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> Est-il encore possible d’ancrer les Verts à gauche ?

6 juin 2006, 09:40

La même question peut se poser légitimement avec les Verts. Ceux-ci en Europe, ce sont fait la spécialité d’être un "parti-charnière" : de 5 à 10% des voix, mais incontournables pour qu’un "parti de gouvernement" forme une coalition, et oscillant "un coup à gauche, un coup à droite" (mais toujours au pouvoir). En Allemagne ou en Angleterrre, ainsi que nombre de pays scandinaves, c’était jadis la fonctionnalité du "parti libéral". Mais la différence avec la droite devenu libérale se faisant au fil des années de plus en plus mince, ce sont les Verts qui ont repris ce rôle (la thématique environnementaliste permettant de "transcender" les oppositions gauche/droite). Ainsi aujourd’hui en Tchéquie (où ils se sont clairement placé à droite, par "anti-communisme"), mais aussi en Allemagne (où Joshka Fischer fût le premier à appeler le "gouvernement de coalition avec la droite démo-chrétienne", toujours pour empêcher un gouvernement avec les "ex-communistes" de la "Neue Linke" ; avec sa proposition de "coalition jamaïcaine", des 2 couleurs de la CDU et des Verts.
En France aussi, les Verts tentent depuis 15 ans d’imposer cette stratégie, de devenir des politiciens "professionnels", weberiens, incontournables. Car parasitant le traditionnel débat droite/gauche, ce courant d’opinion, s’il parvient à se structurer dans ce sens, peut effectivement faire chuter telle ou telle coalition, pour lui imposer la présence de ses hommes/femmes au sein des appareils d’Etat, dans une sorte de chantage médiatique soft.

Ainsi dans Libération du 6 juin, M Voynet, confirmait ce qu’avait lâché Benhamias, la semaine précédent dans l’imbroglio ubuesque dont s’affuble toujours le "scenario" interne à ce cartel de politiciens, néophytes, mais professionnel. La ligne de "je t’embrouille au centre", càd. la tentative de coalition avec Hulot (puissance de frappe médiatique, opportuniste et ambitieux, jouant dans la cour des grands avec Chirac) et Lepage (cabinet Huglo/ tout le mordant judiciaire des libéraux anglo-saxons de monde patronal/ ancienne Ministre, redoutable "royaliste"), dans le cadre de fantomatique "états généraux de l’écologie politique", qui se tiendront à huis clos, dans quelque palais de la République du 7ème arrondissement. :
citation : "Etes-vous favorables à une convention de l’écologie ?
Il y a d’un côté un petit parti avec quelques milliers de militants, de l’autre un peuple de l’écologie composé de centaines de milliers de personnes, qui choisissent le bulletin des Verts aux élections, qui comptent sur nous et parfois... désespèrent de nous ! Ces gens, on leur parle assez peu, alors qu’on passe notre temps à s’interroger sur la distance et la nature de nos liens avec le PS ou à répondre aux sommations de l’extrême gauche : si nous nous retrouvons souvent sur le terrain, contre le CPE par exemple, ou contre la loi Sarkozy sur l’immigration, il est clair que nous ne partageons pas le même projet. J’en fais le constat : on n’écoute pas assez les gens qui attendent et ont intérêt à ce que l’écologie politique soit forte." Dominique Voynet Libération 06/06/2006
Quand Madame Voynet (et son conseiller à la plume Jacques Archimbaud) parle de "milliers de militants", elle veut dire et il faut lire - milliers de politiciens professionnels (élus locaux et régionaux, conseillers techniques des appareils d’état, "barons" de la "société civile", ou des "corps intermédiaires", permanents divers...), et "centaines de milliers de personnes", lire, la masse des électeurs, lointains, gogo, manipulés par les apparitions médiatiques et institutionnelles, de cet "appareillon idéologique des appareils d’état national et européen".

Aussi la question peut légitimement se poser de savoir avec qui voudrait "gouverner" (=partager des postes, des prébendes, faire tourner la boutique à "distribuer des places" de l’appareillon) ces "verts" : hulot, lepage, Bayrou et les "libéraux éclairés", le PS (sans ses tendances les plus "ouvriéristes" et ringardes -genre pas-de-calais etc.)... mais aussi avec Rocard et une nouvelle alliance "big band", auquel croit toujours ces anciens boy/girl scouts : c’est leur "illusions lyriques" de bureaucrates, leur "idéal régulateur" , leur "horizon insurmontable" : refaire la réconciliation des français, des européens, "au centre", dans la réunion inédite de la "gauche" et de la "droite", qui est tout bonnement l’idéal politique et l’idéologie de la "démocratie chrétienne" européenne depuis l’après-guerre (de Jean Monnet à Romano Prodi, en passant par Edgar Faure (vous savez la girouette qui dit : "ce n’est pas moi qui tourne, c’est le vent !", Jacques Delors, Barrot...). Les verts ont simplement modernisé cette "aspiration idéologique" du système, par une adjonction moderniste détonnante "club de rome 1971" et écologie américaine, qui revisite, via les prévisions scientifiques catastrophiques quant à l’état de l’humanité après 1 siècle d’impérialisme capitaliste intensif et extensif, le thème de l’apocalyptique chrétienne. (Cochet est d’ailleurs le plus cohérent et le plus novateur dans cette "fabrique" d’icônes médiatico-politiques, pouvant subjuguer et entrainer les "centaines milliers" d’électeurs nécessaires pour "peser dans la balance").

Quant à la notion "d’ancrage", ces ternes bureaucrates et médiocres savants qui donnent des leçons de pêche aux pêcheurs ("pécheurs" pour eux), des leçons d’agriculture aux agriculteurs, de citoyenneté aux citoyens etc., ils seront capables de vous expliquez que vous êtes écologiquement dans l’erreur, puisque cà abîme les fonds marins, et qu’il faut pratiquer un "ancrage doux", qui n’ancre rien, et qui permet de dériver au gré de la marée, faite de flux et de reflux... et qui permet d’avoir toujours ses postes quel que soit le résultat des "élections, des luttes, de la vie..."