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Le NPA ne veut pas mettre les mains dans le cambouis ?

Publie le jeudi 21 janvier 2010 par Open-Publishing
5 commentaires

Le NPA ne veut pas mettre les mains dans le cambouis ? Faux ! répond Alain Laffont

Le NPA est souvent accusé de préférer une posture protestataire à une prise de responsabilités dans les exécutifs. Faux ! répond ici un responsable du NPA de Clermont-Ferrand :

Voici ce qu’écrivait Michel Onfray à propos du NPA dans le Monde daté du 6 juin 2009, trois jours avant les élections européennes : « On ne peut vouloir faire de la politique uniquement avec un mégaphone, ni appeler à la révolution planétaire sans même être capable de présider aux destinées d’un village de campagne. Le mégaphone n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour plus et mieux que lui. »

Nous sommes face à cette légende tenace, entretenue par quelques commentateurs politiques peu au fait des subtilités de la gauche de gauche (peut-on leur en vouloir ?) et malheureusement aussi, comme on le voit, par certains philosophes certes sympathiques mais pour le moins versatiles : le NPA refuserait de mettre les mains dans le cambouis. Eh bien, c’est faux. Mais disons-le sans nuances : s’il s’agit de diriger une municipalité, une agglomération, une région ou un gouvernement sous hégémonie sociale-libérale avec l’obligation de voter pour leur politique en votant le budget, c’est non !

Beaucoup voudraient que nous y allions dans ces conditions. Certains sincèrement, car ils pensent que, si nous prenions des responsabilités dans l’exécutif, nous serions capables d’infléchir sa politique. D’autres, pour nous entraîner dans la pente où ils se sont eux-mêmes placés. Je pense au PCF, aux Verts et même à Lutte ouvrière, qui, comme à Clermont-Ferrand, vient de goûter les délices du vote du budget social-démocrate.

Il suffit de se rappeler ce qui leur est arrivé pour être prudent. Au gouvernement, avec le Parti socialiste dominant, ils ont été contraints de tout cautionner, la politique de privatisation, d’austérité, les attaques répétées contre les acquis des travailleurs, la politique de gestion du système capitaliste. Dans les municipalités, les communautés de communes, les conseils généraux et les conseils régionaux, ils votent et appliquent la politique décidée par la majorité socialiste. Nous ne pouvons pas manger de ce pain-là.

Médecin dans les quartiers populaires de Clermont-Ferrand, militant depuis 1973 à la LCR et maintenant au NPA, élu municipal depuis 1995, j’ai quelques légitimités à parler sur ce sujet. De ce point de vue, l’expérience clermontoise est éclairante. Au conseil municipal, notre groupe de quatre élus (3 NPA et un Alter Ékolo) a proposé de participer à la gestion municipale sans pour autant entrer dans l’exécutif. Dans ce cadre, nous espérions pouvoir faire nos propositions, répondant aux besoins des plus défavorisés, et continuer à mobiliser sur nos objectifs. Aussi, nous avons émis l’idée de participer aux conseils d’administration de la CCAS (Action sociale), des organismes de HLM, du SMTC (Service public des transports) et de bien d’autres organismes qui comptent vraiment dans la gestion de la commune ou de l’agglomération. Notre demande était sincère, sans arrière-pensée. Nous voulions faire des propositions dans le cadre de la gestion. Malheureusement, Serge Godard, maire PS de Clermont-Ferrand et président de Clermont Communauté, supporte difficilement, comme ses collègues socialistes, l’indépendance des autres élus. Il a préféré passer un accord aussi discret que réel avec le MoDem local. Les trois élus MoDem siègent dans tous les organismes pour lesquels nous avions postulé, alors que nos quatre élus ne bénéficient d’aucune fonction. Pourtant, nous avons obtenu plus de 15 % des suffrages lors du 2e tour des élections municipales, contre 10 % à la liste MoDem  ! Un bel exemple de démocratie et de pluralisme prôné par cette « gauche de gouvernement » qui confond si souvent le cambouis et le pot de confiture. Le Parti socialiste préfère des alliés serviles, c’est pourquoi il a rompu les négociations et a refusé la fusion avec les listes de la LCR entre les deux tours des municipales de 2008.

Le choix est clair. Dans beaucoup de collectivités locales, le Parti socialiste passe des alliances avec le MoDem, et celui-ci s’engage à le suivre dans sa gestion. D’ailleurs, son représentant à Clermont vient de voter le budget. Face à cette situation, que disent les élus du parti communiste ou des Verts ? Rien, ils continuent à voter la politique des socialistes. Considérant l’évolution politique des Verts, cela n’a rien de surprenant. Mais la question est plus préoccupante pour le PCF, avec lequel nous souhaitons nous allier. Car si, comme le dit justement Michel Onfray, « la politique est affaire de rapport de force et non d’idéaux flottant dans un ciel platonicien », il en est de même pour l’unité, qui ne peut pas seulement reposer sur un fantasme mais doit être attestée sur le réel des pratiques concrètes. Nous continuerons d’agir afin de pouvoir en toute indépendance participer à la gestion. Nous l’avons démontré concrètement. Lors du vote de la délégation de Clermont Communauté au Valtom (Syndicat départemental de gestion des déchets), le président, Serge Godard, a présenté une liste de cinq personnes, sur laquelle je ne figurais pas. Fort de la légitimité que me donne mon rôle dans la mobilisation contre l’incinérateur de Clermont et la confiance acquise auprès de la population, des médecins mobilisés et de très nombreux élus de l’agglomération en matière de gestion des déchets, je me suis donc proposé. Cette fois-ci, le président n’a pu faire autrement que d’accepter et, depuis, je participe au conseil d’administration du Valtom.

