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L’ère des opportunités est aussi l’ère des opportunistes !

30 janvier 2011, 07:33, par Cop

la ressemblance avec le soulèvement de l’armée portugaise n’est pas si puissante que cela.

la révolution portugaise fut impulsée par l’armée (mélange d’une partie de la hiérarchie haute et de la hiérarchie basse des jeunes capitaines) et c’est l’irruption des masses qui ne restent pas à la maison et se jettent dans la rue pour aller embrasser les militaires qui fait la dynamique et empêche un replâtrage de la dictature.

la révolution tunisienne part des masses prolétariennes (la jeunesse ce n’est pas une classe, les jeunes présents sont des jeunes prolétaires précaires, déclassés, mais pas une catégorie sociale hors sol) et se dénoue provisoirement par la bascule de l’armée qui éjecte ben Ali.

La suite on verra.

par ailleurs, au niveau du développement des forces productives et des rapports de force numériques entre les classes, le Portugal de 1974 ressemble à l’Egypte au niveau des classes en présence (forte paysannerie, prolétariat urbain non majoritaire).

Par contre suivant ces critères la Tunisie, comme l’Algérie ou l’Iran, ont des rapports de force numériques des classes qui correspondent à la France de Mai 68, avec en plus des gens nettement plus formés et une généralisation des études secondaires , des gens rompus de plus en plus aux communications.

de ce point de vue la France de mai 68 ressemble à l’Iran, à la Tunisie et l’Algérie... Nous avons des classes en présence semblables en poids.

Par contre les dépendances économiques ne sont pas exactement construites pareil. La France de 68 est un pays impérialiste dominant même si sonné par la perte de ses colonies les deux décennies précédentes.

La Tunisie est inscrite completement dans la dérèglementation mondiale et a des industries tournées essentiellement vers l’exportation avec des capitaux extérieurs.

Elle est un peu comme la Chine si on veut mais sans marché intérieur pour absorbé une fraction significative de sa production. Elle est donc extremement dépendante des marchés internationaux et subit fortement les impacts de la crise du capitalisme et les tentatives de ce dernier d’en sortir par une violence sociale accrue.

Mais sur le fond la Tunisie s’inscrit dans un mouvement puissant des états dits en développement qui n’ont plus rien à voir du tout avec l’imaginaire tiers mondiste, et ont des prolétariats sur-puissants numériquement.

cette donnée de fond de transformation des sociétés par le mouvement m^me du capitalisme accumule des forces potentielles brutes en faveur de la révolution.

Le passage d’une classe en soi à une classe pour soi n’est pas joué, mais il n’est pas anodin de savoir que cette classe est surpuissante numériquement , et ça change pas mal de choses ainsi.

L’ensemble du Maghreb est une bombe sociale où les classes les plus puissantes finissent par peser de plus en plus.

La petite bourgeoisie a été évanescente dans le processus tunisien, les particularités de la bourgeoisie tunisienne ont créé une faiblesse particulière de sa direction