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Usage et contre-usage du "Tous Pourris"

Publie le samedi 6 février 2010 par Open-Publishing
9 commentaires

de Patrick MIGNARD

 

 

Il m’a été, et il
m’est, souvent reproché, au travers de mes écrits, d’accréditer
implicitement,
par les critiques faites, le « Tous pourris ! ». C’est
évidemment un peu court comme analyse et mérite un éclaircissement.
C’est le
but de ce texte.

 

 

Il est des mots, des expressions qui,
sans être interdits ou injurieux, valent leur poids de signification
ambiguë et
à « double sens ». Les prononcer expose, celle ou celui qui s’y
aventure, à l’opprobre des bien pensants « démocrates » et 

« républicains ».

 

Il
est de bon ton de faire croire que « tous
pourris
 » tient lieu d’analyse politique, ce qui permet aux élus de
faire leurs petites et grandes affaires, en sauvant les apparences, et
aux
fidèles militants de continuer à croire à ce qu’ils font sans trop se
poser de
questions.

 

Expression,
certes peu élégante, elle exprime le décalage abyssal qui se creuse
entre la classe politique, privilégiée, et le
reste de la société civile a qui sont demandés, par cette même classe,
tous les
efforts et sacrifices. Même si elle – cette expression - fait peur dans
une
« démocratie », elle met l’accent sur les limites et contradictions
de cette dernière.

 

 

L’OMBRE SINISTRE DE L’EXTREME-DROITE

 

 

Le
gros argument pour condamner l’expression est de dire qu’elle a pris
naissance
dans le discours de l’extrême-droite. C’est incontestablement vrai.

 

La
droite conservatrice, celle qui n’a
jamais accepté la République, le « gueuse »,
n’a eu de cesse depuis la Révolution Française, de cultiver la
nostalgie des
privilèges de l’Ancien Régime et de nier la volonté d’égalité
sociale
du nouveau. En ce sens, les « représentants du
Peuple » étaient tout naturellement désignés comme cibles… et il était
de
bon ton de les accabler des dérives les plus sordides,… pensant qu’en
les
condamnant, on les déconsidèrerait aux yeux de leurs électeurs, le
Peuple…
fragilisant par là même le système honni.

 

De
l’émeute fasciste du 6 février 1934,
au « poujadisme » de
l’après guerre (1956),… et jusqu’au Front
National
… le credo du « tous pourris », est resté un grand classique de l’extrême-droite.

 

Mot
d’ordre qui se voulait mobilisateur, et qui ne l’a jamais été,… il faut
dire
qu’il était utilisé par des individus qui loin d’avoir les « mains
propres
 », avaient surtout
pour objectif de prendre la place de ceux qu’ils dénonçaient.

 

Pourtant,
le nouveau pouvoir, la République,
n’a que très imparfaitement liquidé les scories politiques du passé et
largement fait dégénérer ses propres principes, prêtant ainsi le flanc
à des
critiques faciles, souvent mal intentionnées, mais hélas en grande
partie
fondées.

 

 

CLASSE POLITIQUE ET POUVOIR CORRUPTEUR

 

 

Ce
que l’on appelle généralement la classe
politique
n’est pas un ensemble homogène, ni de part sa
composition, ni de
part ses objectifs et sa manière de fonctionner.

 

Entre
l’élu de la petite collectivité
territoriale
qui consacre une partie de son temps libre aux
affaires
publiques, touchant une maigre indemnité, sinon rien, - et qui mérite
d’être
loué - et le politicien professionnel,
grassement payé, généralement cumulant plusieurs fonctions, élu d’une
grande
ville ou du Parlement, sans parler du Gouvernement… il y a un abîme….
Pour ne
pas dire une frontière de classe. Les
noms sont connus de tous !

 

Celui qui fait problème, n’est pas le
premier, mais bien le second
.
En
effet, on fini par se demander ce qui le motive,… et même si,
officiellement,
il clame que c’est le « service du
bien public
 »,… on est en droit, aux vues de certaines de ses
pratiques et de ses conditions de vie, d’en douter… sans parler de la
hargne
qu’il met à conserver ce pouvoir.

