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Régionales en Bretagne

Publie le vendredi 5 février 2010 par Open-Publishing
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Réponse de J-Pierre ANFRE à "Communistes" 3/2/2010

aux camarades Olivier DARTIGOLLES, directeur de « Communistes »

Patrick LE HYARIC, directeur de l’Humanité

Marie-George BUFFET, secrétaire nationale du P.C.F.

Cher(e)s camarades,

La lecture de l’article paru ce jour dans « Communistes » sous le titre « Bretagne : le choix des Communistes » me conduit à prendre la plume.

Et tout d’abord à évoquer mon parcours personnel. Aujourd’hui âgé de 73 ans j’ai adhéré au P.C.F. en novembre 1956, quelques jours avant mes 20 ans, à l’issue des obsèques de camarades tués en défendant le siège de l’Huma contre les bandes fascistes qui se déchaînaient au lendemain de l’intervention de l’Armée Rouge à Budapest. Étudiant, sympathisant du P.C.F. depuis plusieurs années, j’avais des doutes réels sur les modalités - sinon sur le bien fondé - de la mise en pratique de « l’internationalisme prolétarien » qui venait de se produire. Mais totalement hostile à la guerre d’ Algérie qui faisait rage alors et pleinement conscient de l’instrumentalisation du drame Hongrois par les impérialistes Américains, leurs alliés Français - de droite ou socialistes - et nos néo-fascistes nationaux, je considérais que l’heure n’était plus aux états d’âme sur ce qui me déplaisait ou me semblait douteux en Union Soviétique mais que la situation me commandait de m’engager dans ce qui était à coup sûr la force démocratique et anticolonialiste de loin la plus conséquente dans notre pays.

Mon demi-siècle d’engagement – toujours en cours – au P.C.F. a été jalonné presque continûment par la même démarche. Démarche qui a été a des degrés divers – du moins à ce qu’il me semble - aussi celle de mon Parti de façon collective aussi bien vis à vis de l’Union Soviétique que de l’union de la Gauche après 1977 ou de notre vie interne jusqu’à il y a quinze ans. Parce que je croyais – et ne suis d’ailleurs pas sûr de m’être trompé sur ce point – que l’existence de l’URSS et du « camp socialiste » était un point d’appui pour l’émancipation des peuples et du monde du travail, j’ai voulu à toute force aussi longtemps que cela a pu sembler crédible et même un peu au delà croire et tenter de faire croire que le « socialisme réel » pouvait se réformer et se transformer un jour en socialisme tout court. De même tout en mesurant au long de 40 années de participation aux instances départementales de direction de notre Parti et comme délégué à trois de nos Congrès que tout n’allait pas pour le mieux dans le meilleur des Partis possible j’ai, au nom du même type de référence à des appréciations de l’ordre du « globalement positif », considéré que les défauts que je pouvais voir de près dans notre fonctionnement ne pouvaient annuler nos points forts essentiels : engagement de classe, attachement aux acquis des luttes ouvrières et de la pensée marxiste etc... En vertu de ce raisonnement j’ai en particulier adhéré jusqu’au bout au principe du « centralisme démocratique » : non parce que j’en avais une vision idéalisée – je savais les entorses qui pouvaient être faites à sa mise en pratique – mais parce qu’il me semblait globalement « moins pire » que les modes de fonctionnement des partis réformistes, gauchistes ou bourgeois... Nous avons finalement fait le choix de l’abandonner et, sans renier le Marxisme ni la réalité de la lutte des classes, de devenir - ou plutôt de déclarer vouloir être - aussi bien pour la France que pour notre vie interne le Parti de la « démocratie en tout et jusqu’au bout ». J’adhère sincèrement et pleinement à ce choix.

Et c’est là que j’en viens à l’article paru dans le « Communistes » de ce jour sur la Bretagne et le choix des Communistes Bretons en vue des Régionales.

Je n’aborderai pas ici le fait qu’un recours porté devant notre Commission nationale des conflits ait fait l’objet d’un traitement d’une totale légèreté sur lequel j’attends toujours que le camarade BRYNHOLE daigne répondre aux remarques qu’avec mes camarades cosignataires du recours nous lui avons adressé il y a maintenant plus de trois semaines le 11 janvier dernier.

Pour m’en tenir à l’article signé P.F. dans « Communistes » qui motive ce courrier, j’observe essentiellement que cet article est censé INFORMER ses lecteurs de l’ensemble de la France sur ce qui s’est passé parmi les Communistes dans notre région.

Or il passe sous silence le FAIT qu’au mois de novembre deux départements sur quatre ont majoritairement rejeté le texte proposé par les directions et les élus sortants. Les lecteurs de « Communistes » ignoreront donc ce fait qui est pourtant une part pour le moins non négligeable de la RÉALITÉ.

Comme ils ignoreront que la deuxième Conférence régionale de janvier qui n’a pu se tenir pour cause d’intempéries a revêtu finalement la forme originale ( et d’avenir peut-être ?! ) d’une conférence téléphonique....

Comme ils ignoreront que des sections entières et de nombreux adhérents ont refusé de prendre part après cette « conférence » à la consultation des 15 et 16 janvier parce qu’ils la tenaient pour une mascarade.

