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Colombie : les exactions contres les indigènes continuent, dans le plus grand silence.

Publie le jeudi 25 février 2010 par Open-Publishing

Encore une semaine terrible en Colombie, la communauté indigène pleure encore ses morts. Hier soir (heure de Colombie) un membre du Tissus de Communications de l’association indigène Nasa l’ACIN qui développe tout un réseau d’entraide et de formations dans la région du nord Cauca a été froidement abattu, au hasard (d’autres victimes sont à déplorer) par un groupe armée en uniforme.

Hier également, l’Organisation Indigène d’Antioche a fait l’annonce publique de la mort d’un bébé d’un mois suite aux traumatismes subis durant le bombardement de son village par l’armée de l’air. L’armée de terre occupant le village ayant quant à elle empêcher toute communication vers l’extérieur qui aurait pu apporter des soins au nouveau né.

La stigmatisation par l’État des populations indigènes pacifiques reste l’axe central de ses actions de soit disant pacification des zones rurales, qui au final ne servent qu’à éliminer toute forme d’obstacle à l’exploitation des ressources naturelles par les multinationales.

La guerre nous l’arrache un tisseur de vie, de rêve et d’espoir


Andrés Muelas

Andrés Fernando Muelas, son sourire chaud et sincère nous irradie encore. Cela que dans des moments de douleur comme de maintenant il nous anime et il nous rappelle que nous devons continuer de lutter.

Ils ne sont pas fatigués de causer de la douleur. Hier dans la nuit le compañero Andrés Muelas a été fauché par l’impact d’une balle, alors qu’il rentrait chez lui à moto. Il était près de 22h30, au lieu-dit El Frutal à cinq minutes du croisement de Mondomo, quand des hommes en uniformes militaires sont apparus sur la route en tirant sans discrimination. Suite à cette exaction le conducteur d’un tracteur a également été assassiné et quatre autres personnes qui étaient sur la route ont aussi été blessées. Les responsables de ce crime n’ont pas été identifiés, mais nous savons que dans ce secteur opèrent plusieurs groupes armés.

Andrés Muelas a commencé son travail communautaire en tant que coordonnateur du groupe Juvénile du village de Concepción au Nord du Cauca d’où il est originaire. Il a été un membre actif du mouvement en étant tout à tout alguazil, secrétaire et trésorier. Dans cet espace a aussi coordonné avec d’autres collègues le Programme de Communication et la Zone de Planification. Par son leadership et sa clarté malgré sa jeunesse la communauté l’a nommée coordonnateur du Projet Communautaire Sa’t fxine Kiwe (Territoire écrit par les Caciques). Il a fait partie du Tissu de Communication de l’ACIN au niveau de la production, il a été auxiliaire de santé et musicien du groupe "Son rumbero" de son village. Dernièrement ce compagnon et ami travaillait dans les environs en tant que coordonnateur du programme d’éducation pour des jeunes et des adultes de l’ACIN.

Aujourd’hui les balles assassines de ces messieurs de la guerre qui se croient propriétaires de la vie, menacent, déplacent et emptortent nos territoires et nous arrachent nos vies. Alors que les communautés de Jambaló, de Caldono et de Cajibio n’ont pas encore réussi à assimiler les impacts des confrontations armées de dont ils ont été l’objet le week-end dernier, cette guerre absurde recommence à attrister et à remplir de douleur le Peuple Nasa du nord du Cauca.

Actuellement, le territoire est totalement militarisé avec plusieurs barrages sur les routes. Sans aucune doute ce fait sera encore une excuse pour renforcer la présence militaire dans tous nos villages. Cela s’ajoute à l’ordre présidentiel de renforcer avec 5000 soldats supplémentaires les forces armées présentes sur le territoire. Les uns disent qu’ils luttent pour nous, les autres disent qu’ils luttent pour nous protéger. La vérité c’est qu’aucun d’entre eux ne défend la vie et leurs stratégies de terreur cherchent à nous arracher notre territoire pour en finir avec les ressources de notre Mère la Terre.

