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DEUX ARTICLES QUI RÉFLÉCHISSENT DANS L’HUMANITÉ DES DÉBATS DU 05/05/2007

8 mai 2007, 14:00

« je suis d’accord avec le social(…) mais il y en a quand même qui, avec les aides, vivent mieux que nous. Tout se paie et sur qui on tape ? sur nous, les ouvriers . »

Il y en a ? Qui ?

Ou bien ce phénomène existe réellement, il peut avoir deux causes :
 des "niches" législatives qui peuvent être exploitées par certains bénéficiaires
 des fraudes

Les deux choses ne sont pas de même nature ; la première est simplement la conséquence inévitable de toute régulation positive ou négative, qui crée des effets de seuil (à un euro près, on a droit ou non à telle aide) ou des effets d’aubaine (j’utilise un dispositif législatif d’aide pour faire quelque chose que j’aurais fait de toutes façons.)

Cette première utilisation ne pose pas la question du "social", mais la question des modalités d’attribution. On peut pencher vers une attribution plus "personnalisée", qui peut réduire les effets de niche, mais qui rique d’aggraver le contrôle social. On peut s’en tenir à une gestion "administrative" qui va maintenir certaines anomalies de traitement, mais préserver le caractère anonyme de l’attribution des aides.

La seconde, la fraude, est rarement une pratique individuelle : les personnes isolées n’ont pas les moyens de réaliser des fraudes "rentables" et le risque de se faire prendre est très grand. Il s’agit donc de fraudes organisées, relevant d’une approche "entrepreneuriale" de l’exploitation des prestations sociales. Style maffia, en gros.

Ou bien encore, ce phénomène n’existe pas ou de façon si marginale qu’il n’a pas d’effets au niveau d’un budget tel que celui de la Protection Sociale en France.

Donc, je reviens sur la question : de qui, précisément, parle cet ouvrier ? Connaît-il les revenus de cette personne qui vit "mieux que lui avec les aides" ? Ou s’agit-il seulement d’une représentation ? Pouvons nous, en tant que militants politiques, prendre pour argent comptant l’exaspération d’un ouvrier uniquement parce qu’il s’agit d’un ouvrier qui travaille durement ?

Notre réflexion et notre discours politiques sont en permanence affaiblis par ces raccourcis. L’article de Michel Simon dans l’Huma attaque a juste titre le PS sur l’imprécision (voulue) des moyens à mettre en oeuvre ; mais en tant que désormais ultra minoritaire, le PC ne peut reprendre du terrain qu’en étant absolument rigoureux dans ses analyses.

Comment faire revenir sur le devant de la scène sociale et politique à ce qui est la base de la solidarité ouvrière : celui qui paye une cotisation et celui qui est indemnisé sont de fait LA MÊME personne ?

D.