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A propos de G Frêche : faut-il en rire ou en pleurer ?

Publie le mercredi 3 mars 2010 par Open-Publishing
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Le FN, il ne le drague pas officiellement. Mais il fait, depuis son élection à la mairie en 1977, les yeux doux aux pieds noirs. Bien qu’anticolonialiste à ses années étudiantes, puis brièvement maoïste, « il est l’héritier de la gauche colonialiste façon troisième République. Son sentiment de supériorité paternaliste envers l’immigré africain explique beaucoup de ses dérapages, assure Silvain Pastor (Verts). C’est un cas pathologique de potentat finissant. Il n’a plus d’amis, que des clients. Il sait tout, contrôle tout, réfléchit pour les autres. Je le verrais bien à la tête d’une junte sud-américaine. Il se prétend rempart contre le FN mais parle comme Le Pen, avec qui il a bien des points communs. »

Un Le Pen de gauche ? Frêche conteste : « Ah non, c’est ridicule. Si ça veut dire parler la langue du peuple, c’est la seule corrélation. » Il réfléchit : « Parler direct, c’est être Le Pen ? Extraordinaire ! Je le connais depuis la corpo et la fac de droit à Paris. Je l’ai toujours combattu. Et ici, il n’a jamais dépassé 11%, grâce à mon action. »

Alain Jamet (FN), qui l’a affronté trois fois aux municipales, confirme : « Frêche prenait au Front un tiers de ses électeurs. On a fait chaque fois 11%. Six mois plus tard, dans une cantonale, sans lui, je faisais 18%. »

Jamet connaît le bonhomme. « C’est un dictateur. Tout le monde est con, sauf lui. Il explose pour un rien. Il est roublard et ne peut résister à un bon mot ou une attaque perfide. Mais je n’ai jamais été traité de con. Je crois que je suis quasiment le seul. »

Pourtant, Jamet le pratique depuis sa première législative gagnée, en 1973 : « Il est venu nous demander de nous désister pour lui. Je n’ai même pas accepté de le recevoir. » Sur le fond, admet l’élu FN, Frêche est populiste, « avec un grand P ». « Pour moi, ce n’est pas un défaut. Il est proche du peuple comme nous le sommes. Maintenant, il se régale. Il s’est transformé en victime. »

Et d’abord du PS, un parti dont on sait ce qu’il pense : il a écrit en 2007 un livre titré Il faut saborder le PS. Il résume : « Je suis né socialiste, je suis à gauche et je mourrai à gauche. Mais les socialistes ont perdu les voix des ouvriers. Ils n’ont que les voix des bobos. Nous, on a gardé la confiance des gens simples. »

Bien que hors du PS, il y pèse : les cadors socialistes viennent faire la danse du ventre devant les milliers de cartes de militants qu’il contrôle et qui lui ont permis d’être adoubé tête de liste à 90%, en décembre. « J’y ai beaucoup d’amis : Peillon, Collomb, Guérini...Si Martine Aubry quitte son poste, le prochain premier secrétaire sera un ami à moi. J’ai d’ailleurs beaucoup d’amis qui sont candidats pour la présidentielle. Mais ils ne vont pas le dire maintenant. »

On peut les deviner à travers son tiercé pour 2012 : dans l’ordre, DSK, Royal, Hollande. « Mais ça peut varier. » S’il n’a « pas envie de revenir au PS », il jubile d’y semer la zizanie. Se prétend « anar, un peu beaucoup, Ni Dieu ni maître ».

Forcément : au-dessus, il y a Frêche, un surdoué jamais contredit, élevé par sa grand-mère et sa mère. « Ma mère était socialiste jusqu’au bout des ongles. Il fallait que je sois toujours premier, sinon c’était une baffe. J’étais premier partout. »

Modeste, toujours. De son père militaire, il a gardé l’amour du combat. Conseiller général PS de l’Hérault, Philippe Saurel, un fidèle, voit en Frêche un « homme des Lumières, despote avec les traitres, pas avec les gens qu’il respecte ».

Et assure que Frêche a comme devise : « L’épée l’emporte toujours sur le bouclier. » Son socialisme est un art de combat, semblable à celui de Defferre à Marseille. Le commerce des idées y est secondaire, car elles entravent l’action. La politique s’y vit en deux phases : conquérir le pouvoir puis le conserver. Autocrate ? « Mais construire un fief, le contrôler, c’est le b-à-ba de la politique ! », rappelle Laurent Blondiau, son dircom.

