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SOUS PEINE DE MORT : la lutte idéologique et politique, à mener d’urgence contre la réaction fascisante

10 juin 2010, 22:42

Bonjour Viktor,

Je partage cet avis. Comme le dit Un ami qui connait bien le sujet et qui est engagé depuis des années en tant que militant actif "peut on être plus palestinien que les palestiniens eux-mêmes ?"...C’est exactement ce à quoi je faisais référence en effet, je parlais précisément de ce type de positions qu’on a pu constater chez certains "partis de gauche" soi disant qui ont fait la photo à Paris pour la galerie et ensuite ont fait les dégoûtés et sont partis...

Très exactement, je fais référence à ceci :


" Le Parti de Gauche a quitté la manifestation pour Gaza en refusant le mélange entre politique et religion

Samedi, 05 Juin 2010 15:26 Raquel Garrido

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Le Parti de Gauche a quitté la manifestation pour Gaza en refusant le mélange entre politique et religion.

Le Parti de Gauche (PG) a quitté la manifestation de soutien aux assiégés de Gaza. En effet, contrairement aux accords pris, des organisations religieuses ont été autorisées à s’intercaler dans le cortège des organisations politiques.

Le Parti de Gauche réaffirme son soutien complet au peuple palestinien et aux assiégés de Gaza.

Le Parti de Gauche rappelle son opposition absolue au mélange de la politique et de la religion. Et lorsque ce mélange se produit il n’accepte pas qu’on le lui impose."

http://www.lepartidegauche.fr/editos/actualites-internationales/2813-le-parti-de-gauche-a-quitte-la-manifestation-pour-gaza-en-refusant-le-melange-entre-politique-et-religion


Ce volet de la division sur des sujets qui appelleraient JUSTEMENT une position dialectique, réfléchie, débattue,qui permette l’union (et non pas "l’unité") la plus large possible parmi celles et ceux qui en ont encore quelque chose à foutre de Gaza, ailleurs qu’à Gaza et dans les ambassades, en une telle période, tant au niveau local qu’international, est bien dans le sujet de mon article , pour peu qu’on le prenne par le bon bout qui est celui de la division forcenée du mouvement social à se créer.

Je rappelle quand même que si nous nous étions tiré ouvertement dans les pattes, la résistance communiste et la résistance gaulliste, face aux nazis, je ne crois pas que ça se serait bien passé. C’était pourtant l’union de la carpe et du lapin. Elle a tenu, chacun sur ses positions,donc pas dans une pseudo "unité" factice, le temps qu’il a fallu.

Je suis désolée, mais tous les jours à l’UL quand j’y fais des permanences d’accueil, je vois arriver une population salariée, précarisée, surexploitée, française ou étrangère, dont la peau est noire ou "bronzée", dont la religion est musulmane sans que cela fasse d’eux des terroristes, des intégristes, des anti-laïcs,je vois des femmes arriver avec un foulard (c’est fréquent quand elles ont 40/ 50 ans bcp moins quand elles en ont 20/30 ans)

Je suis supposée leur dire quoi ? " Enlève ton foulard et oublie ta religion ou je ne te donne pas ta carte de la CGT et tu iras chercher du secours ailleurs face à ton patron ?" !!!??

Désolée, non. Pourtant, dans les manifestations pour Gaza et bien elles ça ne les dérange pas plus que ça de manifester avec ces religieux, sans qu’elles les cautionnent d’ailleurs...Ca donne parfois des discussions souvent hautes en couleur ensuite dans les AG, les comités, les diffs etc ET ALORS ?

J’en ai vu un bon paquet assouplir leurs positions, réfléchir autrement, au fil des discussions, mais tous ceux-là,ceux qui viennent vers nous, ceux qui commencent à voir les choses comme nous, progressivement, avec leurs vécus, avec leurs moyens, on n’en parle jamais...

J’ai des tas d’ami-e-s parfaitement "intégrés" comme on aime à dire (et pour cause, ils sont Français !!!!!!!!!!) dont les parents étaient algériens, marocains,iraniens... pour qui l’islam (je passe ici sur la fâcheuse tendance qu’ont certaines personnes à persister à considérer l’Islam comme une religion uniforme et univoque...) est l’équivalent de ce qu’a pu être le catholicisme pour la génération de mes parents (c’est à dire un référent culturel bien plus que religieux), ils ont une proximité culturelle, mais ils font la part des choses, et eux, justement, ne quittent pas les manifestations même s’ils ne peuvent pas blairer certains extrémistes qu’on peut en effet y croiser et ont une vision de l’islam qui est globalement celui de "l’islam de France".

