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Communistes : pas de ministres et un numéro d’équilibriste

19 juin 2012, 10:11, par A.C

CIRERA est un de ceux qui, au CN du PCF, avance parfois des analyses.
je ne les partage pas ;

Surtout que se référer sans cesse aux convulsions Pécéiennes , pour les"commenter"...est un défaut récurent et paralysant..
J’en veux pourpreuve qu’on va avoir unesérie d’articles sur B.C qui tous, se structurent autour de la non info pourles Masses :à savoir qu’il n’ yaura pas de "sous -sous secrétaire d’état à la réforme des règless à la Belote "..issu d’un PCF qui a "disparu" sous sa burqa FDG..

Mais pour info, je donne le point de vue de D.Cirera , utile pour comprendre ce qui bouge encore dans le corps agonisant ....

Posté le 15/06/2012

Avec la perte de la moitié des députés aux élections législatives de 2012, dans un moment de victoire et de forte progression de la gauche, il parait difficile d’esquiver le débat critique sur ce qui a conduit à cet échec dramatique. Quelles que soient les échéances statutaires le besoin de débattre n’attendra pas. Il s’agit de réfléchir aux causes de cette situation, récentes, mais aussi inscrites dans la durée du déclin. Il s’agira de pousser la confrontation sur ce qu’elles impliquent pour le devenir du PCF, – y compris pour les échéances de 2014 -, et pour la vie politique du pays. Ces questions ne sont pas posées dans l’abstrait, mais à partir de l’analyse que l’on fait de la réalité nouvelle, des interrogations mais aussi des espoirs soulevés par la victoire de la gauche en France, dans le contexte de crise que l’on sait.

2012 n’est pas 1981

La référence répétée aux expériences antérieures, 2002 et surtout 1981, pour s’en réjouir ou s’en inquiéter, confirme le décalage persistant entre les réponses politiques et le caractère inédit du moment. Les grilles de lecture anciennes sont frontalement prises à contre-pied par les bouleversements globaux et par la violence de la crise, par la puissance du besoin de changement et de faire du neuf. De même les comparaisons avec l’Espagne ou la Grèce, la nième recherche de modèle, à Athènes aujourd’hui, comme hier à Berlin, accentuent ce décalage. Non pas qu’il n’y ait à tirer quantité d’enseignements de ces situations, mais en détournant souvent de l’effort de compréhension de la réalité de la France dans son originalité, elles hypothèquent la possibilité d’anticiper et de définir des stratégies en prise avec ce réel.

Qui peut prétendre ainsi qu’en France il ne s’agirait que d’une alternance droite/gauche enfermée fatalement dans le carcan du libéralisme ? La défaite de Nicolas Sarkozy et le rejet de la droite ont été entendus en Europe et au-delà comme un vote contre l’austérité, en résonance avec la situation dramatique en Grèce et avec le déploiement des résistances aux plans d’austérité.

Le vote du 6 mai – dans des conditions d’un affrontement politique d’une extrême tension – s’inscrit dans la continuité des mouvements populaires et unitaires qui ont secoué la société française, depuis 2008, particulièrement dans l’impressionnant mouvement contre la réforme des retraites, et qui a porté bien au-delà de la question des pensions. Dans les 4 millions de voix pour Jean-Luc Mélenchon et les 1O millions pour François Hollande, se retrouvent ces femmes et ces hommes, ces jeunes, qui ont fait ce mouvement ou s’y sont reconnu. Comme hier ils se retrouvaient dans les rassemblements pour les services publics, la poste, l’hôpital ou contre la fermeture de classes. En ce sens, réduire le vote pour François Hollande le 6 mai au rejet de Sarkozy est singulièrement réducteur. Comme est sous-estimé le besoin d’union exprimé à gauche au premier tour sur le candidat PS et dans les reports du 2ème tour.

L’austérité a échoué

Avec la crise et le rapport de force politique libéral en Europe, l’environnement mondial, la situation est réellement difficile. La violence de l’affrontement pour imposer les mesures d’austérité tient de l’état d’exception. On peut s’interroger effectivement sur le rapport de force, sur les moyens que se donneront les forces dominantes, une droite radicalisée vers son extrême, pour faire échouer toute tentative de se dégager des dogmes néolibéraux. Pourtant un des éléments marquants au lendemain de l’élection est le déplacement du débat en Europe sur l’austérité et la croissance. On aurait tort de n’y voir qu’un parade électorale et de la poudre aux yeux. La tension avec l’Allemagne est réelle. Il ne s’agit pas de créditer la social-démocratie française d’une radicalité qu’elle même ne revendique pas. On saisit les limites des compromis avancés, et qui ne tiennent pas qu’aux rapports de force. Mais on peut voir aussi dans ce positionnement une prise en compte des réalités, la recherche de marges de manoeuvre, économiques et politiques, pour ne pas se trouver dans une situation impossible comme nos voisins, alors que l’horizon est sombre. Que cela plaise ou non les lignes . Des contradictions nouvelles sont apparu dans une situation mouvante et incertaine. Le débat s’est déplacé et l’idée assénée qu’il n’y aurait de salut que dans l’austérité, la réduction des déficits et le traitement de la dette est sérieusement ébranlée.

