Accueil > ... > Forum 70302

> nous n’avons qu’un seul texte de référence

5 juin 2006, 00:28

Ce qui peut déjà laisser indiquer de la manière dont pourrait finir un tel processus, il suffit de le regarder d’un peu plus près. A l’aune de la question électorale, le débat entre anticapitalisme et antilibéralisme prend son contenu concret. Il ne s’agit pas d’une querelle de mots, mais de savoir quels sont les moyens pour changer le rapport de forces : les luttes ou les élections ? Et la question de l’unité en découle : alliance électorale ou unité pour les luttes ?
Beaucoup de militants, notamment au Parti communiste, jurent ne pas vouloir recommencer l’union de la gauche. Certainement, mais dans les faits, à partir du moment où ils ne voient pas d’issue hors des élections et des combinaisons parlementaires, ils restent sur le même terrain que le PS : les institutions, la voie électorale, un bon gouvernement de gauche…
Et c’est bien ce que dit M-G. Buffet quand elle défend le rassemblement de " l’ensemble des forces de gauche ", en voulant jouer des rapports de forces pour que le programme ne soit pas le social-libéralisme du PS. Mais la question du rapport de force ne se pose pas qu’avec le PS mais principalement entre les travailleurs et le patronat. Là est la vraie discussion.
Pour faire bouger les choses, il faut changer par les luttes sociales et politiques le rapport de force entre les classes populaires et les classes dominantes.
Pour le PS, il ne saurait en être question. Les choses sont claires, Hollande rendant hommage au " capitalisme familial " de Michelin déclarait : " il y a comme une leçon : le capitalisme, quand il est maîtrisé, organisé, fidèle à son pays, voire même à sa région, peut aussi réussir à l’échelle du globe, sans pour autant être inhumain, oublieux des principes ". Oui, il parle d’Edouard Michelin, qui en septembre 99 annonçait 20 % d’augmentation des bénéfices et 7500 licenciements, devant lesquels Jospin s’était déclaré impuissant.
Pas de faux semblant chez les sociaux-libéraux : Strauss-Kahn se veut le champion de la compétitivité et du " leadership de la France ", Royal admire Blair. Chérèque de son côté se dit prêt à discuter avec le Medef de la remise à plat des contrats de travail.
Alors, faire pression sur eux ? Nous partageons cet objectif, mais comme face à Villepin il a fallu faire pression pour qu’il retire le CPE, comme face à un patron pour s’opposer aux licenciements, imposer une augmentation. Quelles autres armes avons-nous, que celles de la lutte de classe pour imposer les exigences du monde du travail à ceux qui détiennent les commandes de l’économie ?
Depuis 25 ans, les voies du parlementarisme et des alliances électorales avec le PS n’ont été que le chemin des reculs. Il faut en tirer jusqu’au bout les leçons.
Depuis 25 ans, les voies du parlementarisme et des alliances électorales avec le PS n’ont été que le chemin des reculs. Il faut en tirer jusqu’au bout les leçons.
La bourgeoisie est à l’offensive. Pour alimenter la Bourse, satisfaire les actionnaires, prévenir les krachs, il lui faut toujours davantage baisser le prix de la force de travail : licencier, précariser, casser les droits acquis. EADS veut jeter à la rue les milliers de salariés travaillant pour la Sogerma, Dim licencie 404 salariés, à la suite d’Hewlett-Packard, Ford et tant d’autres. Parisot s’entretient avec ses partenaires sociaux pour préparer le " livre blanc " des réformes économiques et sociales souhaitées par le Medef. Les profits eux explosent : 30 milliards de dividendes pour les actionnaires du CAC 40 pour l’année 2005, et qui vont retourner gonfler un peu plus la bulle financière. Le capitalisme engendre la catastrophe sociale qui plonge le monde du travail dans la misère et ouvre la voie à l’extrême droite.
Face à cette offensive, il est urgent de se regrouper pour faire échec à Sarkozy, à la montée du populisme de droite et d’extrême-droite. Mais pour mener cette bataille politique et sociale, il ne faut pas oublier que la gauche et ses capitulations leur ont préparé le terrain, que les cinq années de gouvernement Jospin ont amené Le Pen au deuxième tour de la Présidentielle, puis au vote de la gauche pour Chirac, présenté comme le sauveur de la république.

LP, Militant LCR