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Entre le marteau et l’enclume - I - (sur l’€ et l’Union Européenne)

29 septembre 2011, 08:42, par Copas

Comment en France la question de l’Euro et l’UE a une vieille histoire

Le problème d’une partie de la gauche vient beaucoup du retour chauvin avant la dernière guerre mondiale, un des éléments conditionnels du Front Populaire afin que les radicaux et le PS acceptent alliance populaire avec le PC.

En fait les allers retours, tout le long du XXeme siècle marquent un fond essentiellement nationaliste de la gauche, troublé par la Section française de l’internationale communiste jusque dans les années 30, puis l’émergence d’une extrème gauche internationaliste vers 1960 (qui se crée littéralement dans le combat internationaliste, notamment dans le soutien concret à la résistance algérienne), mais sur les marges de la gauche.

Depuis le virage vers le nationalisme avant 1936 jusqu’à maintenant , pour le plus gros parti de travailleurs en France, la question de ce virage aura toujours, et tout du long suscité des résistances, des interprétations, des inflexions de ceux qui n’acceptent pas ce virage.

Le fond nationaliste prend une grande dimension avec de grandes conséquences à la sortie de la guerre sur les conséquences idéologiques d’avoir accepter l’alliance avec des forces de droite dans la résistance (ce ne fut pas le cas de toutes les résistances, en Yougoslavie il y eut au moins deux mouvements de résistance et ce furent les communistes qui gagnèrent, seule chance d’ailleurs pour gagner, l’indépendance vis à vis de la droite).

En faisant émerger le fait national au dessus de la lutte des classes, l’idée de subordination de la bataille pour le communisme derrière la bataille pour la nation, développa toute une série de travers, de faiblesses vis à vis d’une extrème droite qui reprendrait le flambeau du nationalisme (une fois qu’elle aurait fait oublier avec le temps qu’elle fut "allemande" à une certaine époque), de la question des alliances politiques de gestion (il n’y a plus de rivages autre que des formules désincarnées comme la "gauche") sans délimitation de classe, sur les attributs essentiels d’une nation que sont les appareils d’état qui, sous le règne du capital, sont formatés pour transformer les politiques qui y rentrent en auxilliaires de la bourgeoisie.

Ces confusions permanentes du nationalisme fabriquent des discours sans qu’on s’en rende compte qui méritent d’être revisités : nos usines, notre pays, "notre" état, etc, ...

On parle comme des propriétaires et surtout on se projette au travers d’une division nationale et non vis à vis d’une réalité supérieure : la division de classe.

On en vient après au trip "bercés près du mur" sur nos exportations qui mériteraient mieux si la monnaie était nationale....

Quelques remarques à cela :

 même dans le cadre du système, il peut y avoir une monnaie nationale et qui en même temps crée une situation soit de sur-évaluation (ce fut le mark et à une autre époque le dollar) soit de sous-évaluation (la monnaie chinoise, des fois le dollar, etc). La zone euro là dedans et la monnaie sous-jacente n’a pas de vertu particulière autre que celle de ceux qui lui donnent le la.

 "NOS". Stop, stop.... Tout est à nous rien est à eux, demeure pour l’instant un slogan, il faut d’abord le crier avant de prétendre que "nous" que "notre" etc comme si on en était propriétaires.
Des pays connaissent de fortes croissances et ça ne les empêchent pas de s’attaquer à la classe populaire et à la jeunesse, comme au Chili. La classe populaire là dedans ne dirige rien, ce "nous", ce "notre" est collabo quand les travailleurs ne dirigent pas.

A écouter le discours de Mélenchon par exemple on voit bien que le fond nationaliste dresse un danger immédiat : Mourrir pour les industriels chimistes allemands ou mourir pour les industriels de la pharmacie française et Hermès ?

Si on me dit : on relocalise parce que c’est plus écologique et que surtout on contrôle mieux, je comprends l’argument, mais il mérite quand même d’être exploré.

Par contre si c’est pour courir en coeur bras dessus bras dessous avec Tatie portefuille du 16eme et de Neuilly, contre les travailleurs chinois, eux-même appelés par leurs bourges de dirigeants à défendre la nation coude à coude, qu’avons-nous à tirer de cela ?

Je ne nie pas que le phénomène national existe, ni qu’il puisse avoir des effets qu’il faille prendre en compte, mais le fait qu’il subordonne la question des classes.

L’affaire sur l’UE et la monnaie ressortent de ces questions :

 C’est du point de vue des classes qu’on rejette l’appareil d’état de l’UE en construction et non du point de vue de l’indépendance de la nation. Ce n’est pas une lutte pour diviser le territoire comme Marine ou d’autres le professent, mais bien une lutte contre un appareil d’état de classe et contre les manœuvres de la bourgeoisie dans toutes ses contradictions.

La question de la monnaie prise dans le live gogolito de sortir de l’euro est d’une rare stupidité par ces attendus. Et surtout elle camoufle bien des acoquinements avec la conception nationaliste bourgeoise.

Elle n’a en soi aucune fonction progressiste.

Elle peut être utilisée à un moment de la lutte des classes, si la classe dirige, sans la moindre hésitation si les événements le commandent ou comme d’ailleurs le contrôle de la bourgeoisie et des capitaux, matières premières aux frontières ex-nationales (contrôle sur la bourgeoisie et des intérets de la bourgeoisie MAIS ouverture totale aux travailleurs du monde entier).

La BCE, par contre, n’a pas à être quittée du viseur, car c’est elle qui contrôle la monnaie, ce n’est pas un appareil neutre, mais taillé pour la bourgeoisie dans ses mécanismes intimes comme pour ces décisions concrètes au jour le jour.

Une grande campagne contre la BCE mériterait d’être menée car c’est là un nid de frelons anti-démocratiques et anti-sociaux de première bourre.

Les braillements d’un Trichet contre un salaire minimum (très modeste) des postiers allemands alors que par ailleurs il fait des cadeaux gigantesques aux intérets de la bourgeoisie mériteraient des lois qui jettent en prison ce genre d’individus.

Il y a là une campagne à faire, car cela montrerait au concret ce que l’on fait de notre argent comme expression de notre travail et notre sueur.

L’euro, comme le territoire de l’UE demeurent des états de faits et ne sont pas en soi des ennemis comme les interclassistes le proclament .

Rien à rajouter sur ce que dit La Louve sur le fait que l’appareil d’état de l’UE est une construction des appareils d’état bourgeois dit nationaux.

Vouloir se rabattre sur l’état-nation c’est oublier que l’UE telle qu’elle est est création de l’état-nation , détournant les immenses aspirations des classes populaires d’en finir avec le spectre hideux et militariste des états nations du XXeme siècle.

Ce souffle pour abattre des frontières existe toujours fortement , c’est la contribution universelle du mouvement d’émancipation des prolétaires qui n’ont pas de patrie.

Et si ils n’ont pas de patrie, l’objectif est qu’ils contrôlent eux-même leur destin et prennent toutes les mesures nécessaires pour cela .