occupait notamment de charger les bombes sur les drones[24] ainsi que de pourchasser et d’assassiner, si possible, les membres d’Al Qaïda. Aucun membre d’Al Qaïda n’aurait cependant été tué par les employés de Blackwater [25],[26].

Structure

Xe est un ensemble de 6 sociétés, ayant chacune une spécialité [27] :

* Blackwater Training Center, le centre d’entraînement de Moyock

* Blackwater Target Systems, le stand de tir

* Blackwater Security Consulting, la division protection

* Blackwater Canine, pour l’entraînement des chiens policiers

* Blackwater Air, pour le soutien aérien

* Total Intelligence Solutions’, service de renseignement privé [28].

Contrats

Contrats avec le gouvernement américain [29] :

Année Valeur des contrats :

2001 736 906 $

2002 3 415 884 $

2003 25 395 556 $

2004 48 496 903 $

2005 352 871 817 $

2006 593 601 952 $

Total 1 024 519 018 $

Alors qu’avant la guerre en Irak la société ne fournissait principalement que des séances d’entraînement pour les forces de l’ordre et les militaires, elle a depuis très largement étendu son offre à divers domaines liés à la protection des personnes et des installations.

Le principal contractant de Blackwater est le gouvernement américain via le Département d’État. Ainsi entre 2001 et 2006, l’entreprise a vu son chiffre d’affaire augmenter de plus de 80 000 %, rien qu’avec les contrats avec le gouvernement américain [30].

Le premier contrat obtenu en Irak l’a été lorsque l’Autorité provisoire de la coalition, dirigée par Paul Bremer, a demandé en août 2003 à Blackwater d’assurer la protection des civils américains envoyés officiellement en Irak par le gouvernement au premier rang desquels le même Paul Bremer. Ce contrat a été obtenu sans appel d’offre[31]. En janvier 2009, le contrat n’a pas été renouvelé suite aux exactions de ses employés[32]

Moins d’un an plus tard, en juin 2004, Blackwater a obtenu un contrat (toujours sans appel d’offre) bien plus important. Connu sous le nom de Worldwide Personal Protective Services (WPPS), ce contrat définissait que la société devait fournir protection aux citoyens américains et à certains responsables étrangers de haut rang. Les termes de ce contrat sont vagues et ne précisaient pas le type de protection que devait assurer Blackwater, ni le nombre d’interventions. Le contrat ne pouvait excéder 332 millions de dollars, mais du 14 juin 2004 au 6 juin 2006, Blackwater a reçu plus de 488 millions de dollars. Le 8 mai 2006, le Département d’État a passé un nouveau contrat similaire dans les termes (WPPS II) et incluant cette fois-ci deux autres sociétés (DynCorp et Triple Canopy). Il définissait les zones géographiques d’intervention de chacune des trois sociétés et le montant ne pouvait excéder 1,2 milliard de dollars par entreprise ou 3,6 milliards au total [30].

Controverse et critiques

Dans son livre, "Blackwater. L’ascension de l’armée privée la plus puissante du monde", le reporter américain Jeremy Scahill dresse un tableau accablant des activités de la société. Il l’accuse notamment d’agir telle une garde prétorienne en Irak, bénéficiant d’une immunité quasi totale face aux allégations de violence envers les civils irakiens.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Xe