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Les classes sociales en France aujourd’hui, les partis politiques et l’avenir du "mouvement" communiste

25 février 2011, 18:52, par yapadaxan

Avant tout, merci pour ton long message.

Ensuite, je rebondis sur tes points de divergence. Aurais-je une propension à vouloir rééditer l’expérience de l’Internationale ? Je ne crois pas. Quoique...

L’adhésion à la IIIème Internationale a placé Moscou au centre du mouvement communiste mondial, jusques dans la déviation stalinienne. Moscou donnait les ordres, les PC obéissaient. C’est ainsi qu’on peut penser que le PCF et le PCI n’ont pas su ni voulu creuser la situation des 2 pays en 1945 et ont appelé les travailleurs à rendre les armes. Ce faisant, les 2 PC mettaient un terme à la Résistance et à cette forme de la lutte des classes qui avait prévalu des années durant. Il s’agit bien là d’une capitulation due à l’inféodalisation à Moscou qui entendait respecter les accords de Yalta.

Et donc non, je ne souhaite aucune organisation de ce type. Point de père des peuples ni de patrie du socialisme.

En revanche, des rencontres bilatérales et, s’il le faut, des dispositions communes sur tel ou tel problème politique concernant 2 pays ou une région du monde. Une guerre d’Afghanistan et d’Irak eût mérité une position large des partis et organisations révolutionnaires du monde. D’autant que, par principe, les désaccords ou divergences devraient rester possibles, aucun parti n’ayant pas à faire prévaloir son analyse ni ses décisions d’action. Ces rencontres doivent être des débats permanents où chaque parti fait son expérience propre. Les liens doivent être fraternels et toute exclusion interdite.

L’ALBA nécessite une base régionale commune. Ce n’est pas l’Eurocommunisme en soi qui est à rejeter, mais les dérives qui le caractérisaient, allant dans un sens réformiste faisant abandonner le terrain de la lutte des classes.

Certes, nous avons été les témoins d’un échec. Peu importe si l’URSS a été ou non un authentique pays socialiste (du moins, pour le moment), ce qui importe c’est que l’URSS a passé pour tel aux yeux de l’opinion mondiale et des partis communistes et ouvriers de la planète. Ce qui est en échec, c’est l’idée que le socialisme (ou ce qui a passé pour) s’est effondré.

L’analyse de l’URSS reste à faire. Une analyse fine, s’entend. Fine et exhaustive. Quelques auteurs s’y sont risqués et le résultat obtenu souffre qu’il s’agit de points de vue très individuels, formés à partir d’un a priori de départ qui occulte la vaste synthèse nécessaire pour développer un savoir qui mérite le qualificatif de scientifique.

L’idéologie s’est insinuée dans la recherche historique et scientifique. Les travaux d’Hanna Arendt (tin, l’orthographe, comment qu’elle morfle !) prévalent actuellement qui renvoient dos à dos nazisme et stalinisme. Notons qu’en ce moment encore, la presse bourgeoise décrit Kadhafi à travers les "dictateurs" (sic) Castro, Chavez et Noriega. Je lis sur BC des commentaires qui ne sont pas très clairs sur le cas libyen de Kadhafi.

L’autorité dictatoriale du stalinisme est consubstantielle à l’expérience marxiste-léniniste du socialisme soviétique. Pire, les formes de dictature sont présentes dans la démocratie parlementaire bourgeoise. On n’en parle jamais, justifiant par devers nous la réputation de la démocratie bourgeoise comme absolument démocratique. Ce qui est faux : l’exploitation sociale ne pouvant se réaliser dans un cadre démocratique.

Même si la dictature du prolétariat s’est révélée dictature sur le prolétariat et même contre le prolétariat, on ne peut faire l’économie sur le contenu de classe des pouvoirs pratiqués.

Le nazisme et ses avatars fascistes exaltent la race, la nation, l’originalité culturelle, la particularité de tel ou tel peuple déformée hyperboliquement et idéologiquement en vue d’en faire le génie de ce peuple.
Le communisme s’est toujours référé sincèrement à la lutte des classes, à l’internationalisme prolétarien, à la solidarité des peuples contre l’oppression.

Staline est stalinien parce qu’il impose dictatorialement son point de vue sur le socialisme et le communisme. Son projet de départ n’est pas l’homme fort, sain, supérieur à des peuples mineurs, frappés d’ostracisme ou de racisme.

Il y a donc tout un travail théorique et analytique à effectuer sur la notion de pouvoir et l’exercice de ce pouvoir, dans un cadre dialectiquement contradictoire :

 contraindre dictatorialement l’ancienne bourgeoisie en la dépossédant et la désarmant.

 favoriser l’organisation démocratique des travailleurs, du travail et de l’ensemble de la société à tous ses niveaux d’activité et de loisir.

Le monde communiste et révolutionnaire se doit de s’emparer, théoriquement et en principes, de ce travail pour pratiquement l’exercer et le faire exercer par le plus grand nombre.

Aussi prolixes et complets qu’aient été les théoriciens de la révolution, du socialisme et du marxisme, ils ne l’ont pu l’être au point de répondre à toutes les questions, d’autant que celles-ci surgissent continûment au long du temps et de l’Histoire. Et donc aujourd’hui encore voit-on du nouveau et de l’inédit qui concerne le social, le sociétal dans son fonctionnement complexe.

Le stalinisme ne doit pas nous inhiber. C’est trop facile de le rejeter comme un enfant devenu monstrueux. Il est notre monstre à nous. Le rejeter revient à vouloir ne plus rien en dire. Fuir ce passé qui fut le nôtre.

Non, c’est à étudier la lutte des classes qu’il faut se consacrer pour affiner notre action, la rendre efficace, sans rien supprimer de ce qui nous gênerait. Il nous faut ce courage politique, moral et philosophique d’assumer, fût-ce la monstruosité stalinienne. Sinon, on ne nous comprendrait pas et on ne nous croirait pas.

Tout n’est pas à jeter de ce qui s’est passé, hier. Ce n’est pas parce que ça a foiré qu’il faut lui tourner le dos. Point de Komintern ni d’Internationale lyrique et grandiloquente, mais une lutte commune, de pays à pays, décidée à abattre l’impérialisme et le capitalisme.