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AU FOU DE BASSAN

27 janvier 2007, 17:42

Y SONT GONFLÉS !

... Oui !
Y z’ont oublié qui est l’ennemi principal ... Mais nous, on n’est pas obligés d’en faire autant. Voilà que çà fait longtemps, et comme dit Desnos "un jour qu’il faisait nuit", je me suis dit qu’il fallait que je vous déterre la bonne vieille et toujours hyper-pertinente "complainte des palotins" de mon maître Alfred Jarry (non pas de la famille de l’ex-député-maire ex-PCF du Mans).

Je vous parie tout ce que vous voulez que vous allez identifier :
 le palotin graisseux/ou non/ (député UMP ou UDF d’accord avant et après 2002 pour nous faire les poches, nous faire rendre gorge, et occuper largement les médias aujourd’hui) ;
 le père Ubu (le grand Jacquot) ;
 la mère Ubu (Bernadette) ;
 le maître des phynances (çà a été Sarko, Gaymard - un gaymard = 600 m² - et maintenant c’est Breton, mais çà colle bien à tous les ministres des finances, par exemple Sapin et DSK, fut un temps)...

Les présentations étant faites, je vous livre donc le texte paru dans "Tout Ubu" d’Alfred Jarry au Livre de Poche (18/10/1972), pages 264-265.

"LES TROIS PALOTINS CHANTENT/

Craignez et redoutez le Maître des Phynances/
C’est le plus grand vilain qu’on puisse voir en France./
Il unit la vitesse à la rapidité/
Et mélange la rage à la férocité./
De ruse et de finesse il connaît bien l’usage/
Pour choisir les quartiers où faire son ravage./
Il ne se risque point aux endroits bien gardés,/
Mais attaque toujours les marchands isolés/
Et les petits rentiers qui, les mains dans les poches,/
Ne pensent à crier que quand on les écorche./
Mais las ! il est trop tard : une fois attrapés/
Ils sont bientôt saignés puis ensuite étripés./
Un palotin graisseux vient leur couper la tête,/
Regardant de travers par-dessus ses lunettes.../
Il est toujours debout avant le point du jour,/
Aussitôt éveillé commence ses cent tours./
Il ouvre à grand fracas la porte de la salle/
Où dort des palotins la pouilleuse canaille./
Son oneille se tord et s’abat en sifflant :/
Un palotin giflé se réveille en hurlant./
Puis tous en font autant, puis au bruit du tambour/
Ils descendent en rang s’aligner dans la cour./
Le Père Ubu leur lit les dispositions/
Qui fixent à chacun sa destination ;/
Puis leur donne un croûton, deux ou trois oignons crus/
Et les pousse dehors à coups de pied au cul.../
Puis d’un pas magistral il entre dans sa chambre/
Et va regarder l’heure à sa pendule d’ambre :/
 Six heures ! grand bon Dieu ! que je suis en retard !/
Et que je perds de temps avec tous ces jobards !/
Allons réveillez-vous dame la Mère Ubance,/
Donnez le sabre à merdre et le croc à phynance,/
Et que de mon chapeau l’édifice emplumé/
Me soit incontinent par vos mains apporté !/
 Mais dit la Mère Ubu, Monsieur le Père Ubon,/
De te laver la gueule il n’est pas question ?/
Or ce propos déplaît au Maîutre des Finances :/
Il fronce les sourcils d’un air plein de vengeance./
La Mère Ubu insiste, et lui lève le poing.../
La Mère Ubu s’enfuit se cacher dans un coin./
De sa poche abhorrée il passe la bretelle ;/
Et, quelque temps qu’il fasse, ou qu’il vente ou qu’il gèle/
Il part courbant le dos sous le vent du matin/
Et s’en va de tout coeur étrangler son prochain."

Quand on pense que ce texte a probablement été écrit en 1897, on se dit que notre littérature nationale recèle bien des trésors toujours si formidablement actuels !
Pour ma part, la consommation absolument jubilatoire de ces écrits, me donne le recul nécessaire pour affronter ensuite les difficultés du terrain...
Et si on y ajoute quelque brevage velouté et graissé d’un petit peu de degré, je suis alors dans une forme qui impressionne mon crabe et le fait un moment reculer...

Alors, avec moi, prenons un petit grog à la Fine Champagne et partageons ensemble ces aimables moments !

NOSE DE CHAMPAGNE