Accueil > ... > Forum 194308

L’appel de Charles Tillon du 17 juin 1940

22 octobre 2007, 16:58

Ouest-France du 9/10 mars 2002-08-30

La veuve de Charles Tillon vient d’écrire un exceptionnel livre de mémoires.

L’héroïque liberté de Raymonde Tillon

« J’écris ton nom Liberté » Ce vers d’Eluard est le titre du livre que vient d’écrire Raymonde Tillon, l’épouse de l’ancien chef de la résistance communiste et de l’ancien ministre de De Gaulle. Charles Tillon (1897-1993) Mme Tillon qui est revenue vivre à Rennes où son mari est né, propose un exeptionnel témoignage.

La perte de ses parents à l’âge de 4 ans, la déportation à Ravensbruck, l’exclusion du PCF au plus fort du stalinisme d’après-guerre ; la vie de Raymonde Tillon a été marquée par les épreuves. Ce destin exceptionnel forgé dans la douleur mais riche de grandes joies, Mme Tillon le raconte dans un livre autobiographique.

Femme et « fidèle secrétaire » de Charles Tillon, cette grande figure historique née du côté des Lices en 1897, Raymonde a pris à son tour la plume pour « évoquer sept décennies de luttes et d’espoir » en dénonçant d’entrée de jeu « le stalinisme à la française qui a bien existé » Engagée très jeune dans les jeunesses communistes puis au sein du PCF, Raymonde Tillon s’est mobilisée sur le front syndical (CGT) entre les deux guerres, au temps du Front Populaire.

Avec son premier mari, Charles Nédellec (1907-1944) elle ne ménage pas son énergie au service de la cause ouvrière. Mais la seconde guerre mondiale la met rudement à l’épreuve. Déportée à Ravensbruck en avril 1944, Raymonde Tillon réussit à s’extirper de l’horreur en mai 1945. « Quand je suis arrivée à Paris, pesant à peine 35 Kg, j’ai appris le décès de mon mari, mort d’épuisement dans la résistance »

« Fraternité brisée »

Raymonde Tillon met au lendemain de sa libération, son idéal communiste au service des institutions. Vivant à Marseille, elle devient conseillère générale, puis députée de la Constituante avant d’entrer à l’Assemblée nationale ou elle fait la connaissance d’un certain d’un certain Charles Tillon, Député PCF d’Aubervilliers, ancien mutin de la Mer noire, chef de la Résistance communiste FTP et ministre de De Gaulle de 1944 à 1947. Ils unissent leur destin familial (deux enfants naîtront de leur union, qui s’ajoutent aux deux garçons de Charles, lui aussi veuf) et vont faire face ensemble à l’écroulement de leur idéal communiste au début des années 50.

Le stalinisme fait des ravages. Ils se démarquent des positions du PCF « qu’ils ne comprennent pas » C’est l’époque des « Procès de Moscou à Paris », titre d’un des livres de Charles Tillon. « Le Parti nous en a fait voir, mais nous avons résisté »Le couple Tillon s’exile en Provence. La Fraternité est brisée. « Pour avoir protesté contre l’invasion soviétique en Tchéchoslovaquie, Charles Tillon est finalement exclu du PCF en 1970. Les enfants ayant grandi, les Tillon reviennent vivre au Pays (à la Bouexière) avant de repartir pour Marseille où le géant Charles Tillon s’éteint le 13 janvier 1993.

Raymonde Tillon a choisi en juillet dernier de revenir vivre « là où Charles est né » . Le rapatriement des cendres de son époux est en préparation. Aujourd’hui, Raymonde Tillon est soulagée d’avoir dit « ce qu’elle avait à dire » Mais foin de nostalgie, Raymonde Tillon fait « une confiance extraordianire à la jeunesse »

« J’écris ton nom Liberté », de Raymonde Tillon aux éditions du Félin, collection

Résistance-Liberté-Mémoire, 212 pages, 19,50 €. Préface de Germaine Tillon, Postface de Charles Louis Foulon.

Le moustique socratique