Et sérieusement, les porte parole nationaux du PDG, à part rencontrer Mme Khoury à l’institut du monde arabe, la dernière fois qu’ils ont mis les pieds en Cisjordanie,qu’ils ont parlé avec des Palestiniens "de là bas", c’était quand et dans quel cadre ?

Je ne veux pas dire mais dans les dirigeants nationaux du PCF, quoi que j’aie à reprocher à nombre d’entre eux,et notamment sur le sujet,j’en connais certains qui ont au moins la décence d’avoir une connaissance "de terrain" ! Et quoi qu’ils ne partagent ni ne soutiennent objectivement le Hamas, quoi qu’ils soient avec les communistes cisjordaniens, ils savent que le Hamas est une partie de la réalité politique des Palestiniens, notamment à Gaza, et qu’on ne crache pas à la gueule d’une telle réalité politique sans cracher aussi à la gueule de la majorité de la population qui a choisi ce même Hamas...

Mais passons.

Quitter les manifestations, et LE FAIRE SAVOIR publiquement, comme l’a fait le Parti de gauche, non seulement c’est faire injure à Gaza,comme le dit Viktor Dedadj, mais c’est aussi leur faire injure à eux, les renvoyer pile au contraire de ce qu’ils essaient de construire, ici et là bas, avec une partie de leur identité, c’est, in fine, cautionner une partie des propos et des idées de l’actuel gouvernement français et c’est inacceptable.

Je vais poser une question qui ne va pas plaire à tout le monde, mais M Mélenchon quand il était Ministre de l’Education professionnelle, il a tout fait pour que ses ministres de tutelles coupent les financements de l’Etat aux écoles privées catholiques ou pas ? Ca a été son combat de laïcard ou pas ? Ou alors c’est comme Maastricht et sa position soi disant anti UE actuelle, et la laïcité ça lui est venu sur le tard, aussi ?

Je ne parle nullement d’angélisme, je ne prône pas le trop tristement célèbre "les ennemis de mes ennemis sont mes amis", je dis que face à certains sujets, dans certaines situations, quand il y a "le feu à la maison", la seule position qui vaille est celle de la position dialectique assumée et revendiquée et de l’action qui va avec : je ne suis pas d’accord voire en conflit total avec la plupart des religieux, je ne cautionne pas la religion, quelle qu’elle soit, je suis opposée à la poursuite, au harcèlement que certains groupes religieux font subir à nos camarades communistes dans le monde (mais je ne perds pas de vue que s’ils le font ce n’est PAS parce qu’ils sont religieux mais AVANT TOUT parce que ce sont des suppôts du capitalisme !!) et à ce titre, le Hamas est je pense, un parti qui ne lutte pas contre le capitalisme, MAIS Gaza c’est AUSSI mon affaire, et je trouve inadmissible qu’on quitte ainsi ce genre de manifestations. Comme le dit V Dedadj, depuis quand les cochonneries des médias mainstream guident-elles nos actions ?! Qu’on communique qu’on ne cautionne pas ces groupes ; ok ; qu’on fasse une esclandre sur le thème "on ne manifeste pas ensemble" je trouve que là c’est gonflé.

Au delà de cela, j’aimerais qu’on pose sérieusement la question de la religion et de la politique, puisque le PDG prétend fonder sa position sur la soi disant différenciation des deux.

Car tout est là je pense.

La religion est une proto-forme d’organisation politique, une des formes les plus anciennes de politique.

La religion EST politique au sens "organisation de la vie de la cité", pour résumer.

Le Vatican, c’est pas politique ça ? Le chiisme, il n’est pas politique, lui ? Dans ses origines ? Merde, on a oublié l’histoire à ce point ?

La révolution iranienne de Khomeyni, quand on se donne un peu la peine de l’étudier vraiment, sans œillères, hors de la propagande habituelle, est extrêmement intéressante et éclairante sur ce point.

La religion n’est ni "de droite" ni "de gauche" par essence, elle était là AVANT le capitalisme, mais elle est politique dès l’origine et elle l’est toujours, et dorénavant, c’est vrai, la plupart des "Eglises", la plupart des religions roulent désormais pour le capitalisme, voire pour le libéralisme, pour des raisons simples à comprendre.