Andrés, ta famille, ta communauté et ton peuple pleurent ton départ. Aujourd’hui tu voyages pour te retrouver dans le ventre du Territoire du Grand Peuple pour accompagner ceux qui ont donné leur vie au nom de la liberté, au nom de tous les peuples du monde. Ta lutte ne sera pas vaine, il approche, le jour où nous les peuples dignes briserons les chaînes de la cupidité et de l’oppression, et où nous recommençons à sentir que nous avons droit à la vie. Et ce jour, Andrés, ton nom sera avec nous tous, accompagnant et guidant le chemin de ce peuple qui t’a vu grandir.

Bon voyage compañero !
(jointe plus bas la dernière interview d’Andrès datant du 16 février dernier)

Le bébé victime d’un bombardement dans la Haute Goyave est décédé


Une mère du village Urada-Jiguamiandó

COMMUNIQUÉ POUR L’OPINION PUBLIQUE

L’Organisation Indigène d’Antioche a le regret d’informer l’opinion publique nationale et internationale, que vendredi dernier, 19 février, à 11h25, a eu lieu le décès du bébé d’un mois, fils de Celina Majoré, qui avait été victime du bombardement effectué conjointement avec la Force Aérienne par la 17° Brigade de Carepa, le 30 janvier 2010 dans la communauté de Haute Goyave, village indigène Urada-Jiguamiandó.

Bien qu’une autopsie n’ait pas encore été pratiquée afin de déterminer la cause de la mort de l’enfant, nous pouvons affirmer que ce fait lamentable a possiblement un lien avec les traumatismes dont souffrait le bébé, occasionnés par les multiples impacts des bombes qui ont été lancées par l’armée contre le "tambo"[NDT : ???] où il se trouvait en compagnie de sa mère et de trois autres personnes, parmis lesquelles deux sont encore hospitalisées.
De même nous dénonçons qu’il n’a pas été possible de secourir ce mineur parce que l’armée qui occupent actuellement le villade d’Urada-Jiguamiandó, a empêché une quelconque communication entre la communauté, l’Organisation Indigène d’Antioche ou toute autre organisation indigène, en réalisant une assignation à résidence forcée pour tout le village.

Ces faits configurent une infraction claire et ouverte aux Droits de l’homme et aux normes du Droit international Humanitaire de la part de l’armée colombienne, qui n’a pas seulement bombardé mais qui a en plus empêché d’apporter des soins à l’enfant malgré la demande explicite de la communauté. L’Organisation Indigène d’Antioche responsabilise la 17° Brigade de Carepa et les Force Aérienne de l’Armée Nationale pour ces faits terribles et rejette l’occupation militaire à laquelle sont soumis les villages indigènes, les restrictions que cette occupation implique, et en appelle au gouvernement colombien au travers du Ministère de la Défense et la Présidence de la République pour qu’ils assument leur responsabilité quant à ces faits. l’OIA en appelle également aux institutions de la justice (le Ministère Public) afin d’initier immédiatement les enquêtes qui doivent être menées et placent sous contrôle judiciaire les responsables directs, pour que ces crimes ne restent pas impunis.

De même nous en appelons à la solidarité et à l’accompagnement de toutes les organisations sociales et communautaires nationales et internationales qui se préoccupent du respect des Droits de l’homme, et en particulier des Droits des Peuples Indigènes, pour qu’ils condamnent ces délits de lèse humanité.

Pour la défense de la vie, du territoire, de l’unité, de la culture et de l’autonomie
Conseil du Gouvernement Indigène
Organisation Indigène d’Antioche

Medellín 22 de febrero de 2010.
e-mail : indigena[at]oia.org.co Web : http://www.oia.org.co

Tel : 284 48 45 Fax : 291 00 08
Cra. 49 # 63 – 57 Medellín – Antioquia – Colombia_

Source : Nasa ACIN
"La guerra nos arrebata un tejedor de vida, sueños y esperanzas "
"Falleció el bebe, víctima de un bombardeo en Alto Guayabal"
Traduction : Primitivi

info mp3

http://www.primitivi.org/spip.php?a...