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Régionales : la "France d’après" est morte

Publie le lundi 15 mars 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

La soirée électorale du 14 mars avait un goût de "France d’avant". De retour en effet les votes contestataires, de retour les mines déconfites, de retour les "surprises" dont nous avions perdu l’habitude depuis 2007.

Manifestement, ce que les "élites" politiques et médiatiques ont pris l’habitude de nommer la "parenthèse enchantée", qu’on devrait plutôt appeler "parenthèse enfumée", est en train de se refermer.

Cette parenthèse s’était ouverte en 2007 quand 85% des électeurs avaient facilement envoyé en final les 2 candidats préqualifiés de longue date par les médias. Elle avait été analysée par tous les politologues habitués des plateaux de télévision comme le retour de la "confiance" des Français dans la politique, l’affirmation de la bipolarisation, la "maturité" de la démocratie française, qui verrait s’opposer désormais comme les autres une droite "moderne" à une gauche "moderne".

Cette parenthèse se referme, parce qu’elle devait se refermer. En réalité, il n’y a jamais eu, par magie, de retour des Français vers la politique. Il y a simplement eu un espoir très fort en 2007 pour un candidat prestidigitateur, bien conseillé et bien aimé des médias, un candidat qui avait menti et enfumé comme jamais.

Devenu président, Nicolas Sarkozy a continué de raconter des fables aux Français, de leur faire croire à grands renforts de communication qu’il s’occupait de leur sécurité, de leur pouvoir d’achat, de leur emploi, et des questions relatives à l’immigration et la refonte du capitalisme mondial.

Mais peu à peu les brumes se sont dissipées. Les coups médiatiques ont commencé à moins bien marcher, parce que la réalité a rattrapé la fiction. Un nombre croissant de Français ont compris que ce gouvernement ne faisait en réalité strictement rien, si ce n’est de poursuivre sur la voie de la gestion eurolibérale dans laquelle les gouvernements de gauche et de droite ont engagé notre pays depuis plusieurs décennies. Ils ont constaté les échecs sur tous les fronts : insécurité (violences aux personnes en hausse de 30% depuis 2002, et suppression massive de postes de policiers et gendarmes chaque année), pouvoir d’achat, euro, etc.

Tout ce qui paraissait pour du volontarisme a été peu à peu décrypté comme la simple agitation de thèmes de campagne.

Le débat sur l’identité nationale a été de ce point de vue très révélateur. Comme nous l’écrivions à l’époque, il s’agit du premier vrai échec de la stratégie d’enfumage du président. Pour la première fois, de façon massive, les Français ont compris que ce débat n’était qu’un leurre électoraliste, qui ne reposait sur aucun engagement sincère, ni aucune volonté réelle d’avancer.

Dès lors, le gouvernement et le président de la République paraissent aujourd’hui en voie de démonétisation accélérée.

Ils pourront tenter d’user à nouveau de leur stratégie des coups de communication, les "opérations coup de poing" dans les banlieues et autres discours musclés du chef de l’Etat contre la loi de la jungle financière, ceux-ci de plus en plus glisseront sur l’opinion publique, sans plus être capables de la pénétrer et de la tromper.

C’est bien ce que traduit le premier tour des élections régionales : la sortie de l’illusion, la fin d’un rêve, qui avait toutes les allures d’un cauchemar.

La "France d’après", celle où tout est apaisé et bipolarisé dans les urnes, a fait long feu. Et c’est une bonne chose : l’illusion ne permet pas d’avancer.

Beaucoup de ceux qui se sont réveillés de ce rêve ont pour l’heure rejoint le camp des abstentionnistes, ou par habitude sont revenus au Parti Socialiste souvent sans trop y croire, ayant bien compris que PS et UMP partagent les mêmes orientations politiques de fond. Qu’une force parvienne à les mobiliser, à répondre de façon crédible à l’immense attente qui monte dans le pays, et le changement véritable sera rendu possible.

http://www.levraidebat.com/article-...

Messages

  • La preuve de cette "illusion" en vidéo > "Le Buzz du 15.3" de canal+ : "UMP : déni ou propagande ?
    http://player.canalplus.fr/#/326564

  • La soirée électorale du 14 mars avait un goût de "France d’avant". De retour en effet les votes contestataires, de retour les mines déconfites, de retour les "surprises" dont nous avions perdu l’habitude depuis 2007.

    Je trouve cette interprétation très optimiste. Ce qui est vrai, c’est que l’UMP et Sarkozy ont pris une claque, ça fait toujours plaisir.

    Mais le principal bénéficiaire de cette séquence est le PS.

    Les listes révolutionnaires ont baissé, en particulier le NPA qui fait un très mauvais résultat.

    Le FdG fait un score plutôt médiocre (encore plus si on enlève des estimations nationales les voix amenées par le NPA là où il y avait des listes unitaires), même s’il résiste mieux que le NPA.

    Quant à Europe écologie, difficile de le classer dans les votes contestataires tellement il y a à boire et à manger.

    Alors les mines déconfites, on les voit à l’UMP, il y en a plein qui vont perdre un bon job bien payé et pas fatiguant. Mais pas au MEDEF...

    Cette séquence n’a pas permis d’avancer d’un pouce, tout reste à faire, ensemble, dans la rue.

    Chico