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Fausto Bertinotti : "Les ennemis de Bush ne sont pas nos amis"

Publie le vendredi 1er octobre 2004 par Open-Publishing


Interview de Fausto Bertinotti dans l’Unità

De Roberto Rossi

Il cite Pietro Ingrao pour condamner, mais aussi pour mettre en garde : « Pour être efficace contre la guerre, il ne faut pas être équivoque contre le terrorisme ». Et il ajoute : « Pour pouvoir être efficace contre le terrorisme, il ne faut pas être équivoque contre la guerre ». Fausto Bertinotti, secrétaire de Refondation communiste, revendique avec force le succès de la manifestation de samedi « Le vent tourne - paix et justice sociale » organisée à Rome par son parti pour crier « non » à la guerre en Irak, mais il prend ses distances par rapport à tous ceux qui, « très peu, une frange marginale du cortège », ont crié des slogans macabres sur Nassirya.

Que pouvons-nous dire à cette frange ?

Une chose simple : ce n’est pas vrai que les ennemis de Bush sont nos amis. Nous repoussons cette thèse.

Ce ne sont que des irresponsables, alors ?

Ne faisons pas l’erreur de penser qu’il ne s’agit que d’une poche d’irresponsables. Cette idée, hélas, même si elle est minoritaire, est présente dans le monde. Je ne voudrais pas que tout se réduise à un provincialisme banal. Parce que si on lit les textes qui circulent dans le monde, on pourra se rendre compte que des hommes très influents de la culture tiers-mondiste et de gauche soutiennent cette thèse.

Qui par exemple ?

Je ne voudrais pas citer de noms, mais il suffit de voire quelques meetings tiers-mondistes ou de lire la littérature qui circule ces derniers mois. A Londres, à l’occasion du Forum social du 15 au 17 octobre, nous en aurons, hélas, la démonstration. Cette chose ne doit absolument pas être envoyée par-dessus la jambe.

Comment peut-on combattre ou défendre cette thèse ?

Par le parcours que les forces comme la nôtre ont fait. Dans le passage à la non violence, dans l’idée que la guerre à la guerre n’a plus de valeur, mais qu’on gagne par la paix et le pacifisme. Et naturellement pour la développer il faut aussi défaire les thèses de droite présentes aussi chez les forces progressistes.

Auxquelles faites-vous référence ?

A celles qui disent qu’il y a de bonnes guerres. Qui reconnaissent que cette guerre est mauvaise mais que si elle était autrement habillée, si elle avait les vestiges d’une organisation internationale, alors elle serait acceptable. On doit penser, au contraire, que la guerre est un tabou et reconnaître qu’à la guerre il faut opposer le désarmement et de grandes puissances démocratiques pacifistes.

Ou alors ?

Ou alors il est évident que ces thèses que je considère si graves et dangereuses peuvent percer aussi dans quelques milieux qui n’arrivent pas à voir une perspective différente pour battre la guerre et ne se rendent pas compte que le terrorisme et la guerre sont absolument spéculaires.

Pour revenir à la manifestation, quel impact a pu avoir le comportement de cette frange marginale ?
Aucun. Il ne s’agit pas ne nos paroles. Heureusement, nous nous sommes immunisé contre les contaminations de ce genre. Elles ne nous touchent pas le moins du monde parce qu’elles ne le peuvent pas. Mais il sera bon de se rendre compte que ces thèses existent dans le monde et sont en train de se diffuser.

Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao

Sourse :

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=5825