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Ministère de l’immigration et de l’identité nationale : une proposition de Finkielkraut et Bruckner

10 mars 2007, 19:12

La question de l’immigration est avant tout un problème de justice économique dans la mesure où elle fait référence à l’expatriation contrainte d’une partie de la population mondiale en vue d’assurer sa propre subsistance. Si la solution économique de ce problème réside dans le partage de la croissance à l’échelle mondiale, c’est davantage pour des raisons d’équité commerciale que pour des raisons morales. En effet, la contrainte qui s’exerce sur les populations immigrées s’explique par la stagnation économique du pays d’origine dont la première cause est l’exploitation inéquitable des ressources naturelles et humaines. Ainsi, la croissance des nations industrielles réalisée à partir des profits des grandes entreprises internationales repose substantiellement sur l’exploitation inéquitable des nations dont sont originaires les populations immigrées. C’est pourquoi, en l’absence d’un partage à l’échelle globale de cette croissance, il n’est que justice que ces populations des nations périphériques viennent bénéficier sur le territoire des nations industrielles de cette part de développement qui leurs a été dérobée. En somme, il est parfaitement justifié que les nations périphériques puissent profiter indirectement des avantages de la croissance en termes d’emploi et de services sociaux au moyen de l’expatriation d’une partie de leurs populations.

Ainsi, le fait de présenter la question de l’immigration comme un problème d’identité nationale ou d’équilibre de nos systèmes économiques et sociaux est donc totalement déplacé. Il en est ainsi tout d’abord parce que les populations des nations périphériques ont pleinement le droit de profiter de la part de la croissance mondiale qui leur revient sans avoir à travestir leurs propres identités nationales ou culturelles, et parce qu’en second lieu, on ne peut de façon honnête rendre responsable ces populations immigrées de dérèglements économiques et sociaux inhérents au fonctionnement capitaliste. Et cela sera toujours vrai tant qu’une répartition équitable de la croissance mondiale en termes de développement industriel et social n’aura pas été mise en place à l’échelle globale.

Fraternellement

Ludvic