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LE SILENCE DES URNES : Matière à réflexion

17 mars 2008, 12:04

L’intercommunalité, une faille dans la démocratie ?

Les élections municipales ne vont pas désigner ceux qui exercent le vrai pouvoir, qui se situe, de plus en plus, au niveau intercommunal. Le système actuel introduit ainsi un suffrage à deux étages, les maires élisant les patrons de communautés d’agglomération ou de communes.

Depuis trente ans, les efforts des différents gouvernements, de droite comme de gauche, ont tendu à réduire le morcellement communal au travers de la coopération intercommunale. Dans les grandes et moyennes villes, les communautés urbaines (ou communautés d’agglomération) fédèrent les communes de l’ensemble de l’agglomération et même au-delà. En zone rurale, ce sont les communautés de communes. Faute d’avoir osé supprimer les petites communes, l’intercommunalité a introduit un échelon supplémentaire qui, loin de simplifier, complique un peu plus mais qui n’en est pas moins de plus en plus décisif dans l’élaboration des politiques locales.
La loi elle-même, au travers des dotations de l’Etat, encourage le transfert de compétences. D’ores et déjà, les transports, le développement économique, l’urbanisme , sont gérés à l’échelon communautaire.

Un lieu de cuisine politique subtile

Les conseils municipaux que l’on élit aujourd’hui à grand fracas se retrouveront-ils dès lors à la tête d’une coquille vide ? La situation est d’autant plus paradoxale que les instances communautaires sont élues, elles, au second degré. Elles sont l’émanation des conseils municipaux des communes composantes (leur élection a lieu une semaine après les élections municipales) et donc ne procèdent qu’au second degré du suffrage universel.
Cette logique institutionnelle conduit à des situations diverses : quand le maire de la commune principale peut détenir aussi la présidence de la Communauté urbaine, les choses sont claires. Ce fut le cas dans le mandat qui se termine de Gérard Collomb à Lyon, de Jean-Claude Gaudin à Marseille, de Jacques Peyrat à Nice, d’Edmond Hervé à Rennes.

Dans d’autres cas, la dualité des fonctions permet des arbitrages subtils au sein de la même majorité. C’est ainsi qu’elle a permis d’organiser à Strasbourg la cohabitation de Fabienne Keller (maire) et de Robert Grossmann (président de la communauté urbaine), vieux cacique de la politique locale qu’une relative impopularité éloignait de la fonction de maire, mais aussi à Toulouse celle de Jean-Luc Moudenc (maire) et de son prédécesseur devenu ministre Philippe Douste-Blazy (président de la communauté d’agglomération). A Lille, Martine Aubry avait laissé la présidence de l’agglomération à Pierre Mauroy, figure désormais historique de la ville.

Aucune règle ne limitant le cumul des mandats intercommunaux, certaines personnalités, interdites de mairie en raison de leurs autres fonctions, contournent la loi en gardant le contrôle de la structure intercommunale. Ainsi Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées n’est plus maire de Figeac, mais demeure président de la communauté de communes. .....................

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