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Entre le marteau et l’enclume - I - (sur l’€ et l’Union Européenne)

28 septembre 2011, 08:45, par Copas

ne pas laisser la plus petite interprétation qui puisse faire penser qu’on préfère les frontières entre travailleurs aux frontières existant avec des claques bourgeoises fascistoïdes, qui même minoritaires dans la bourgeoisie, sont extremement dangereuses.

EUROPE ?
Je suis européen uniquement parce que j’habite un pays de ce continent.

Tout ce qui a été construction de cette"UNION" s’est faite sans moi

Objectivement -j’y reviens- je constate que c’est ,CONTRE moi.

(Lapalissade, que pouvions nous attendre des bourgeoisies ?)

Et tu as choisi de naitre français ?

Un peu de sérieux.

La construction française n’est pas plus dorée sur tranche que la construction européenne qui est un appareil d’état en construction qui garde les fonctions régaliennes de l’état du point de vue du gourdin au niveau des anciens états-nations.

Mais quelque part tu as raison et tu donnes raison à ceux qui vont indiquer : on n’a pas choisi, et quand on a choisi on n’a pas tenu compte de notre choix.

Ce n’est pas nous qui avons choisi CE type d’Europe.

La lutte contre le TCE a été pour moi une lutte contre des règles au service de la bourgeoisie, favorisant encore plus l’exploitation, encore moins sous contrôle populaire , mais cela n’a pas été une lutte pour garder des frontières qui n’existaient pas depuis longtemps pour les capitaux mais existaient pour les travailleurs et sont d’ailleurs ré-utilisées quand il s’agit de cogner contre quelques exilés venus de Tunisie ou de Libye .

C’est une situation qui est celle-là.

On a cité la révolution russe à un moment.

L’empire russe s’est construit avec une violence bien pire que celle de l’UE, jouant sur les divisions et les haines nationales.

Je n’ai pas bien vu de propagande communiste russe pour le retour à la nation russe, etc.
Cette propagande est revenue à la surface dans les années 40, mais pas avant la révolution ni sur la période juste après.

Et je n’ai pas vu non plus de propagande pour sortir du rouble avant la révolution (des détails ? cela pourrait exister ? sources ?). par contre des critiques sur l’utilisation de la monnaie.

Par contre il y eut attaques contre la façon dont l’appareil d’état tsariste se construisait , sa violence, ses actes maudits dans les colonies de l’empire, etc..

Je n’ai pas vu de détail sur le détail mais j’imagine qu’il y a eut une critique sur la façon dont l’empire utilisait le rouble.

Ils ont pris une situation sans chercher à reconstruire des murs , l’attitude vis à vis des nationalités opprimées de l’empire se sont faites sur le terrain du droit à l’auto-détermination du point de vue de la classe populaire de celles-ci (mais pas non plus d’une façon abstraite).

Retour donc à la France et l’UE :

Ce qui importe c’est la politique contre un état en tant qu’appareil de domination d’une classe, et qui mène cette politique de résistance. Que l’appareil soit dit "national" ou dit "européen".

Mais il y a autre chose là dedans :

Les frontières ne doivent pas être levées entre travailleurs , pendant que les camemberts resteraient en tête à tête avec le plus grand élevage de bourgeois riches de la planète (la France a ce triste privilège d’avoir le plus de millionnaires du monde en rapport à la population).

L’UE en s’étendant a commencé à faire bouger les frontières, et, proches de celles-ci, les travailleurs voient quelques divisions entre eux lentement s’estomper dans un processus qu’ils n’ont pas choisi.

C’est la contradiction des processus qui fait que la bourgeoisie en s’étendant, en cherchant à travailler sans frontières développe l’exploitation et la concentration du capital, mais aussi développe des contradictions explosives.

Là dedans, les travailleurs par leurs expressions politiques et syndicales ont des trains de retard sur la bourgeoisie.

Ce sont souvent les factions les plus bureaucratiques et liées à la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier qui sont les plus avancées en matière de coordination, à part des tentatives de résistance et de coordination dans l’automobile notamment (à deux étages, syndicalistes de classe et gauche révolutionnaire), mais...

L’UE est un territoire et en même temps un système . C’est en quelque sorte un appareil d’état qui impose des règles à ce territoire, un appareil qui a su jouer habilement des divergences nationales pour vaincre un à un les peuples qui s’opposaient à ce projet capitaliste.

Il y a, depuis le début du "marxisme", un flou entre parler d’internationalisme et dire que les travailleurs n’ont pas de patrie.

Les nations, et surtout les états-nations, sont des constructions récentes qui se sont imposées dans le sang et la violence pour unifier des territoires et faire passer des règles unifiées sur ceux-ci favorables aux classes dominantes, en se doter d’outils répressifs et d’administration contraignant les peuples à cette domination.

Dans cette histoire, le seul respect des nations c’est pour les nationalités opprimées pas pour les nations dominantes.

L’UE reprend ce processus de construction et est beaucoup plus violente vis à vis des nations faibles et petites que vis à vis des grandes nations de l’UE.

Elle a par contre trait commun de classe ce qui est un terrain différent de la question des nations.

Sur la monnaie, en soi, ceux qui indiquent que c’est elle qui a fait la hausse des prix est risible : c’est bien la Bourgeoisie et la petite bourgeoisie qui en ont profité pour hausser les prix.

Elle est toujours fâcheuse d’ailleurs cette habitude de ne pas vouloir nommer une classe dans ce qu’elle fait et de brandir des concepts abstraits qui sont faux. Ce n’est pas l’euro qui fait l"histoire, ni l’UE, mais les classes, les classes....

C’est comme ceux qui pestent contre le pouvoir ou le règne de l’argent. Ca se conjugue avec la difficulté de nommer la classe à la mangeure. L’argent n’a pas d’odeur et n’a pas d’âme et volonté autonome.

On peut avoir une critique de la déification de l’argent , mais franchement c’est un aspect secondaire, la classe bourgeoise est aussi bien passée par des phases où son discours idéologique était que l’argent était sale que des phases où elle ce discours se parait des vertus supposées d’une monnaie (le culte américain du dollar était que Dieu garantissait le dollar).

Une campagne contre l’euro est réactionnaire et fascisante, si elle n’est pas traitée du point de vue de qui contrôle la monnaie et comment, avec quels objectifs.

Et il s’agit d’’en faire émerger les aspects concrets de façon à éclairer la classe populaire là dessus.

Actuellement un débat et une bataille sont bien plus fructueuses : La bataille qui consiste à expliquer ce qu’est la dette publique, comme elle se crée, au travers quelles politique, comment elle est utilisée par la classe dominante pour ré-augmenter ses taux de profits, en quoi elle est utilisée politiquement pour mener des grandes attaques contre la classe populaire, etc..

Et cette bataille permet de mettre en contexte l’affrontement de classe, les manœuvres de la bourgeoisie et de traiter la question de la monnaie dans ses vrais enjeux et pas d’une façon lepeno-compatible.