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L’assassinat

21 novembre 2010, 11:12, par JdesP

Il est des situations intolérables où on s’ingénie à encourager les divisions voire les oppositions surtout en milieu populaire avec la misère comme toile de fond. Je milite dans le secteur associatif depuis presque 40 ans. Je me retrouve dans le combat de Charles Houareau, quand j’ai fondé le premier comité de chômeurs CGT de ma ville en 1977 et dans la lutte contre les discriminations. J’ai connu les cités d’urgence qui durent des décennies et j’ai connu aussi de l’intérieur la vie des pauvres dans les quartiers populaires, puisque j’en faisais partie. Je ne connais pas la vie dans ce quartier Marseille surtout l’été mais elle ressemble à celle de tous les quartiers populaires où la misère et le désespoir qui ronge ses victimes détruit toutes les valeurs humaniste, de solidarité , de tolérance.
Il faut avoir vu un militant anti-raciste, ne pouvant dormir à 2 h du matin parce qu’il faut se lever à 4 pour aller travailler, menacer de se procurer un fusil pour tirer sur ceux qui font hurler leurs bécanes toute la nuit.
Il faut avoir vu un jeune se promenant fièrement montrant ses bras nus piqués par la seringue d’héroïne, à ses copains et aux enfants qui traînent le soir dans les rues.
Il faut avoir entendu son enfant demander pourquoi des jeunes "jouent " à l’infirmière dans la cage d’escalier, à l’étage au dessus de ton appartement.
Il faut avoir vu un voisin balancer un lourd fauteuil par la fenêtre manquant de tuer un passant... des terrains de jeux en pleine cité devenant des décharges à ordures...
Brochettes et musique toute la nuit au pied d’un immeuble, je connais cela : ça va de temps en temps, mais trop...
Il faut avoir entendu ces camarades Marocains ouvriers du bâtiment, anciens mineurs de fond, syndiqués CGT, s’étonner du racisme et du communautarisme dans mon quartier sinistré, refuser d’y habiter en regrettant que les jeunes n’y aient plus aucun respect pour leur père chômeur, et être obligés d’habiter loin de la ville...
J’ai encore beaucoup d’histoires à raconter qui donneraient du grain à moudre à l’extrême-droite.
Il faut savoir écouter la souffrance des gens , car la misère est le lot commun de trop nombreux habitants des quartiers populaires et beaucoup d’entre eux ont à lutter en plus de la merde quotidienne pour garder un tant soit peu de dignité devant toutes les dérives et beaucoup de retenue devant le manque de respect au quotidien qui leur est témoigné y compris par certains de leurs voisins.
Facile de condamner des communistes qui refusent l’accumulation de la misère dans des ghettos, comme je l’ai toujours connue : il y avait des quotas pour limiter les familles immigrées dans la ville mais aucun pour les entasser toujours dans les mêmes cités. La Droite , le PS ont eu chez moi la même politique. Pour le PCF, ce que je sais, c’est qu’il a toujours lutté pour la dignité contre l’abandon des classes populaires face au chômage et à la misère y compris morale et sociale et avec plus ou moins ’d’habileté" face aux médias...
Quant au problème des Gitans sédentarisés ou non, il peut exister comme partout dans les communautés des comportements et des usages peu soucieux des autres teintés d’égoïsme d’individualisme forcené, destructeurs de relations normales avec leurs voisins...

J’arrête là , et je précise que je milite aussi dans une association ’mixte" Gitans, Manouches et autres "payos" qui lutte précisément pour abattre ces barrières : pas de luttes communes sans respect mutuel.