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Expressions de « populisme mal dégrossi »
de Sylvain Besson
Pour le candidat socialiste aux régionales Ali Soumaré, le débat a consolidé les clichés
Ali Soumaré est devenu, malgré lui, l’incarnation des Français qui se sentent stigmatisés par le débat sur l’identité nationale. Traité fin janvier de « joueur de l’équipe réserve du PSG » par un élu de droite, ce cadre socialiste de Villiers-le-Bel, dans la banlieue nord de Paris, juge que le débat lancé par Eric Besson a encouragé une « logique de raccourci » : « Un Portugais est forcément maçon, un Noir, ou plutôt un jeune de banlieue, ne peut être que footballeur », déplore-t-il.
« Pas forcément du racisme »
Selon lui, « ce n’est pas forcément du racisme, ça fait plutôt partie d’un socle de clichés ». La discussion sur l’identité l’aurait consolidé, au point d’encourager les dérapages de certains politiques. Exemple : la secrétaire d’Etat à la Famille, Nadine Morano, a reproché aux musulmans de « parler verlan », le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin les a accusés de déferler « à 15 000 ou 20 000 sur la Canebière », en brandissant le drapeau algérien.
« Ce sont des choses subconscientes, qui sont profondément ancrées », analyse un fonctionnaire qui a participé à l’organisation des débats. Mais, à part quelques expressions spontanées de « populisme mal dégrossi », il estime que le nombre d’écarts de langage a été faible.
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Quant à Eric Besson, son document de synthèse affirme que la discussion s’est déroulée « dans la sérénité, grâce à une organisation soignée ». Son seul regret est de n’avoir pas eu recours, dès le début, à un comité d’intellectuels qui aurait pu rendre le débat plus « constructif » – et plus raffiné.