Significatif est l’appel de la CES pour un contrat social européen début juin : » Le modèle social européen doit être promu et non pas attaqué. Les salaires, comme les droits fondamentaux contribuent à la sortie de crise tandis que la déréglementation a contribué à l’augmentation du chômage, creusé les inégalités au point de créer une situation économique mais aussi politique intenable. Les syndicats européens affirment qu’il faut définitivement tourner le dos aux mesures d’austérité qui ont appauvri des millions d’Européens et asphyxié toute possibilité de reprise et qui ont aggravé le chômage. Unanime, la CES propose un contrat pour des alternatives de croissance et d’emploi pour tous » (1) Un espace est ouvert qui crédibilise les idées et les luttes qui activent la question d’un changement d’ orientation. Le changement en France y participe. Tout le monde ne met pas dans la « croissance » le même contenu, certes. Et l l ‘affrontement se durcit sur la question de la réforme structurelle du marché du travail (facilité de licenciement, précarisation, démantèlement des droits des salariés, etc.) comme on le voit en Espagne, en Italie, au Portugal, partout en Europe, et porté en France par le Medef et la droite.

Plusieurs articles de presse parus ces jours-ci en France et dans la presse étrangère s’interrogent sur « une mission impossible » pour François Hollande et la nouvelle majorité. Avec l’approfondissement de la crise, aujourd’hui en Espagne, demain en Italie, le bras de fer va se durcir, comme les pressions sur la France. Tous les pays y sont soumis. Pour notre pays elles auront en outre pour enjeu de faire échouer l’expérience de gauche et de tuer l’espoir en la possibilité d’infléchir le cours des choses face à l’austérité, dans un des grands pays de l’UE. Comment être le plus utile dans un tel contexte ?


L’impasse de la stratégie du recours

Certains prônent la posture d’opposition, par culture et par principe, non sans visée politicienne d’ailleurs. On peut préférer l’engagement en responsabilité qui donne confiance et libère de l’espace au mouvement populaire. C’est une des questions posées aux communistes que le positionnement dans la majorité et le sens à donner à « réussir à gauche« . Quelle crédibilité si au même moment on annonce le changement pour dans 5, voire 10 ans ! Certains dans le Front de gauche et à l’extrême-gauche s’installent dans cette « stratégie du recours » prévoyant l’ échec de l’expérience engagée avec l’arrivée d’un président et une majorité de gauche dominée par le parti socialiste en France, jusqu’à tabler sur cet échec pour des visées politiciennes. C’est une des raisons de fond qui motivent la décision annoncée de ne pas participer au gouvernement, ni même d’en examiner sérieusement la possibilité.

Si le pire est toujours envisageable, espérer récolter les fruits de l’échec est une illusion qui peut avoir des conséquences dramatiques. C’est un aveuglement face aux menaces d’un violent retour de flamme réactionnaire attisé par la déception et le désarroi. Point n’est besoin d’insister sur des références historiques, même si les rappels des drames provoqués par la désunion des forces populaires et progressistes en temps de crise sont salutaires. La contradiction entre l’affirmation de participer à la réussite de la gauche dans les mots, et le refus de prendre dans l’indépendance mais en responsabilité clairement toute sa place dans la majorité pour y contribuer a pesé négativement sur le résultat de candidats identifiés à la stratégie portée par le porte-parole du Front de gauche à la présidentielle. Parce que les femmes et les hommes réels, elles et eux, demandent aux forces de la gauche avec leurs différences qu’elles se rassemblent et qu’elles mettent leur énergie à répondre aux attentes. L’absence de prise en compte dans la pratique des réalités nouvelles qui travaillent la France – dans un contexte de crise et de bouleversement global -, conduit à y apporter des réponses sans prise sur ce réel. Elle conduit à reporter le changement à plus tard – quand le rapport de sommet entre partis sera modifié ? pour un grand soir social ou électoral ? – dans une conception obsolète du rapport entre politique et mouvement populaire.

Les contradictions au sein du Front de gauche, les atermoiements chez les communistes sur leur positionnement dans et envers la majorité de gauche, leur appréhension devant une situation aussi inédite que complexe, le scepticisme chez beaucoup de ceux qui se revendiquent de la « radicalité » sur la possibilité d’ouvrir une voie au changement, les échecs électoraux, soulignent des limites, voire des impasses, stratégiques. Au delà de la conjoncture immédiate, elles mettent en évidence comme jamais le besoin d’ouvrir le chantier d’ une stratégie politique de transformation correspondant à ce moment nouveau, historique à tous égards. Pas dans l’abstrait et renvoyée à des jours meilleurs, mais pour un communisme de notre temps et le parti nouveau qui le porte, à partir des contradictions générées par la crise et des mouvement émancipateurs tels qu’ils émergent aujourd’hui.

Daniel Cirera

Juin 2012

(1) « Notre message commence à passer : l’austérité a échoué, déclare Bernadette Segol, la secrétaire générale de la confédération européenne. Il faut se concentrer sur la croissance. Cependant, nous ne sommes pas dupes. Même si nous constatons un changement de rhétorique, différentes positions sur la croissance s’affrontent. Le changement de cap n’a pas encore eu lieu. C’est pourquoi, nous faisons appel aux dirigeants européens, avant le Conseil européen de fin juin, pour engager un débat sur notre proposition d’un contrat social pour l’Europe. Plus que jamais les Européens ont le sentiment qu’ils partagent la même Histoire. Nous devons être, tous ensemble, à la hauteur de ce défi. »