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la normalité, ou la volonté ?

Publie le mardi 23 février 2010 par Open-Publishing

Je suis tombé, l’autre jour, sur une émission traitant de la taille des êtres humains, où étaient interrogés deux parents décidés à traiter leur enfant contre sa petite taille. Petite taille relative d’ailleurs, et qui apparemment n’était en rien pathologique : tout allait très bien chez ce petit. Il semblait juste un peu moqué à l’école, et avait effectivement développé un certain complexe à cet égard. A ce qu’en disaient les parents, ils s’étaient résignés à faire des injections quotidiennes (ou hebdomadaires je ne sais plus) à leur enfant, pour le bien de ce dernier, et à cause de la « méchanceté » de la société. Ainsi, le pauvre petit prenait ses injections avec plaisir, et on voyait les parents lui dire qu’avec ça il grandirait, en espérant lui ôter ainsi ce qui était devenu un handicap.

Quelle stupidité ! ce pauvre gamin, s’étant forgé un complexe par l’obsession de ses parents, se verrait sans doute dans quelques années obsédé par sa taille, et peut-être complexé par les effets des hormones de croissance.

Mais ce n’est pas tout : des parents, au nom de cette « méchanceté » de la société (et sûrement un peu aussi face à leurs propres complexes quand des amis leurs font remarquer que leur petit est plutôt « petit pour son âge »), en viennent à faire naître chez leur enfant une obsession sans résoudre le complexe. Le temps et l’énergie qu’ils dépensent à faire devenir « normal » leur enfant sont sans doute plus importants que ceux qu’ils auraient pu prendre à le décomplexer, et en même temps appuient, renforcent sans arrêt le complexe du petit en lui signifiant bien qu’il n’est pas dans cette « normalité ».

Cette histoire montre bien comment fonctionne la société aujourd’hui : pour un semblant de « normalité », elle est capable de toutes les « anormalités ». au lieu de chercher à régler le problème en l’acceptant de front, elle préfère le garder enfoui tout en s’en créant d’autres en l’enfouissant. la notion de « normalité » est une des réussites du monde capitaliste, car elle rejette la différence source de désordre. On le voit bien avec tous les problèmes actuels de burqa ou de tee-shirt pro-palestiniens : ce qui n’est pas considéré comme normal est au mieux suspect, et au pire coupable. Cette notion est bien pratique pour tout gouvernement, car elle permet de surveiller tout le monde en un seul coup d’oeil : mettez un pull rouge entouré de mille pulls noirs, vous verrez ! Ainsi il est très facile de repérer ce qui est différent. D’autant que, comme dans le cas du petit garçon de l’histoire, les parents ne désirent jamais que leur petit « se fasse remarquer ».

Le pire dans tout ça, c’est que la société agit avec le peuple comme avec les parents avec leur fils : au lieu d’accepter notre relative « anormalité », elle préfère nous faire subir tout au long de notre vie tellement de choses « anormales » que nous finissons par nous ressembler tous. Comme le petit garçon, nous finissons par nous conformer à l’idée qu’on avait de nous, et acceptons de perdre jusqu’à notre propre volonté ; cette perte de volonté propre que nous avons tous en commun, remplacée par la volonté conditionnée : réussir en étant “normal”…

Pourtant, quand on regarde le parcours de ceux qui ont « réussi », on s’aperçoit que souvent ils n’étaient justement pas « normaux ». Que ce soit dans le « bien » ou dans « le mal », toutes les grandes figures qu’a retenues l’Histoire sont celles dont la volonté a dépassé le conditionnement acceptant leur différence. Ils ont appris à se décomplexer en s’assumant, et on refusé de se soumettre au conditionnement de leur environnement.

Il faut apprendre à nos enfants que leur différence est une chance, et aux adultes qu’ils ont abandonné leurs rêves en devenant semblables. Et il faut aussi leurs apprendre qu’ils sont tous semblables dans leurs différences, en même temps que les adultes sont tous différents malgré leur similitude…cela doit pouvoir ouvrir des perspectives !

Alors peut-être, un jour, n’aurons-nous plus besoin ni d’hormones de croissance, ni de cures de jouvence.

Caleb Irri

http://www.calebirri.unblog.fr