 

Pourtant, il est manifestement politiquement
incorrect
d’aborder le
sujet au risque de se faire traiter de « poujadiste » -
de gauche dans le meilleur des cas - et de
« mettre en péril la démocratie »
( ?).

 

Ce
n’est pas un scoop, de dire que le
pouvoir corrompt
, peut-être pas tous, mais la plupart…. Et les
autres se
taisent.

 

Les

conditions avantageuses liés au pouvoir
ont une explication : à l’origine, au 18e siècle, elles
permettent
de, pour garantir l’indépendance de l’élu, le mettre à l’abri de la
corruption
et des puissances d’argent. L’intention est certes louable. Le problème
c’est
qu’elle a complètement était détournée, et cette « garantie
d’indépendance
 », s’est vite transformée en « privilège
de pouvoir
 »… ce qu,i par
ailleurs, n’a pas du tout empêché les tenants du pouvoir d’être
dépendants des
puissances d’argent. (des noms ?).

 

Autrement
dit, aujourd’hui, être au pouvoir, ou dans ses sphères, est une rente de situation, un véritable fromage
qui en tente beaucoup… C’est moins dangereux de se faire élire que de
faire un hold up.

 

Non
seulement la situation, les privilèges (maintes fois publiés dans la
presse),
les pouvoirs de la classe politique doivent faire s’interroger tout
citoyen
responsable, mais, cette situation même doit nous faire interroger sur
la notion de pouvoir. Or cet impératif
politique et citoyen a été totalement gommé de la conscience collective
politique. Celle-ci est amputée d’une partie fondamentale qui devrait
en
constituer le fondement, l’essence.

 

Cette
myopie politique, qui s’apparente à une forme de religiosité laïque et
à un
suivisme aveugle, voire une lâcheté, dans la parole et les actes des
« élus » permet de passer sur toutes les affaires louches (des
exemples ?) auxquelles se livrent les politiciens (des noms ?),… et à
se laisser perpétuer une situation qui va en empirant au grés de
l’accroissement
des inégalités sociales et de la dégénérescence du système.

 

 

LE DENI

 

 

C’est
bien à un déni citoyen, ou plutôt anti-citoyen,
auquel nous assistons. La
responsabilité du citoyen s’arrêterait à l’acte
de désignation
de l’élu,… le reste ne lui appartenant plus,…
jusqu’à la
prochaine élection.

 

C’est
une curieuse conception de la démocratie lourde de dangers et de
dérives. Rente de situation, privilèges,
finissent par induire des dérives au
point que l’on ne fait plus la différence….

 

Et
les dérives ne manquent pas. Cette irresponsabilité
post électorale,
alliée au caractère
corrupteur du pouvoir
, aboutit à la situation que nous
connaissons,… et pas
qu’en France : la constitution d’une classe sociale largement parasite,
souvent incompétente et se donnant les moyens financiers, médiatiques,
légaux,
psychologique,… de sa réélection.

 

Tout
se passe comme si la légitimité populaire
– le fait d’avoir été élu – permettait tout, ou à peu près tout…
aboutissant
finalement à une forme de « totalitarisme
démocratique
 ». Un comble !

 

Cette
fausse pudeur, qui fait baisser les yeux sur les scandales
politico-financiers,
qu’une justice de plus en plus manipulée et contrôlée évite
soigneusement ou
traite avec la plus extrême « délicatesse » et bien veillance,
conforte des aigrefins (des noms ?), arrivistes (des noms ?) et
profiteurs (des noms ?) à accéder au pouvoir…. Les autres, les
« honnêtes » gardent un prudent et révélateur silence ( ?)

 

En
l’absence d’un contrôle permanent, post
électoral
, les dérives sont inévitables,… or le système politique
est fait
de telle manière que le statut d’élu
échappe complètement au citoyen un fois l’élection passée…. jusqu’à la
prochaine élection
, ce qui n’est d’ailleurs aucunement une garantie
(des
exemples ?). C’est donc la structure
même du pouvoir qui est en cause et à revoir
… et au-delà de la
structure
institutionnelle du pouvoir, ce qui le soutend : les rapports
sociaux
. Or de cela, ni le système, ni les politiciens ne
le souhaitent… et pour cause !

