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Elargir le champ de la lutte des classes : migrants et salariés contre le capital

12 janvier 2008, 11:57

Naples, le 09 Janvier 2008, Place Plébiscito…

Le texte qui suit est la transcription li-tté-ra-le de l’intervention faite par Oreste Scalzone sur la Place Plébiscito à la fin de la manifestation* du 09 Janvier organisée par « Réseau Tocsin Santé-Environnement », dont l’âme et l’épine dorsale sont les camarades de l’Espace Antagoniste, Ska et Officina 99.

<Camarades,

(…) le droit à une vie digne d’être vécue dont on parlé les protagonistes de cette lutte, les gens de cette ville de Naples, qui est aussi capable de donner lieu à des places immenses, magnifiques comme celle-là, une ville dont nous voyons** encore les vestiges des murs grecs…
Et bien le système en place, l’État réellement existant, la démocratie instituée, la légalité réelle telles qu’elles commandent les Carabiniers et les policiers, s’est présentée hier avec les visages masqués de ceux qui ne savent pas faire autre chose qu’envoyer des avertissements camorristes et mafieux. Hier, au Conseil municipal de Pianura, quelqu’un comme moi s’est senti bien ingénu après cinquante ans de militantisme, parce que je ne voulais pas croire que Dimanche, qu’au cours d’une émission de télévision, entre ballets et paillettes, la Droite –Gasparri et d’autres- ait réclamé un dictateur, les pleins pouvoirs de super commissaire spécialissime à Gianni De Gennaro, et je ne voulais pas croire que 15 heures plus tard, le gouvernement allait transformer cela en un décret.
Gianni De Gennaro, ce Paganini incarné du centrisme bi-partisan -dont je ne sais rien, ni comme personne, ni en intentions, sinon qu’il se prend pour Dieu, à ce que je puis en lire – qui a été perçu et a été représenté pour des milliers de jeunes comme un tueur d’État, comme le serviteur du patron en visite, est celui qui à Naples, au Printemps 2001 a déchaîné la police contre des adolescents et porte les taches du sang de Carlo Giuliani sur les mains.
Mais le pire a été d’avoir eu cette idée perverse de décider d’envoyer un signal digne des pires mafieux et camorristes pour signifier qu’on avait fini de jouer, qu’on allait maintenant passer comme les tanks à Tien-An-Men sur le corps de ce type à chemise blanche qui se mettait devant, car on allait voir ce qu’était l’État, et l’État c’est nous, l’ État est un État qui et un État que…
On dit qu’ici il ya La Camorra, certes, mais cela veut-il dire que l’économie d’ici est camorriste, que les bancs sont camorristes, que les politicards sont camorristes, là ce sont la politique, l’économie, la Justice qui le sont, et qu’ailleurs elles peuvent être fascistes, colonialistes, libérales, staliniennes, et qu’ici elles sont camorristes, comme sont camorristes le Capital, les capitalistes, car il n’y a pas un Capital bien intentionné, une légalité pure et puis les Camorristes.
Je crois que nous devons réfléchir, depuis qu’ils ont décidé de faire l’unique chose qu’ils savent faire, peut-être en s’imaginant que cela allait être notre Chant du Cygne, et en se disant
nous allons nous déranger et vous en faire voir, nous allons violer la population de Pianura…
J’ai une idée et je vous la livre maintenant, que ceux-ci ont espéré de se présenter comme les illuminés, comme les Lumières napolitaines de 1799, et nous présenter nous dans le rôle des sanfedistes, la populace, la lie, vous voyez, Bassolino a soudoyé Luigia Sanfelice, puis Eléonora Pimentel Fonseca…
Ils croient que ça marche comme ça…
Moi, je ne pèse rien dans ce jeu de dupes là, je suis un camarade qui pourtant a confiance au point de ne pas cacher mes affinités, j’ai confiance dans mes amis de l’Espace Tocsin Antagoniste, j’ai confiance dans le Réseau Tocsin Santé-Environnement, j’ai confiance dans les gens qui se mettent en mouvement et je souhaite qu’on se dise, comme dans la chanson de Brecht, qu’on décrète : premier point qui doit décider, les gens doivent décider parce que les gens, dans leur vitalité désespérée, ont une puissance de vie qui se voit transformée en capacité de gouverner son propre destin, de décider.
Il n’est pas vrai que nous soyions des superstitieux apeurés qui disent non à tout, et nous devons créer un réseau de comités, et puis une table-ronde où faire venir des intelligences aussi techniques, il nous faut sortir le cadastre et les plans d’occupation des sols, indiquer les solutions d’urgence et provisoires, trouver des sites, au lieu de subir ceux qui choisissent de se préparer à dire nous faisons comme bon nous semble et si nous voulons vous faire violence, nous viendrons… S’ils font ainsi, c’est qu’ils ont la Force, mais pas la Raison.
Nous devons dire et dirons d’abord, et je me permets de dire, ceci aussi en votre nom, si vous me le laissez dire, qu’il n’est pas vrai qu’il y ait une alternative : ou la dure nécessité, le moins pire de leur projet ou le chaos.
Non, nous nous disons : nous ne tiendrons aucun compte de vous ; vous êtes désormais comme morts, et c’est nous désormais qui allons décider. C »est une insurrection sans armes.
Nous pourrons vous dire : maintenant arrêtez et au travail, vous recrutez 1000 personnes, on déblaye jour et nuit et on fait la différence, mais nous nous disons qu’on ne leur demande plus rien, on ne s’en occupe plus, pour nous ils sont comme des morts, parce qu’ils portent la mort.
Nous sommes en mesure d’exprimer une volonté, de choisir avec intelligence, de présenter un plan, nous vous l’avons dit, nous sommes entrain de vous le dire, si vous y re-venez c’est que vous serez désormais une dérive des pires, d’un absurde tel qu’il prétend gouverner le monde, criminel et criminogène ; et puis seulement punitif, vous êtes des toxicomanes de la mort et nous sommes une puissance de vie.>

Traduit de l’Italien par Sedira Boudjemaa, artiste-peintre,
Nîmes, le Samedi 12.01.08. ; 11h00A.M.

Notes :
*la préfecture de Naples a compté 6000 manifestants. On multiplie par 2 ou 3 cette estimation et nous disons qu’il y avait au moins 12 000 personnes.
**Des camarades de Naples : c’est le déroulé tel quel d’un discours « hurlé à l’improviste »… Proust disait que le parler et l’écrit était deux langues distinctes…(…/…)
Du traducteur : Daï, Oreste, questo discorso comincia come : « Al di sopra quelle piramide, 40 secoli vi miranno » … Adesso vuoli fare « Il Re Di Napoli », o che… ?