Comme ils ignoreront que les 1048 communistes qui ont donné à nos dirigeants départementaux la majorité relative de 63, 79 % des exprimés dont ils se gargarisent n’étaient dans l’absolu que 39, 6 % des 2644 adhérents dont on était censé solliciter l’avis.

Et comme ils ignoreront que de nombreux communistes et des sections entières ( une majorité dans mon département ) ont fait avec regret mais en toute conscience le choix de constituer avec les représentants régionaux qualifiés de nos 2 partenaires nationaux du Front de gauche – Parti de Gauche et Gauche Unitaire - mais aussi de la F.A.S.E., du mouvement des Alternatifs et du M.P.E.P., une liste qui aura l’originalité d’être la seule à porter l’ensemble de notre offre politique nationale et à faire référence au rejet du TCE ainsi qu’à notre combat contre le traité de Lisbonne dont le vote avait donné à Jean-Yves LE DRIAN l’occasion de menacer de quitter le P.S. si ses parlementaires ne le ratifiaient pas !

Cette liste est annoncée depuis plus de quinze jours et la direction nationale de notre Parti n’est pas sans le savoir. Elle sera bel et bien présente le 14 mars. « Communistes » fera-t-il - ou plus précisément maintiendra-t-il - le choix de faire comme si elle n’existait pas ?

Je regrette de devoir dire que si tel était le cas cela relèverait au niveau du principe de très anciennes pratiques de notre défunt « grand Parti frère » consistant à retoucher des clichés historiques pour en sortir Trotsky, Kamenev, Zinoviev...

J’ai, et je le regrette mais m’en suis expliqué dans la première partie du présent courrier, excusé ces pratiques durant une longue période de ma vie militante.

Parce que je prends au sérieux l’affichage des statuts actuels de mon Parti je ne saurais admettre que le camarade P.F. au prétexte d’informer censure une partie de la réalité. Et je ne pourrais comprendre que la direction nationale du Parti cautionne explicitement ou même tacitement de pareilles pratiques.

Sachant que « Communistes » se présente en sous-titre comme un « lien d’ÉCHANGES et de communication » je demande donc instamment que son prochain numéro donne un droit d’expression aux nombreux militants Bretons du P.C.F. qui ont fait le choix de constituer une vraie liste de type « Front de Gauche élargi ».

Et si cela paraissait ne pouvoir être accordé – au nom d’une primauté de la majorité sur la démocratie et sur le pluralisme qui resterait à débattre dans notre prochain congrès – je demande à tout le moins qu’un rectificatif aussi clairement visible que l’encart bleu paru dans le numéro de ce jour informe les lecteurs de notre bulletin de l’existence en Bretagne d’une liste totalement dans la ligne du Front de Gauche sur laquelle figureront davantage de membres de notre Parti Communiste qu’il n’en est annoncé sur la liste conduite par Jean-Yves LE DRIAN ;

Dans l’attente de savoir ce que vous en pensez je vous prie d’agréer mes salutations Communistes.

Jean-Pierre ANFRÉ

Adhérent PCF depuis 1956,

Membre du Comité et du bureau de section d’Antony (Seine-sud) de 1958 à 1963,

Membre du Comité Fédéral du Morbihan de 1968 à 2008,

et du bureau fédéral de 1986 à 1996,

Membre du bureau départemental de l’Amicale des Vétérans,

Maire honoraire de LANESTER.

Messages

  • Bravo ,camarade, de contester des décisions nationales "imbéciles" qui acceptent le ridicule politique de certains dirigeants fédéraux de Bretagne,de Bourgogne,de Lorraine,de normandie,de champagne-ardennes de s’allier avec le PS bourgeois pour conserver des strapontins indemnisés . Les militants du PCF doivent réagir lorsque les décisions de directions sont inadéquates à leurs idées . La stratégie d’aider le PS depuis le programme commun a fait des ravages dans nos rangs et a conduit à notre déclin électoral que nous avons du mal à surmonter . La lutte contre le capitalisme passe par la rupture avec la social-démocratie qui a accompagné les réformes antisociales du capital, la reprise en main de l’activité des sections partout par les militants eux-même , comme nous le faisons à Aubagne , est un signe que la délégation de pouvoir recule malgré la pression de certains élus communistes .

    Tout le pouvoir aux cellules peut créer les conditions d’un renouveau du PCF conquêrant et retrouvant toute sa place dans le jeu révolutionnaire alors que la crise du capitalisme s’accentue et résonne de discours agressifs contre la Chine , la Russie, l’amérique Latine ...L’oncle Sam a du mal à accepter la fin de son hégémonie tout comme la haute bourgeoisie du monde occidental .

    la classe ouvrière est durement frappée par cette crise , il lui faut réagir vite avec son parti de classe pour combattre le capitalisme et le mettre à terre et ouvrir enfin une voie originale vers le communisme .

    Le courage des communistes qui luttent contre la compromission et la corruption sera reconnu par le peuple malgré le rideau noir médiatique .

    Bernard SARTON,section d’Aubagne