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Appel pour Battisti aujourd’hui - cassation R.V. à 14 h

Publie le mercredi 29 septembre 2004 par Open-Publishing

Voici l’appel paru dans cesarelibre :

RASSEMBLEMENT MERCREDI 29 SEPTEMBRE A 14H : CASSATION

Mercredi à 14h, la Cour de cassation examinera le pourvoi déposé par les
avocats de Cesare Battisti contre l’avis favorable à son extradition. Vous
êtes invités à venir nombreux devant le Palais de Justice de Paris pour
exprimer votre soutien à Cesare Battisti et à tous les réfugiés italiens
menacés d’extradition.

Palais de Justice
4 bd Palais, Paris 1er
Métro Cité


La lettre suivante, postée à l’instant même dans le site du Président,
avec une adresse d’email à mon nom, et mon adresse à Paris. Elle est une forme synoptique (le nombre de signes étant compté en ligne) d’une lettre plus exhaustive, que selon le jugement d’aujourd’hui j’enverrai ou non au Président par la poste.

Ce n’est évidemment pas une lettre révolutionnaire, mais une lettre de circonstances sur la question du droit en France qui est gouverné par le concept de république. Ce concept localement tel que restauré et innovant en matière d’élargissement du domaine public - par exemple la naissance de la sécurité sociale - par de Gaulle à la Libération ; toute modification institutionnelle et braderie du domaine public selon les règles mondiales et européennes étant, il reste que l’unité indivisible de la république demeure attachée à la cinquième sous laquelle nous nous trouvons encore, que l’on sache...

La "séparation des pouvoirs" dans la conception technique et gestionnaire avancée au moment du jugement favorable à l’extradition relève de la farce du procès en appel de l’affaire Sofri devant la cour Européenne des droits de l’homme - d’ailleurs instuite par un juge français, étrangement - où la séparation des pouvoirs fut avancée dans une conception rationaliste de la répartition des tâches qui ne relève absolument pas du droit français républicain.

Faire l’impasse de la république par la justice relèverait de la sédition du pouvoir qui l’instrumente (judiciaire se dévoyant, ou exécutif, ou législatif ? - on sait bien les pressions de la chancellerie et la volonté présidentielle, pour ne désigner personne, et sans déresponsabiliser le président de la cour d’appel qui a rompu avec son propre pacte, alors que justement la séparation des pouvoirs en France l’autorisait à ne pas obéir au pouvoir exécutif sur le cas de cette rupture symbolique).

Aliette
http://www.criticalsecret.com


Paris, le 28 septembre 2004
Monsieur le Président de la République,

J’ai l’honneur citoyen de vous demander la grâce de la mesure d’extradition
contre Cesare Battisti, de toute ma conviction républicaine loin des partis,
et comme héritière de parents qui ont participé, y compris dans l’exercice
de leur métier de médecin, de l’insoumission de la Résistance au plus tôt
contre le travail obligatoire en Allemagne, contre les nazis, contre la
Shoah, puis après avoir été intégrés par les F.T.P. reconnurent l’autorité du
gouvernement en exil à Londres. En France, la collaboration avec les nazis,
engagée dans la Shoah, ont rendu le devoir d’insoumission imprescriptible.

Ma famille a le coeur blessé par notre tante tourangelle, victime de la
délation d’une voisine collaboratrice, résistante morte dans des conditions
particulièrement atroces de tortures lui étant spécialement réservées, qui
la transformèrent en "musulman" s’acheminant de lui-même vers un peloton
d’exécution, dans un camp en Pologne, au point que son cas fut couché parmi
les plus sombres exemples dans un ouvrage de témoignage, après la guerre ;
lors d’une présentation publique de cet ouvrage ma grand mère, de ces
instituteurs natifs du monde paysan qui furent formés par la république,
entendit ce que sa belle-soeur était devenue, et put l’informer à ses neveux
adolescents alors qu’ils attendaient encore leur mère... Comprenez, dans ce
cadre, en quoi les lois du repentir qui légitiment la délation peuvent
atteindre des gens tels que nous, face aux accusations subies par les
anciens activistes et réfugiés politiques.

Je vous le demande au nom du pacte symbolique de l’unité de la
république, dont vous êtes le garant, dans un héritage gaulliste du bien
commun fondé par la résistance et la haute insoumission du Général de
Gaulle, puis sa capacité de réforme d’envergure, et d’amnistie après les
grandes fractures nationales, règles qui, depuis la dernière guerre
mondiale, ont toujours réussi à déjouer les guerres civiles sur notre sol,
quels que soient l’intérêt économique ou la raison d’Etat des enjeux et les
gagnant néanmoins, et résolvant les extrêmes individuels ou collectifs,
voir contre les factieux.

Règles qui, au contraire de l’incarcération imprescriptible, permirent de
maîtriser y compris la violence politique après les périodes de rupture,
grâce à la plasticité de la tolérance de la différence et des
convictions, et visant aux réconciliations nationales et à la paix civile
pour le développement du pays.

Cette unité républicaine mémorable, puisque je fais partie de ceux qui
purent encore l’apprendre à l’école, consiste dans un dispositif garde-fou
de la séparation des pouvoirs en France, protégeant l’Etat de la sédition ;
car chaque pouvoir en lui-même, exécutif, législatif, judiciaire, représente
respectivement la république une et indivisible d’elle-même - une et
indivisible de ses trois principes, de liberté, d’égalité, de fraternité en
ses pouvoirs séparés, la représentant chacun toute entière.

Ainsi, la séparation des pouvoirs en république française ne pourrait
cautionner une division technique des tâches telle que la Cour le présenta
lors du jugement favorable à l’extradition, sans dévoiler une crise
symbolique de l’Etat qu’il serait dangereux de poursuivre,
face à l’instabilité locale et mondiale des restructurations
post-industrielles où tous nous nous débattons, à tous les niveaux de la
société ou de la hiérarchie.

Souhaitant de tout coeur que vous voudrez bien être attentif à mes
convictions et qu’elles vous paraîtront légitimes, je vous prie de vouloir
bien agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mon
espoir, de ma confiance et de mon respect.

Aliette Certhoux