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FBI vs Indymedia : Le FBI au secours de deux policiers genevois

Publie le samedi 9 octobre 2004 par Open-Publishing


Deux inspecteurs de la cellule « anti-G8 » déposent plainte pour injures et menaces.

de VALÉRIE DUBY

Le célèbre FBI s’intéresse à Genève. Plus particulièrement aux suites du Sommet du G8. Et encore plus concrètement, à deux inspecteurs de la cellule anti-G8, créée après les débordements des manifestations, pour arrêter les casseurs et dont la photo a été publiée sur un site altermondialiste.

Explications sur les coulisses d’une affaire dévoilée, hier, sur les ondes de la Radio suisse romande.
On se souvient que suite aux manifestations genevoises, la police avait diffusé sur son propre site internet les photos des « casseurs ». Une initiative qui avait suscité une vague de protestations et avait conduit la police à rajouter le terme de casseurs « présumés. »

Un site du milieu alternatif a décidé de rendre la monnaie de sa pièce à la police. Après quelques hésitations, il a publié, à la mi-septembre dernier, la photo des deux inspecteurs en charge de traquer les fauteurs de trouble du G8.

Les deux inspecteurs n’ont guère apprécié de se retrouver en photos. Mais, surtout, ils déplorent le texte lié aux images. Un libellé signé d’un certain Jackouille qui donne, notamment, l’adresse privée de l’un des policiers et qui fait état de menaces, à peine voilées, à leur encontre. « On livre, à la vindicte publique et à la grande famille des internautes deux policiers qui n’ont fait que leur travail, les mettant dans une situation d’extrême faiblesse », relève Me Marc Oederlin, l’avocat des deux inspecteurs. Les deux hommes, pourtant habitués à la critique, ont décidé d’aller jusqu’au bout dans cette histoire. Ils ont déposé plainte contre inconnu pour injures et menaces et se sont constitués parties civiles.

Le Ministère public a ouvert une information judiciaire. L’affaire se trouve entre les mains de la juge d’instruction Isabelle Cuendet, malheureusement inatteignable jusqu’au 11 octobre prochain.

Fournisseur d’accès outre-Atlantique

Mais revenons au FBI. Comment le célèbre Bureau fédéral d’investigation a-t-il pu intervenir dans cette affaire genevo-genevoise ? Tout simplement parce que le fournisseur d’accès du site internet incriminé se trouve outre-Atlantique.

Selon nos informations, la hiérarchie de la police genevoise serait intervenue auprès de certains contacts au FBI afin de faire retirer promptement les photos. Mission visiblement accomplie dans les plus brefs délais puisque le 22 septembre, le site altermondialiste apprend que le fournisseur d’accès internet qui l’héberge a reçu la visite des Fédéraux... Les photos et l’article sont retirés. Deux jours plus tard, réapparition des photos. Mais « bricolées ». Les visages des policiers en civil ne sont pas masqués. Mais remplacés par d’autres, dont ceux d’acteurs de séries policières...

Le site altermondialiste ne le cache pas : il craint que plusieurs dizaines d’autres sites soient « arbitrairement fermés » à cause de cette histoire. Et de commenter : « C’est le règne de l’arbitraire, nous ne pouvons ni nous défendre ni argumenter. Nous devons alors nous plier à ces demandes. »

Commission rogatoire

Si les visages des enquêteurs sont désormais changés, il n’en reste pas moins que les textes, eux, peuvent toujours être lus.

Me Marc Oederlin attend aujourd’hui que la justice genevoise délivre une commission rogatoire aux Etats-Unis. Son but : identifier le photographe et, surtout, le fournisseur d’accès. L’avocat sait que les démarches risquent de durer des mois. Mais, comme il l’indique, « cette démarche, pernicieuse, qui consiste à publier les photos de deux policiers qui ne font que leur travail, est d’un genre nouveau. Elle s’inscrit dans la volonté de nuire à la cellule mise en place par la présidente du Département de justice et police, Micheline Spoerri, et à l’efficacité de l’institution police en tant que telle. »

Interrogé sur les ondes de la RSR, le député des Verts Antonio Hodgers, médiateur pendant les manifestations anti-G8, relevait « l’atteinte grave » portée à ces deux policiers « qui ne font qu’exercer leur métier ». Et -Antonio Hodgers de rappeler que, « dans le milieu altermondialiste, il existe des gens dangereux ».

Dissoute en décembre 2003, puis réactivée en décembre 2004 suite à de nouvelles informations, la cellule anti-G8 a déjà conduit à 204 arrestations.

http://www.tdg.ch/tghome/toute_info/geneve_et_region/fbi_g8__7_10_.html