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Médiamensonge contre Hugo Chavez : la guerre médiatique continue

Publie le vendredi 19 mars 2010 par Open-Publishing
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Voltaire avait raison quand il disait que « pour être libre, il faut être informé » ; nous pourrions rajouter aujourd’hui qu’il est encore mieux d’être bien informé. Les grandes puissances de ce monde continuent toujours d’utiliser et de manipuler l’information qui leur permet de parvenir à leurs objectifs, quels qu’ils soient.

La guerre médiatique contre Hugo Chavez et le Venezuela en est un parfait exemple. Celle-ci s’obstine, toujours aussi amicalement relayée par les médias français. Je vais ici développer un exemple de propagande comme il en est publié chaque jours dans notre grands pays de la liberté de la presse qu’est la France. Il serait bon un jour de nous demander quelle presse nous voulons défendre.

Nous le savons bien, les relations diplomatiques ne sont pas au plus fort entre le Venezuela d’Hugo Chavez et la Colombie d’Alvaro Uribe. Le premier est plutôt tourné vers les intérêts des classes populaires de son pays, joue la carte de la démocratie participative en politique et aspire à l’unité régionale ("bolivarisme") et même de toute Amérique latine pour former un bloc en mesure de contrer son ennemi numéro un : impérialisme. Le second favorise une certaine oligarchie, s’appuie sur un discours sécuritaire comme axe central de sa politique et représente le plus solide allié des États-Unis dans la région : à titre d’exemple, il était tout naturel pour Uribe de céder l’utilisation de 7 bases militaires de son pays à l’armée US (en 2009) à fin de l’aider dans sa noble mission de "lutte contre le narcotrafic".

En somme, deux projets politiques totalement divergeant, deux types d’intérêts opposés, deux visions du monde qui s’affrontent… dommage que la quasi-totalité des médias français nous interdisent la possibilité de nous forger notre propre opinion sur ce sujet en nous basant sur des informations objectives. En effet, en participant à la diabolisation d’Hugo Chavez (dirigée par le Département d’État de la plus grande puissance mondiale), nos médias faussent la donne et se font complices d’une désinformation immorale et contraire à toute éthique journalistique, qui, de plus, à pour but à moyen terme de renverser un président démocratiquement élu. Bien sûr les énormes gisements de pétrole du sous-sol vénézuélien n’ont rien à voir dans cette histoire.

Passons donc à l’analyse de cet article publié sur le site internet d’Europe 1 le samedi 13 mars 2010.

http://www.europe1.fr/International...

« Le gouvernement vénézuélien prédit "de plus grandes tensions " entre la Colombie et le Vénézuéla si l’ex-ministre de la Défense, Juan-Manuel Santos est élu président. Le journal colombien, El Tiempo relève la vive appréhension du côté vénézuélien pour qui Santos "incarne la droite ultra-libérale et pro-américaine". Hugo Chavez avait même qualifié l’homme de "menace pour le continent sud-américain". L’ex-ministre est donné favori dans les sondages pour succéder au président conservateur, Alvaro Uribe, lors des élections présidentielles du 30 mai prochain. Les relations diplomatiques entre Bogota et Caracas sont gelées depuis l’annonce, en juillet, de l’autorisation faite aux États-Uni, d’utiliser sept bases en Colombie. »

Donc, d’après Europe 1 :

  Il y aurait des « tensions en vue entre Caracas et Bogota »
  « Le gouvernement vénézuélien prédit "de plus grandes tensions " entre la Colombie et le Vénézuéla si l’ex-ministre de la Défense, Juan-Manuel Santos est élu président. »
  « Le journal colombien, El Tiempo relève la vive appréhension du côté vénézuélien pour qui Santos "incarne la droite ultra-libérale et pro-américaine". Hugo Chavez avait même qualifié l’homme de "menace pour le continent sud-américain". »

Cet article m’a tout de suite interpelé car il me figurait bien avoir lu quelques jours auparavant un article sur ce sujet : un article publié sur le site du Ministère des Affaires Etrangères du Venezuela qui disait exactement le contraire : « Le Venezuela aspire à avoir de meilleurs relations avec le nouveau gouvernement colombien ».

http://www.mre.gov.ve/index.php?opt...

En effet, dans cet article, le ministre des Affaires étrangères vénézuélien est cité signalant que « Le président Hugo Chavez a été clair avec le président de la Colombie, notre souhait est de mener au mieux les relations avec notre pays voisin. ( …) Nous sommes disposés a retrouver une collaboration étroite, profonde et permanente… ».

Nous sommes donc bien loin des tensions et "appréhension" vénézuéliennes que signale Europe 1.

Étrange tout ça… Je décide donc de consulter la source d’Europe 1 : le journal colombien El Tiempo http://www.eltiempo.com. Malgré mes recherches dans les archives du journal, aucune trace d’un article qui ferait référence aux soit-disant propos de Chavez avant le 13 mars 2010.

Surprise, il faut remonter jusqu’au mois de mars de l’année dernière pour retrouver ces déclarations. http://www.eltiempo.com/archivo/doc...

A l’époque, l’actuel candidat à la présidentielle Juan-Manuel Santos est toujours ministre de la Défense colombien, et pour fêter l’anniversaire de l’opération militaire colombienne en territoire Équatorien (bombardement d’un campement des Farc qui provoca la ruptures des relations diplomatiques entre les deux états et une vive tension dans la région), il déclare à la presse que « le fait de porter un coup à des terroristes qui opèrent sur le territoire d’un pays est un acte de légitime défense même s’il ne s’agit pas de son propre pays ». C’est dans ce contexte que Chavez avait déclaré que Santos représentait une menace pour le continent et qu’il incarnait la droite ultra-libérale et pro-américaine.

Simple erreur, copié/collé d’agence de presse pas très objective, manque d’éthique journalistique ou propos cités hors de leur contexte réel volontairement ? Surement un peu de tout ça à la fois. Et lorsque l’on voit l’acharnement contre le gouvernement d’Hugo Chavez, il ne reste plus beaucoup de doutes.

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