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Paraguay : le risque d’un coup d’état augmente

Publie le mercredi 13 janvier 2010 par Open-Publishing

Des parlementaires conservateurs semblent séduits par le putsch hondurien

Après le Honduras est-ce que ce sera bientôt le tour du Paraguay ? Ça n’est pas du tout impossible : l’oligarchie paraguayenne la moins à droite se détourne de Lugo. Les puissants jugent qu’il va beaucoup trop à gauche dans les réformes qu’il instaure, il devient beaucoup trop social à leur goût. Certains parlementaires commencent même à considérer la recette du coup d’état hondurien comme une solution possible à tout leurs maux : le fait que la population puisse espérer des jours meilleurs.

Encore une fois les politiciens et les entreprises US qui soutiennent voire organisent ces déstabilisations démocratique sont condamnables, il suffit que les USA jettent à nouveau un regard intéressé sur les ressources naturelles du sud des Amériques pour que toutes les expériences démocratiques qui y sont en cours soient menacées, pour que de nombreux espoirs soient détruits.

Le président Obama est lui aussi condamnable, trop enfermé dans le jeu politique américain pour ne pas faire également le jeu des faucons. Le "Nobel de la Paix Aux Mains Ensanglantées" qui entre autres exploits a lâché le Honduras afin de convaincre le sénat conservateur de le laisser placer deux collaborateurs à des postes importants.

Un mensonge paraguayen

Le périodique paraguayen ABC publiait le 20 décembre dernier sur une couverture et deux pages intérieures un article intitulée “Lugo prépare un dîner privé de luxe pour la fin d’année”. L’en-tête de l’article insistait sur le fait que “les prix du concours organisé par la Présidence du Paraguay seront distribués lors d’un dîner luxueux de fin de l’année à Mburuvicha Róga, auquel participeront seulement entre 10 et 18 personnes. On degustera des apéritifs de caviar, de saumon et d’autres délicatesses”. Le service - selon l’article - disposerait probablement d’un “maitre d’hôtel et entre 14 et 26 jeunes hommes impeccablement habillés. Egalement du linge de table, de la vaisselle, des couverts et des cristals de premier ordre”.

Tout au long de l’article était énuméré et dénonçé avec luxe de détails le caractère luxueux du dîner et le gaspillage de personnel engagé au service des convives. Eh bien, comme l’a indiqué la présidence du Paraguay dans une déclaration officielle, et que l’on pouvait vérifier dans le contrat d’engagements publics, il n’existait aucune prévision de dîner officiel de fin d’année. Les bases et les conditions du concours établissaient clairement qu’il s’agissait de l’engagement des services de catering pour toutes les réceptions du 2010. Le budget était la prévision annuelle pour les réceptions officielles du Président du Paraguay, parmi lesquelles des visites d’État de présidents, de chefs d’État ou d’autres autorités de haut rang, tant du secteur public, que du privé.

Bien que le quotidien ABC décidât de publier le démenti du gouvernement il a continué d’insister sur sa thèse en terminant son nouvel article d’une manière pathétique : les documents auxquels notre quotidien a accédé démontrent qu’une réception de ce type est en préparation, bien que l’on ne puisse pas écarter que maitenant que nous avons rendu l’information publique, ils peuvent avoir décidé de l’annuler.

Des parlementaires opposés au président Lugo valident le putsch hondurien, le danger d’un coup d’état augmente

L’ombre d’un coup d’état plane depuis des mois au Paraguay, d’abord amené de manière violente en octobre dernier par un puissant propriétaire terrien lié à l’extrême-droite parlementaire, le parti UNACE, qui dispose de 22% des parlementaires au congrès paraguayen. Ce dernier ayant appelé à la création d’une milice paramilitaire anticommuniste pour en finir avec le gouvernement. Maintenant le chemin à suivre est le coup constitutionnel, le nouveau modèle testé avec succès au Honduras.