Mes interventions ne s’y font pas avec un mégaphone, même si je ne récuse pas cet instrument, mais sont guidées par le souci du bien commun et de la santé de la population. Ainsi, nos détracteurs répandent le bruit selon lequel nous refusons de mettre les mains dans le cambouis. Nous leur répondons que c’est faux et que nous le faisons chaque fois que cela est possible. Le problème qui leur est posé est que nous ne concevons pas notre participation comme une récompense en échange de notre servilité, qui impliquerait notre engagement à suivre la politique des majorités sociales-libérales.

Alain Laffont Militant du NPA, président du groupe d’opposition de gauche « À gauche 100 % » du conseil municipal de Clermont-Ferrand. »

Messages

  • Enfin, quelques lignes rétablissant la réalité.
    Le procès fait au NPA tant par le PS que le PCF montre combien ces formations craignent un pôle anticapitaliste indépendant du social-libéralisme.
    Merci au Dr Laffont pour cette "mise au point".

    • L’alliance PCF-NPA-LO-POI est indispensable politiquement et stratégiquement pour rassembler tous les révolutionnaires . Mais nous nous heurtons à la pesanteur des élus communistes , verts ou autres habitués à fréquenter les élus du PS qui ont un double discours ,électoral et de gestion du système capitaliste, pour fourvoyer l’électorat de gauche et autres démocrates . Ce discours entraîne l’abstention massive des couches populaires et conforte le pouvoir bourgeois . Les militants de nos partis cherchent , dans la crise actuelle du capitalisme, à rassembler nos idées et nos forces pour rompre définitivement avec l’appareil PS bourgeois qui vit de subventions massives de l’Etat et d’indemnités multiples pris sur le fort pourcentage d’élus qu’il a conforté avec les collectivités territoriales .

      Le clientélisme des élus du PS ,grâce aux collectivités territoriales dirigées par de nombreux style-Guérini , joue encore à fond mais pour combien de temps encore ? Au nom d’empêcher la droite de reprendre le pouvoir dans les régions , nombre d’élus communistes se couchent devant le PS . C’est vraiment un signe de dégénérescence du communisme chez ces pseudo-camarades . La réaction actuelle des militants communistes contre cet opportunisme dit de droite est en cours et se développe avec l’idée du Front de Gauche que nous voulons transformer en Front populaire pour éviter le jeu "subtil "des personnalités ...

      La déclaration d’Aubry sur les retraites est le signe que certains dirigeants du PS, si ce n’est tous malgré les déclarations d’Emmanuelli et Filoche, sont pour un compromis avec le Patronat et le gouvernement d’aigrefins sarkozistes . Il est clair que cette position est très mal reçue par les militants communistes et syndicaux et cela va nous permettre de mieux éclairer les camarades pour rompre avec le PS le plus vite possible .

      La contribution du NPA sur le refus de gestion avec le PS bourgeois suscite le débat chez nous et facilite l’autocritique du programme commun qui a annihilé la lutte de classe en France après les évènements de 1968 . La direction du PCF est l’écho de ce débat autocritique mais le poids des élus est encore très fort pour envisager à court terme une rupture de fond avec les idées social-démocrate et du parti qui les représentent . La bourgeoisie suit de très près l’évolution du PS pour l’empêcher ,face à la crise, de rompre avec ses idées de collaboration de classe .

      La force militante révolutionnaire est donc primordiale pour vaincre l’opportunisme de droite des élus et ramener la plupart d’entre eux à la lutte de classe partout et sans compromis avec la bourgeoisie affaiblie par sa crise et son égoïsme permanent et méprisant vis à vis du peuple .

      Il ne faut pas renoncer , il faut se battre sur le terrain et dans les masses comme nous le faisons à Aubagne après la désastreuse alliance de l’équipe du Maire avec le Modem .

      Le NPA doit comprendre que son renfort est nécessaire au Front de Gauche pour constituer un front majoritaire sur une ligne vraiment révolutionnaire de renversement du capitalisme .

      J’ai espoir que cela se réalise dans les mois qui viennent malgré des élections régionales désertées par l’électorat le plus massacré par la crise du système capitaliste . les pourcentages dont se glorifieront les partis politiques sur un vote citoyen de 40% à tout casser n’exprimeront que le ras le bol du peuple en voie de paupérisation rapide comme le désire ardemment les dirigeants du CAC 40 .

      Révolutionnons-nous par l’autogestion politique en attendant de l’appliquer sur le plan économique et social .

      Bernard SARTON,section d’Aubagne

  • J’apprécie beaucoup cet article ( ce n’est pas le premier je crois ) ; il serait bien que sur le site du NPA, il y ait des témoignages de l’engagement des militants(tes) du NPA, voire aussi d’autres formations pour démontrer le décalage entre ceux qui
    commentent ou passent des heures à faire d’excellents dossiers vite mis au placard par les techniciens serviles de la social démocratie ; plus que jamais luttes sociales et luttes politiques sont indissociables ! chaque élu devrait choisir = la carrière ou la lutte !

  • faut pas faire de grosses misères a Nicolas , cambouis ,pas bien ? la

    merde c’est mieux ?