 

On
fera remarquer que ce n’est pas la situation
personnelle
de l’élu qui est l’essentiel mais que c’est le système dans son ensemble. Certes, mais
ce qui fait barrage au changement du système c’est l’élu qui en profite
et verrouille
toute possibilité de changement.

 

Alors,
« Tous pourris » ? On
le voit ce serait simpliste de l’affirmer,… il y a des degrés dans
l’abjection,
dans la compromission (des noms ?), la malhonnêteté (des noms ?),
l’arrivisme (des noms ?), le népotisme (des noms ?), le détournement
de fonds (des noms ?), le trucage de listes électorales (des noms ?),
le trafic d’influence (des noms ?), l’achat de voix (des noms ?),
l’abus de biens sociaux (des noms ?), le mensonge (des noms ?), dans
la veulerie et la lâcheté (des noms ?). Il y a probablement des
innocents
dans le lot, mais leur silence – on ne crache pas dans la soupe… et
elle est
bonne - incite à la suspicion généralisée.

 

On n’a jamais vu des élus se mettre en
grève contre les décisions du peuple, l’inverse est beaucoup plus
fréquent.
Il y a là
incontestablement un message. La démocratie, au-delà des
grandes
déclarations et des apparences, marche à
l’envers
.

 

 

 

Devant
l’ampleur de la catastrophe sociale – dont les élus portent une grande
responsabilité -, le manque manifeste de volonté des politiciens
d’aborder les
vraies questions et la coupure qui s’est instaurée entre leurs
conditions de
vie et celle du reste de la société civile, la suspicion ne peut être
que
légitime et générale à leur égard. Le discours uniquement fondé sur la
légitimité de l’élu et l’absence de réflexion critique sur les
privilèges qui
s’attachent au pouvoir est nul et non avenu.

 

Une
telle situation, loin d’être garante d’une stabilité politique et de la
paix
sociale est lourde de menaces d’explosion de rancœur, écoeurement et
révolte. On
peut comprendre qu’une majorité de
citoyens n’aient plus confiance dans les politiciens
.

 

Le
manque d’alternative politique sérieuse et l’opportunisme effarant de
toutes
les organisations politiques à l’égard du pouvoir, contraint de fait,
par
suivisme, crainte et manque d’initiative une majorité à aller voter
(faute de
mieux). Ce n’est pas ainsi que la stabilité et la paix sociales seront
assurées.
Le dégoût s’étend, la lassitude gagne et la pression monte !

 

Il
est temps de réinvestir l’économie, le social et le politique sur des
bases
nouvelles.

 

 

Février
2010     
Patrick
MIGNARD

 

Messages

  • Dit en chanson écoutez le texte de Jean-Pierre Chabrol chanté par Jofroi "Le petit notable". "La mairie est sa mare, il en est la grenouille..."

  • Pour Platon, la condition de l’homme publique devait paraître obligatoirement moins avantageuse que celle du citoyen moyen afin de décourager les arrivistes. Autres temps, autres moeurs.

  • Dialectique ou es tu ?

    Le Pentagone, veritable pouvoir US gardien de la suprematie du dollar,gendarme du monde,n’existe pas pour la majorité des militants politiques...noyés dans l’electoralisme et le localisme .

    C’est pourtant les seuls militaires au monde qui ont
    fait usage par 2 fois de la bombe atomique.

    Ils ont reussi depuis a detourner personnaliser la vindicte populaire sur les differents leaders US qui ont mené leur politique, et ils continuent la guerre mondiale contre les peuples en toute impunité..., gachant d’immenses ressources, polluant partout, au prix de millions de morts.

    Malgré la crise,les depenses militaires mondiales ont augmentées en 2008,et surement en 2009,la crise du complexe militaire va t elle ressurgir ?

