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Pour la laïcité, défendons Charlie hebdo

8 février 2007, 00:41

> Charlie Hebdo : un procès caricatural
par Reinette (IP:xxx.x23.150.224) le 7 février 2007 à 15H43
CHARLIE HEBDO / L’OPINION DU CHEF

« Tu n’es pas dans la ligne que je veux donner au journal »

Exemple : Philippe Corcuff, « poussé vers la porte de sortie » après 3 ans de loyales chroniques à CHARLIE HEBDO.

Bien que partageant l’essentiel des lubies valiennes, et en dépit d’une élasticité idéologique qui lui permet d’aller de Bayrou à Krivine sans se déchirer un tendon, Corcuff a en effet fini - un comble ! - par passer pour extrémiste aux yeux de son employeur.

Dans un communiqué publié le 3 décembre 2004, le sociologue revient sur l’un des désaccords qui ont motivé son départ :

« Recourant à des amalgames répétés entre l’islam comme religion, les différents courants de l’islam politique, l’intégrisme et le terrorisme, Charlie Hebdo - hormis quelques courageux résistants de la nuance et de la complication - s’est inscrit dans une croisade de la Civilisation (“européenne”) contre la Barbarie (“musulmane”). Dans cette perspective, on a été jusqu’à publiciser une fausse rumeur à propos du Forum Social Européen de Londres, où on a fait de ceux qui ne participaient pas à la nouvelle croisade (comme la LDH) des “alliés objectifs” des intégristes islamistes, en remettant ainsi à l’honneur une formule d’origine stalinienne. »

Pas d’accord ? Dehors ! Un an plus tôt, c’était le critique ciné Michel Boujut qui mangeait le bouillon pour cause d’hérésie. Dans un texte diffusé en mars 2003, il s’interroge :

« Opération épuration. Pfuitt... à la trappe ! [...] Je me pose une seule question, naïve comme toutes les vraies questions : peut-on être à la fois homme de morale (exigeante) dans ses éditos et homme de pouvoir (discrétionnaire) dans son “traitement des ressources humaines” ? Faire la leçon aux autres et se comporter comme ceux à qui on fait la leçon à longueur de colonnes ? Toujours cette foutue histoire de la paille et de la poutre. »

...Fin 2000, Mona Chollet avait été virée elle aussi pour délit d’opinion : lors d’une réunion interne, elle avait osé contester un édito de Philippe Val qui qualifiait les Palestiniens de « non civilisés ».

« Il est tellement ignorant des autres cultures qu’il n’imagine pas qu’on puisse être “civilisé” autrement qu’en lisant Spinoza avec ses chats sur les genoux, dit-elle.

Quelques jours après, il m’a convoquée et m’a annoncé qu’il arrêtait mon CDI après le mois d’essai, alors que j’étais pigiste depuis un an. Ça m’a sidérée. Il ne m’a pas dit pourquoi, mais ça crevait les yeux. Finalement il m’a dit : “Je ne suis pas sûr que tu sois en accord avec la ligne que je veux donner au journal”. »

Dans la ligne, le maquettiste Pierre-Yves Marteau-Saladin l’était lors de son embauche à Charlie Hebdo. Croyant détecter en lui un serviteur de confiance, Philippe Val lui confie la mission secrète de MOUCHARDER les salariés coupables de dissidence et de lui rapporter leurs propos.

C’est du moins ce que racontera le maquettiste une fois viré, écoeuré par « l’état d’autocratie que Philippe Val a instauré ». Apparemment, l’indic n’a pas donné satisfaction. « La liberté d’expression n’est pas négociable », bonimente Val à la télé.

C’est vrai, à quoi bon négocier avec ses contradicteurs quand il suffit de s’en débarrasser ?