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La question du désir est un(e) Bataille...

13 février 2007, 22:57

Le problème n’est pas dans la photo de femmes OU d’hommes dans les magazines féminins et, d’ailleurs, je ne crois pas qu’il y ait un masochisme des lectrices.

Il y a une angoisse de la femme ( qui ne tourne pas forcèment au masochisme même si elle retourne sa pulsion contre elle même) due au peu de modèles féminins valorisants pour nous, dans lesquels nous puissions nous reconnaitre, dans lesquels nous ayons envie de nous voir et que nous ayons envie d’atteindre (ce qui fait d’ailleurs la force de SR qui met parfaitement en scène sa féminité - ou féminitiude, je ne sais plus, qui en use et en abuse), modèles valorisants car non exclusivement fondés sur le physique (qui est quand même un sacré coup de dés ne nécessitant aucun mérite ou presque).

Donc, 1er problème, la dimension sur-valorisée chez la femme aujourd’hui par ces magazines, implicitement et expressément, c’est une qualité qui ne dépend ni de l’effort, ni de l’intelligence, ni du travail, ni du savoir, ni de rien de tout cela, mais d’une chance pour laquelle on n’a rien fait : la beauté physique. Tu nais moche ou belle - pas grand-chose à faire sauf à devenir une autre à coup de bistouri.

Ceci pour moi, fait partie du processus global de maintien de la femme en esclavage : on nous rend prisonnières de miroirs aux alouettes dont nous ne pouvons plus détacher nos yeux, au risque de passer même à côté de notre vie (et parfois meme de l’y laisser).

On ajoute à cela une incompréhension d’une femme à une autre générée par "la course à l’échalotte" permanente (je veux dire in fine, présent dans presque tous les inconscients féminins, la course "au mâle" - et vice versa). Course attisée donc par l’exigence d’être jeune belle et mince et bien habillée (détendue, successfull, brillante, drôle, poète, amoureuse, on s’en fiche encore un peu).
— Là l’angoisse de la femme décuple. La pression monte.

En réalité, la plupart des femmes admirent fortement ces autres femelles virtuelles (ce type de beauté fascine , au sens que le sexe masculin a manifestement sur toi ;-) - cf le fameux fascinus dont parle Quignard) avant de se désoler de n’être pas aussi belles pas aussi jeunes pas aussi bien habillées ( donc, de risquer de rater la course) , et surtout de leur en vouloir, quand elles découvrent que ces figures fascinantes ne sont pas réelles...un peu comme lorsque tu utilises un leurre sexuel sur un animal en rût.

Je crois que ce qu’il faudrait aux femmes dans les magazines féminins ce ne sont pas tant des photos d’hommes, beaux , baraqués, jeunes, bite à l’air ou pas, jolis culs ou torses de colosses non, ( même si ce n’est pas désagréable) mais plutôt des figures qui ne soient pas nécessairement "déceptives" (oups là je ségolénise !!!) pour elles, des photos de femmes qui ne soient ni sur-maquillées, ni affamées, ni retouchées...

Et je crois que ce qui est à revoir avant tout, c’est vraiment le "canon de beauté" actuellement en vigueur - ----

Moi, je persiste et je signe : la femme qui est belle, c’ est la femme qui est libre ou qui, déjà, essaie de se libérer, la femme qui est belle, c’est celle qui donne et qui reçoit, la femme qui est belle, c’est celle qui s’engage, un peu, beaucoup, la femme qui est belle, c’est la femme qui est rebelle, la femme qui est belle, c’est "la femme qui fait l’amour" ... (idem pour les hommes d’ailleurs)...

Fraternellement

La Louve Rouge