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Possibilités et stratégies révolutionnaires dans un pays européen aujourd’hui (Poulantzas 1973

22 mai 2011, 01:24, par Cop

Comment faire pour essayer d’avoir une approche pertinente de ce qui prend / peut prendre naissance là-bas, sans être soumis à une sorte de sidération-fascination telles que les retransmissions audio-visuelles peuvent en produire, qui nous éloigne à chaque fois un peu plus des questions fondamentales ? En lisant, relisant, réfléchissant...

Sauf si on se trompe sur les interprétations les retransmissions audio-visuelles ne nous éloignent en rien du tout des questions fondamentales.

Et il n’y a pas de contradiction entre les idées là de Poulantzas et comprendre au vu des retransmissions audio-visuelles qu’une guerre de classe se mène à échelle internationale.

Ce qu’il y a de vivifiant dans les révolutions en cours en Afrique du Nord c’est qu’elles ne sont justement pas spécifiques à l’Afrique du Nord mais font partie d’une profonde évolution des forces productives, des classes sociales en présence et de leur localisation dans le monde.

Les révolutions en Afrique du Nord ont vite montré des aspects "prolétariens" et il y a une raison à cela, les classes et couches sociales en présence.

Les classes ouvrières, au sens moderne et large du terme, sont devenues les classes les plus importantes dans beaucoup d’états dominés mais industriels, les petites bourgeoisies ont été laminées en prenant un tour européen pour leur périmètre (étroit), la paysannerie de plus en plus laminée, la grande bourgeoisie s’est homogénéisée au point d’intégrer largement, bien au delà d’un rôle compradore, les directions de bien des dictatures bourgeoises .

L’élan des forces productives sous domination bourgeoise s’est fait sur l’ensemble de la planète et continue son œuvre, pendant que longtemps la gauche européenne a cru que la domination impérialiste empêcherait le développement des forces productives.

Ce n’est ni le cas de ce qui fut le tiers monde, ni le cas des vieux pays industriels qui n’ont jamais cessé de développer les forces productives, continuant à laminer la paysannerie, une énorme partie de la petite bourgeoisie et de couches basses de la bourgeoisie, mettant à potion de plus en plus commune les couches sociales de la classe populaire bien garnies.

Ce processus au nord et au sud signifie qu’en se développant (et donc il se développe), le capitalisme augmente la puissance brute des forces qui peuvent être en situation de le détruire.

Ca signifie que , autant les révolutions dans des états colonisés dans le passé étaient dominés par des petites bourgeoisies dominant des masses paysannes énormes , autant les grands mouvements d’aujourd’hui dans une série de pays mettent rapidement aux prises la classe ouvrière au sens large et moderne face à des régimes qui ne sont plus petits bourgeois, ni plus tant bourgeois compradores, mais bouregois simplement dans un processus complexe de dominations impérialistes toujours existantes , plus ou moins violentes.

Le caractère profondément "moderne" des révolutions en Afrique du Nord vient qu’elles sont le flanc d’Afrique du Nord d’un processus d’affrontement qui a mis le pied dans la plupart des états du monde , avec différentes déclinaisons.

La mise d’un pied avec toutes ses contradictions de ce processus en Europe a déjà commencé depuis un moment, avant même les révolutions en Afrique du Nord, en Grèce, en Roumanie, en Bulgarie, puis dans des processus spécifiques en Italie, puis en France, puis en Croatie, puis au Portugal et enfin en Espagne.

Aucun de ces processus ne renvoie à des processus chimiquement purs ni à des symboles particuliers habituels du XXeme siècle, mais ils expriment, exacerbés par une nouvelle grande crise capitaliste mondiale le double mouvement des défaites des années 70, 80, 90, 2000, 2010, qui fait reculer la transmission d’un patrimoine politique de batailles et d’organisation ET la croissance des forces brutes de la classe populaire, numériquement, en termes de capacités de communication et d’instruction, son développement international.

Ce processus global crée une situation nouvelle .

La question des processus de transition et des batailles pour la transition entre des soulèvements et le socialisme posent des défis importants aux révolutionnaires.

La question de la révolution bourgeoise, dans l’entendement du débat qui a fait rage au 20eme siècle est maintenant close.

Cette question partait de l’entendement qu’il fallait d’abord passer par une société bourgeoise pour que les forces productives soient assez développées afin que la révolution socialiste ait les bases suffisantes pour triompher (notamment en terme de puissance brute).

De cette controverse allait déboucher bien des entendements et des stratégies particulières (et des drames épouvantables, des alliances finalement infécondes avec des bourgeoisies et petites bourgeoisies , etc).

Cette question est mise maintenant largement de côté, la bourgeoisie a énormément développé les forces productives sur une partie significative de la planète, avec des prolétariats urbains numériquement sur-puissants et beaucoup plus éduqués qu’avant.

La révolution bourgeoise est maintenant largement derrière nous presque partout (elle est achevée) et ne reste que la révolution permanente des forces productives par la bourgeoisie.

Avec ses contradictions.

Et restent face à face deux classes, et les crises multiples de développement du système, avec l’accélération violente de la crise capitaliste, les réponses bourgeoises à cette crise qui consistent à tenter de rétablir à un haut niveau le taux de profit en plein milieu des tempêtes créent des situations explosives innombrables.

Il y a des tas de conclusions à tirer de tout cela