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CE QU’ON PEUT ENVISAGER DE FAIRE POUR TRANSFORMER L’ESSAI LE 2 OCTOBRE

24 septembre 2010, 22:56

Salut Patrice,

"Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force

Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit

Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix

Et quand il croit serrer son bonheur il le broie

Sa vie est un étrange et douloureux divorce" (L. Aragon)

Ce n’est pas parce que tes projections reposent sur des éléments incontestables, voire, qu’elles sont raisonnables à ce moment précis du combat qui s’engage, qu’elles vont se réaliser. SAUF si on continue à porter ce message de désespérance et d’amertume qui est un peu le tien actuellement (et je comprends...) au lieu de travailler à unir nos (maigres) forces pour "pousser" du bas vers le "haut".

Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Comme des tas d’entre nous ici, la très grande majorité je pense, je viens d’une longue lignée de gens à qui on n’a jamais rien donné et qui ont toujours du arracher bec et ongles le peu qu’ils ont eu. On est toutes et tous comme ça ici. Et dans ces moments là, mon "sang" parle peut être plus fort que ma "tête".

Bêtement, sans doute,ce qui me pousse aussi, c’est l’amour de la vie, malgré tout, et la hantise de devoir vivre un jour ou de devoir faire vivre mes enfants comme dans certains pays que j’ai eu la chance de visiter.

Alors on peut m’appeler en somme "Lou Ravi", (bah oui , ça m’est déjà arrivé ;), "Don Quichotte", et peut être c’est vrai, j’ai un côté "illuminé".

Pour l’instant, ça m’a plutôt sauvée, car mes espoirs et la volonté qu’ils suscitent en moi m’ont donné la force de ne pas mourir étouffée sous les blessures que la réalité inflige quotidiennement à mon "hyper-sensibilité". J’avoue que souvent, heureusement aussi que j’ai croisé et que je croise encore des personnes, hommes et femmes, des camarades qui arrivent à développer et à étayer de façon pragmatique ce que je "projette" de façon "intuitive".

Rien n’est JAMAIS écrit d’avance pour l’Homme.

RIEN.

"Tomber sept fois, se relever huit" (ce n’est pas de moi mais de Labro), nous n’avons pas le choix, tel est le destin du prolétaire tant qu’on n’aura pas tout foutu par terre de ce système hideux et inhumain, le capitalisme.

Tout ça finalement Patrice je suis sûre et certaine que tu le sais. Peut être que tu as trop peur de souffrir si nos espoirs venaient, encore une fois, à être déçus ? Et bien je vais te dire, il y a plus de probabilités que tu aies raison que moi j’aie raison, il est possible que nous soyons ENCORE déçus et floués et trompés. Mais nous n’avons PAS le choix.

Faut-il boycotter le 2 octobre ? Non surtout pas. Mais il faut y aller en ayant tout tenté pour l’organiser à NOTRE façon, et avec "un œil devant et un œil derrière".

Beaucoup raillent la nature profondément pacifiste et paisible du peuple du travail, certains nous reprochent d’être des moutons, de nous laisser guider, de ne pas aller assassiner tel ou tel. D’être des "lâches" donc ,selon eux.

Mais OUI, c’est VRAI, nous sommes fondamentalement comme ça. Méprisant la violence (ah si nous pouvions nous passer de l’être !), rechignant à ôter une vie, nous SAVONS dans nos "gènes de prolétaires", instinctivement, le prix que coûte une révolte, une révolution, ce que cela demande. Et nous avons raison d’être ainsi.

Il y a donc plus de probabilité que nous nous fassions rouler que l’inverse, dans cette nature qu’est la nôtre, parce que pour ne pas se faire rouler, il faut à un moment devenir un "rouleur".

Or, contrairement à tout ce que la bourgeoisie répand sur notre compte depuis des siècles, et comme disent les copains des GOODYEAR "Les voyous, c’est pas nous".

Jusqu’au jour où les "moutons" se transforment en loups, parce que l’on ne nous laisse plus le choix. Pacifiques mais pas complètement cons non plus.

Tout ceci fait que nous espérons, oui, et nous construisons, ou essayons, oui, mais les yeux GRANDS OUVERTS.

Ce qui se passera si Samedi 2 les directions syndicales (et là elles ne seront plus seulement "nationales" mais aussi locales) finissent par enterrer le mouvement ? Je ne sais pas.
Nous y penserons à ce moment là.

En attendant (que ça n’arrive pas !!), je t’annonce une nouvelle : mon petit doigt me dit que dans les bouches du rhône et dans l’hérault, les camarades auraient décidé de partir sur des actions et grèves reconductibles, mais aussi, je te dédie, à toi, et à tous/tes les camarades qui en chient et qui en bavent et qui parfois sont obligés de se noyer pour ne pas se pendre, cette chanson sublime que je ne peux pas écouter sans pleurer, "la Quête" de Jacques Brel extraite de "l’homme de la Mancha" (Don Quichotte, donc ;)).

La Quete, Jacques BREL

"Rêver un impossible rêve

Porter le chagrin des départs

Brûler d’une possible fièvre

Partir où personne ne part

Aimer jusqu’à la déchirure

Aimer, même trop, même mal,

Tenter, sans force et sans armure,

D’atteindre l’inaccessible étoile

Telle est ma quête,

Suivre l’étoile

Peu m’importent mes chances

Peu m’importe le temps

Ou ma désespérance

Et puis lutter toujours

Sans questions ni repos..."

Et notre étoile à nous bien sûr elle est ROUGE !

LL