Pendant de derniers mois le président Fernando Lugo voyait comment divers partis qui l’ont porté au pouvoir sont passés dans l’opposition à cause du fait que le gouvernement de Lugo, de tendance bolivarienne, s’oppose avec les principes néolibéraux de ces organisations politiques.

Fernando Lugo est arrivé à la présidence appuyé par un front de partis de gauche et du centre-droit, ces derniers étient motivés par l’obtention d’une plus grande part de pouvoir qu’ils n’étaient pas capables d’atteindre face à l’hégémonie du Parti Colorado (PC), qui a gouverné au Paraguay durant des décennies, qui était également le parti unique durant la dictature de Stroessner. Les colorés disposent de 31% de parlementaires au congrès.

A cause de cela ils ont vu en Lugo, un ex-prêtre apparenté à la Théologie de la Libération, une occasion de réduire l’influence du Parti Colorado et d’occuper plus grand espace de pouvoir au sein des institutions paraguayennes. Mais maintenant que Lugo a proposé de convoquer l’une constituante pour réduire les limitations qui l’empêchent de développer son programme politique sociale, qu’il a appelé à l’adhésion à l’ALBA, qu’il a augmenté les dépenses sociales, a expulsé les bases militaires étasuniennes du pays et qu’il a garanti la gratuité de la santé, ils ont décidé de l’abandonner et de passer dans l’opposition.

Mais loin de se conformer à cette situation, ils appellent à faire un jugement politique de Lugo pour le destituer avant l’arriver des prochaines élections. Il y a quelques semaines son vice-président, le néolibéral Federico Franco, du Parti Libéral Radical Authentique (PLRA) a déclaré être prêt à assumer le pouvoir, se positionnant clairement contre le président en exercice, qu’il a aussi accusé de corruption pour avoir libéré quelques terres en faveur des paysans.

Le Parti Libéral Radical Authentique (PLRA) est le deuxième parti du pays avec le plus de représentant au pouvoir législatif paraguayen et il figurait parmis les appuis du Lugo quand celui-ci a gagné les élections. Maintenant il est avec l’opposition de droite, bien qu’une partie de ses militants ne soient pas d’accord avec cette situation.

De plus en plus de parlementaires appellent à suivre cette initiative qui cherche à reproduire le schéma réalisé par les putschistes honduriens, dans un congrès où, après ces retournements de veste, Lugo est en minorité.

Le sénateur du PRLA, Alfredo Luis Jaeggli, a fait des déclarations éclairantes durant un entretien réalisé par la Radio Nationale Argentine il y a quelques jours, "je suis partie de la Fondation Liberté, et la Fondation Liberté est partie de la Fondation Naumann et le président hondurien a commencé sa présidence avec un modèle libéral et par la suite il a trahi et il est parti vers le socialisme du XXIe siècle. Ce qui c’est passé au Honduras, pardonnez-moi, pour moi c’est totalement légal".

Après avoir validé le putsch au Honduras il a déclaré que le jugement politique de Lugo est légal, le sénateur du Parti Libéral du Paraguay a donné la raison qui a motivé cette situation, "le président Lugo liquide les partis, donne paie les organisations sociales (...) ce qu’il veut est présenter comme une panacée du socialisme du XXIe siècle et pour la majorité au Parlement et au Sénat, pour nous les représentants élus ce n’est pas ainsi que cela doit se passer. Nous devons faire le contraire de tout cela."

De plus le sénateur Alfredo Luis Jaeggli a démontré que la conspiration est très avancée parce qu’ils ont déjà attribué la hiérarchie nécessaire pour prendre le contrôle du gouvernement une fois que Lugo aura été sorti du pouvoir, "il y a un groupe de sénateurs, moi inclus qui sommes réellement d’accord pour la continuité d’un jugement politique ; les promesses et les changements que le Parti Libéral s’est engagé à faire n’ont pas été mis en place, vraiment, alors cela a donné dans mon propre parti, le parti libéral, une espèce de division sur le jugement politique du président Lugo. Dans ce cas le vice-président Federico Franco assumera".

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