    Forte proportion de passagers liés à l’armée dans le vol 77 qui aurait percuté le Pentagone

    par Pino Cabras*

    Nombreuses sont les incohérences concernant le Vol 77 d’American Airlines qui a prétendument percuté le Pentagone à 9h37 le 11 septembre 2001, nous ne les enumèrerons pas ici, d’autres articles de ce site en donnent une liste détaillée. Mais de nouveaux éléments sont apparus récemment, fruit d’investigations effectuées par des journalistes indépendants. Nous vous livrons ici un extrait du livre Strategie per una guerra mondiale de Pino Cabras. Il y relève l’étrange proportion de passagers travaillant pour le secteur militaire dans le Vol 77, et qui officiellement auraient trouvé la mort le 11-Septembre au Pentagone......

    http://www.voltairenet.org/article163869.html

    On attend toujours une denonciation argumentée
    publique par les candidats leaders aux elections...en Occident,en France pour la campagne des regionales ?

    Des millions de professions de foi distribuées depuis des decennies n’ont apporté aucune lumiere ni sur ce sujet ,ni sur d’autres comme la “dette” et la creation monetaire par les banques, la BCE,les agences de notation,etc.

    Et la plus enorme question n’est meme pas discutée ni posée,combien de miliers de milliards de $,€, les banques se sont elles accordées a elles meme,d’aides
    juste par l’auto creation monetaire, en deposant en garantie aupres des banques centrales des ”valeurs” sans valeur,sachant qu’elles utilisent au moins un facteur 8 dans la creation de credits...

    La Banque des Reglements Internationaux tient une reunion confidentielle ce week-end en Australie des banques centrales :

    Bank for International Settlements Holds Secret Banker Meeting

    George Lekakis and Fleur Leyden
    Herald Sun
    February 6, 2010

    The world’s top central bankers began arriving in Australia yesterday as renewed fears about the strength of the global economic recovery gripped world share markets.

    Representatives from 24 central banks and monetary authorities including the US Federal Reserve and European Central Bank landed in Sydney to meet tomorrow at a secret location, the Herald Sun reports.

    Organised by the Bank for International Settlements last year, the two-day talks are shrouded in secrecy with high-level security believed to have been invoked by law enforcement agencies...

    http://www.blacklistednews.com/news-7302-0-13-13--.html

    Le dégoût s’étend, la lassitude gagne et la pression monte partout
    et surtout aux USA, G.B. ; RFA etc.

    La plus paradoxal que c’est des courants politiques qualifiés a “droite” (Tea party aux USA) qui critiquent le plus et qui mettent en crise le plus le systeme de representation completement depassé et ayant prouvé depuis plus de 2 ans son incapacité a reformer le systeme.

    Les exigences d’en bas vont elles imposer l’audit de la FED,de la BCE, de la BoE, etc,afin de prouver que les aides accordées aux megabanques ont été detournées et suramplifiées a leurs seuls profit par le mecanisme de l’auto creation monetaire ?

    La video sur le net annonçant un auto soutien reel au systeme bancaire de 23 700 milliards de $ au lieu des 700 milliards officiels,destabilise la société US.

    Venant a la suite, un appel a la greve generale nationale pour les 15/18 avril :

    We, The People, Call For Total National Strike April 15-18

    From Karen

    TaxFree15.com

    1-31-10

    http://www.rense.com/general89/tax.htm

    Les remous monetaires de la semaine qui vient seront un debut....

    Face au chaos des aventures fascisantes potentielles, l’alternative emancipatrice mondiale est l’urgence .

  • Entièrement d’accord avec ton article , rien à retirer ...Même au PCF nous avons des élus complices..Il faut donc nettoyer les écuries d’Augias en créant une république citoyenne sans apparatchiks et sans indemnités . Au peuple de créer cette vertu republicaine dans la gestion de ses propres affaires avec la socièté communiste à construire où tout le monde participe à la gestion du patrimoine national et à la répartition de richesses produites .

    Un monde nouveau à faire émerger où les valets conscients et inconscients du capitalisme auront rejoint les poubelles d l’histoire ..

    Bernard SARTON,section d’Aubagne