Se battre contre les religions sur des positions sectaires et ultra-dogmatiques genre "moines-soldats de la laïcité", qui renvoient tous les croyants dos à dos dans la même infamie, me semble être la plus mauvaise des solutions pour mener la lutte que nous devons en effet mener pour que les religions cessent d’être des concurrents politiques sérieux pour les partis politiques.

Car la réalité du problème est là : "l’Eglise" est un concurrent direct du "Parti" comme moyen d’organisation des masses.

Mais les religions ne prospèrent que parce que la forme d’organisation politique que NOUS avons choisie n’est plus rattachée à aucun corpus idéologique, aucune bataille d’envergure, de courage, parce que les Eglises, les religions quelles qu’elles soient avancent en voulant "rassembler les brebis égarées" alors que nous avançons en divisant nos propres "brebis" pour des raisons idiotes et sans rapport avec la lutte de classe.

En gros, ce type de position fait l’affaire de tous les gouvernements dans le monde qui défendent le capitalisme.

N’ayons pas peur de débattre avec des religieux "d’égal à égal" en les prenant pour ce qu’ils sont, c’est à dire des politiques AUSSI, autant que nous, mais qui se cachent !

Evidemment pas pour convaincre nos débatteurs (faut pas croire au Père Noël), mais pour convaincre, commencer à convaincre, celles et ceux qui regardent, écoutent, et qui peut être, après ce genre de débat vont se dire "tiens finalement, le prêtre, l’imam, le rabbin... que j’ai vus là, est-ce qu’ils veulent vraiment mon bien ?!"...

Pour certains groupes musulmans, laissons tomber momentanément leur "folklore" (certes pénible à vivre pour les premiers concernés) la burqa, la répudiation etc et parlons exploitation, parlons système, parlons argent tiens ! Le sujet qui m’amuse moi, par exemple, c’est la chariah, incompatible avec le commerce de l’argent et le prêt,et la position de l’Arabie Saoudite sur la nouvelle "finance islamique" !

Parlons démocratie, représentation populaire, suffrage universel...Au pied du mur, au pied de leurs contradictions !

Idem pour les catholiques, les juifs ! notre rôle à nous communistes ça devrait bien être de faire monter le niveau de contradiction, et de faire tomber les masques .

Depuis quand est-ce qu’on avance nos idées par l’injure, l’imprécation, l’opprobre généralisées ?!!!!

J’ajoute qu’il y a aussi dans ces Eglises des gens, des groupes, des tendances avec lesquelles on peut,dans une certaine mesure, mener certaines luttes contre le capitalisme et l’impérialisme de façon OBJECTIVE.

Bref vaste sujet, je suis un peu fatiguée par ma journée, donc ce n’est sans doute pas très clair, mais je crois qu’il faut aussi qu’on en parle comme ça et pas seulement (et surtout pas même, surtout actuellement) sur le thème "les religieux sont des salauds", "les religions sont de la merde et tous les croyants sont des cons à buter".

Débattre,(et je n’ai pas dit "dialoguer", nuance), ça n’implique nullement une position molle ou en demi teinte ! Au contraire. Être ferme, être cassant même s’il le faut, être violent ou plutôt assumer une certaine violence sur le fond,même, si le niveau du débat l’exige,mais faire face, entrer dans l’arène, et "que le meilleur gagne".

La position sectaire et dogmatique est le pire signal à envoyer et à ceux que nous combattons, et à ceux que nous devons convaincre. Parce que c’est une position de faiblesse intrinsèque ! Faiblesse nos idées, faiblesse de notre mouvement, faiblesse de nos espoirs... Et ça , "les gens" le voient, le savent.

Je finis là par une petite citation acerbe, ironique, cruellement juste aussi, de Romain Gary, piquée dans "La danse de Gengis Cohn" (à mon avis une de ses meilleures oeuvres sinon la meilleure de toutes) :

"Il est permis d’avoir de l’idéal, des aspirations et de se donner beaucoup de mal pour essayer de les réaliser. On peut attendre le messie, chercher le sauveur, l’homme providentiel, le surhomme, sans se faire traiter de tous les noms. Ou alors, il n’y a qu’à dire que l’humanité est une frigide et une détraquée, condamnée à l’échec. Car enfin, il n’y a pas que l’Allemagne qui rêve, désire, attend, essaie, échoue, recommence, essaie toujours et n’aboutit jamais. On peut avoir le goût de l’absolu, de la possession totale – de la solution finale, si vous voulez – sans jamais y parvenir, mais sans se décourager. L’espoir, c’est ça qui compte."

LL