C’est pourquoi, dans un clientélisme aussi affiché qu’efficace, il subventionne communautés et élus de tous bords. Et ravit des gens de droite, comme Jean-Pierre Grand, député UMP villepiniste de l’Hérault, qui assure : « C’est un grand aménageur. Ça plaît aux gens de toutes tendances politiques. Après, il fermerait sa gueule de temps en temps, ça ne lui nuirait pas. Mais ça ne remet pas en cause son action globale. Tout le monde se fout de ses dérapages. »

La vie sous le frêchisme est simple. Il y a ceux qu’il arrose, et les autre, qu’il trucide. Frêche « est fondamentalement violent, et se laisse piéger par sa violence », dit Molénat.

« Ceux qui sont contre moi, ce sont ceux que j’ai créés, inventés, remarque Frêche. Ils me doivent tout. On n’est trahis que par les siens. »

Prenez Hélène Mandroux, la maire qui lui a succédé en 2004, qu’il a traitée de « conne », et qui ose se dresser contre lui aux régionales. « Si on la laisse maire quatre ans de plus, la gauche perdra la ville. Remarquez, faut bien arrêter un moment. En 1977, la gauche toute mouillée faisait 45%. J’ai raflé 6% de la droite pour faire 51%. J’en ai fait une ville de gauche. Mais faut pas croire que c’est éternel. »

Il n’a qu’une fêlure : n’avoir jamais été ministre. Il prétend que Mitterrand l’a « barré ». La gaulliste Elyett Hermann en doute : « Vous pensez qu’un gouvernement se serait privé de lui s’il avait les qualités reconnues ? Personne n’en voulait. »

Christine Lazerges (PS) renchérit : « Il aurait pu faire une carrière nationale s’il était construit psychologiquement de manière différente. Mais il ne peut travailler en équipe. Partager et surtout partager le pouvoir, pour lui, c’est radicalement impossible. »

Aujourd’hui, le temps presse. « Les jours du système, qui ne reposent que sur lui, sont comptés », dit Christian Assaf, son ex-dircab. Frêche tempère : « J’ai encore devant moi cinq à dix ans. » Il compte les vivre à plein. S’il est réélu, il prévoit « un petit tour de France pour dire quelques vérités ». Comme celles enregistrées en 2008 par un étudiant (1) ?

Frêche expliquait : « Les cons sont majoritaires, et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les "engraner". J’engrane les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, ça a un succès de fou. Ils disent : "Merde, il est marrant, c’est un intellectuel mais il est comme nous." Quand les gens disent : "Il est comme nous", c’est gagné, ils votent pour vous. »

Bouquet final : « Les cons sont cons et en plus, ils sont bien dans leur connerie. Pourquoi les changer ?[...] Mais les cons sont souvent sympathiques, moi je suis bien avec les cons, je joue à la belote, je joue aux boules. Je suis bien avec les cons parce que je les aime. » Frêche et les cons, le sketch continue.

MICHEL HENRY

Envoyé spécial à Montpellier

(1) Disponible sur www.perpignan-toutvabien.com

Messages

  • Vous publiez un texte de MICHEL HENRY qui commence par
    "Le FN, il ne le drague pas officiellement. Mais il fait, depuis son élection à la mairie en 1977, les yeux doux aux pieds noirs."

    Comment cela se fait qu’un site comme le votre qui se réclame " du respect de l’égalité entre ethnies, religions ou cultures diverses "puisse publier un texte raciste .

    A partir de quelle étude se base ce monsieur pour associer une ethnie à un vote. Et vous...

    On apprend beaucoup sur vous finalement.
    Vous vous dites combattre "le mépris des minorités " et pourtant vous le pratiquez.
    Vous vous dites de gauche et vous méprisez les petites gens qui ont tout perdu et qui subissent racisme et ostracisme ,depuis plus de 45 ans.
    Vous vous dites anti-colonialistes et vous vous en prenez à des victimes de la colonisation comme le sont les harkis et algériens et comme ne le sont pas les colonisateur métropolitains et héxagonaux. ...

    ... et dont vous êtes les descendant d’ailleurs .

    Effectivement là je comprends mieux