Dakar 2010 - Argentine Chili

Paris-Dakar…ou Paris-Dollars ?

DANS une pétarade d’enfer, les pauvres paysans argentins voient passer des engins plus rutilants les uns que les autres… Et ces foules en haillons de brailler à tue tête pour saluer la Mits-enrishi de Machin ou la Porcher de Duchnok… et de se précipiter après leur passage pour ramasser les déjections des équipages : ici une boîte de bière vide en aluminium, là une bouteille en plastique vide, ailleurs un bidon d’huile moteur où il ‘’ en reste encore un peu ‘’ ! La richesse…

Et cette horde sauvage, précédée par les hélicoptères des grands médias de polluer à grand renfort de gaz d’échappement les plus merveilleux paysage que notre planète puisse offrir à notre regard. Ces lieux majestueux où habituellement le silence règne car l’homme n’y a pas sa place ; où le monde minéral est maître depuis l’éternité et, croyait-il, pour l’éternité. Croyait car l’homme et son dieu fric qu’il a créé et qu’il devrait gouverner, se laisse entraîner par celui-ci dans les débordements les plus sauvages et les plus insensés.

Et le téléspectateur, devant son écran, de se régaler à la vue de cette destruction imbécile d’une nature qui n’a que faire des l’humain, cet être dominateur et méprisant cette nature qu’il tue tous les jours un peu plus. Mais c’est beau à voir ! Les monstres mécaniques à la puissance décuplée semblent dominer un monde qui refuse sa présence… Et quel contraste que de voir le dernier cri de la technique côtoyer la misère la plus infâme et la plus indigne. Et ce pauvre hère de s’enivrer avec les odeurs d’essence lâchées par ces engins d’enfer. Cette ‘’ bonne odeur ‘’ ! Le pauvre, il ne sait pas que l’homme de la civilisation, celui qui habite les grandes villes, en crève de cette ‘’ bonne odeur ‘’.

Et d’admirer les beaux camions, les belles voitures, les belles motos alors qu’il ne pourra jamais se les payer ni même faire le rêve de monter une seule petite fois à bord.

Aujourd’hui, le Paris-Dakar n’en a plus que le nom car il n’y a plus de Dakar. Il a donné naissance au Paris-Dollar car il est justement sur le continent où le dollar est maître. Où ne l’est-il pas d’ailleurs ? Cette course, ce raid a quitté l’Afrique car il était en butte aux attaques, aux attentats en tous genres : il a dû capituler. Mais en cela, le désert africain y a retrouvé sa quiétude millénaire et, souhaitons-le, pour les millénaires à venir. Mais en abandonnant, il y avait un manque à gagner certain pour les affairistes. Les faiseurs de profits ont donc cherché autre chose… ‘’ Ce que nous ne pouvons plus faire ici, allons le faire ailleurs ! ‘’. Et l’on a franchi l’océan.

Et le Paris-Dollars aura exactement le même sort que le Paris-Dakar, n’en doutons pas. Pourquoi ? Parce que c’est tout simplement une injure à la misère ! Alors il ira ailleurs car il y a des ailleurs qui l’attendent : le désert de Gobi, les steppes d’Asie Centrale, les hauts plateaux du Tibet… Les régions désertiques ne manquent pas.

Et cette horde sauvage chevauchant les engins les plus polluants et les plus pétaradants du monde viendra une fois de plus détruire à jamais un monde de quiétude et de beauté sauvage. Puis un jour elle disparaîtra comme un mirage qui n’a jamais existé… pour ne plus jamais revenir.

DEHELVET sur : http://evolutionnaire.free.fr/dakar...