Accueil > ... > Forum 190613

LA CRISE CULTURELLE DU CAPITALISME, L’HETEROPHOBIE DIFFUSE, LE RACISME...

1er octobre 2007, 23:37

De la culture de l’émotion avec un autre auteur :

L’EMOTION EPANOUISSANTE

L’essai de Michel Lacroix intitulé « Le culte de l’émotion » se déroule en trois grandes parties : 1 L’émotion retrouvée, 2 L’émotion dénaturé et 3 Le bon usage de l’émotion. C’est cette partie finale qui sera ici résumée.

Après avoir été bridée, réprimée, l’émotion est de retour. Et pour l’auteur, ce retour est à la fois une richesse et un danger. Une richesse face à l’étroitesse du rationalisme et un danger dans la mesure ou l’individu contemporain ne s’intéresse qu’à l’émotion-choc, celle de type explosive et non celle qui dure et prend pour nom sentiment, contemplation.

On pourrait rapprocher d’ailleurs - malgré les fondements forts différents de l’analyse - ce que dit Alain BIHR sur la crise du sens, la « foire aux sens » ( ) et ce qu’écrit Michel Lacroix dans son chapitre 7 « Une boulimie de sensations fortes » pour caractériser la subjectivité contemporaine, à savoir le stress et l’agitation et donc une vie instable mais aussi une vie de solitude, uniquement en prise égocentrée sur l’excitation émotionnelle.

Les remèdes nécessitent un changement plus ou moins important selon les thèmes. Ils nécessitent dirait E FROMM un entraînement de longue durée.

I - SE RENDRE DISPONIBLE…

Le pouvoir, l’attitude technicienne, la maîtrise, le contrôle ont pour fonction de protéger des émotions. Il faut prendre le risque de l’altérité. La présence d’autrui comporte pour chacun une menace de perturbation. Il faut renoncer à l’autosuffisance et même à l’autonomie et accepter de dépendre du monde. Au lieu de rentrer en soi-même soyons disponible à ce qui nous entoure.

1) REDEVENIR DES HOMMES SENSIBLES :
« Pour rééduquer notre sensibilité malade, il faut substituer à la culture de l’émotion-choc une culture de l’émotion-contemplation. » (p147) Ce qui suppose en nous une attitude d’accueil et d’ouverture mais aussi en face de nous des objets (ou des personnes) dignes d’admiration. Pour aller plus loin encore il faut même abandonner « une morale de la volonté, de la puissance et du projet » pour adopter une morale de l’attention et de la douceur.

2) SE DONNER DU TEMPS, RALENTIR LE RYTHME :
Prendre le temps d’être ensemble, de se parler (pour les amis), de se voir et de se caresser, (pour les amants).

3) DONNER CONGE AUX FINALITES UTILITAIRES :
Réhabiliter le goût des minuscules plaisirs de la vie

4) POUR UNE PHILOSOPHIE DE LA DOUCEUR :
Ce qui implique de renoncer à la puissance et à la possession. « Pour se mettre à la disposition du monde, il ne faut pas avoir le monde à sa disposition » (p156) Internet procède à une contre éducation dangereuse : « la scanérisation est l’ennemi de la contemplation »

II - …POUR ADMIRER

Il ne s’agit pas de se rendre disponible pour des choses belles et nobles. Admirari, s’émerveiller. L’admiration est un mélange d’émotion et de vertu. Elle est un élan vers ce qui nous dépasse. Elle ne s’épuise pas en un regard unique mais dans une patiente fréquentation. L’admiration a une autre vertu importante : par le rapport qu’elle entretient avec l’universalité elle transforme la vie intérieure en vie spirituelle.

« Tout jeune homme attiré par une jeune fille sait d’instinct, pour peu qu’il soit sincère, si cette dernière est susceptible de l’élever ou de l’abaisser, de le rendre meilleur ou de l’avilir. Le critère est simple : y a-t-il ou non dans l’inclination qu’il ressent une part d’admiration ? S’il peut répondre par l’affirmative, cet amour s’élèvera. »

 Ma différence critique avec l’auteur.

Le débouché spirituel est légitime mais douteux et le lien avec les valeurs d’émancipation est absent.

Le souci d’admiration ne doit pas céder à l’élitisme et au souci d’égalité ni à l’esprit critique. Mais il importe certes que l’admiration est plus de place. L’admiration doit aller vers non seulement vers les comportements de gentillesse, de tendresse mais aussi vers les valeur de solidarité, de démocratie, d’égalité, de service public démarchandisé.

Christian DELARUE
Blog chrismondial