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Lettre ouverte au prochain ministre des Affaires étrangères

28 février 2011, 10:44

Monsieur Lefort, si je salue votre engagement de longue date pour la cause palestinienne, je pense quand même que votre article manque de perspicacité. D’une part, il ma paraît (malgré ce que vous écrivez) s’ingérer dans la politique interne palestinienne, et d’autre part il me semble ne pas bien tenir compte des réalités de terrain et des profonds changements qu’a connu la Palestine ces dernières années.

En effet, préconiser la reconnaissance de l’Etat palestinien, c’est déjà une forme d’ingérence dans la mesure où : de quel Etat parlez-vous et dans quelles frontières ? Si vous me répondez comme beaucoup de militants "dans les frontières de ’67" c’est entériner une situation de faits qui ampute la Palestine d’une sérieuse part de son territoire ; et si vous me répondez dans les frontières de ’47 c’est entériner une décision prise par les Etats dominants de l’époque qui se sont débarrassés de leur responsabilité vis à vis du génocide des juifs sur le continent européen, tout en ne demandant pas l’avis des premiers concernés lors de ce partage de leurs terres... Dans les deux cas de figures, vous avalisez ainsi une profonde injustice opérée sur le dos de la population spoliée. Sans compter que depuis ces dernières années, une réelle séparation selon ces schémas (’47 ou ’67) est devenue tout bonnement impossible, faisant de ce qui reste de la Cisjordanie, un archipel d’îlots gangrénés par les métastases de cette abjecte colonisation.

Je pense que quand nous nous engageons à défendre la cause palestinienne, il faut avoir le courage de pousser sa propre réflexion un peu plus loin que beaucoup ne le font, reprendre le problème à sa source et démonter le mécanisme qui a vu ce partage inique se faire aux dépens des populations directement concernées, et qui le paient chaque jour davantage. Une vraie justice dans ce dossier exige de se réunir autour de la table pour remettre à plat les éléments et invalider les décisions erronées et injustes du passé. Reconnaître aux Palestiniens le droit à leur patrie, c’est réhabiliter la Palestine historique tout en s’assurant que les juifs comme les autres communautés y auront leur place, comme c’était le cas dans le passé, et comme ce l’est dans n’importe quel autre pays fondé sur le principe démocratique de la laïcité, séparant clairement les affaires de l’état de celles du privé.

B à v,

Daniel Vanhove -
Observateur civil
Auteur