Accueil > ... > Forum 234884

Italie : le crépuscule du communisme parlementaire

15 avril 2008, 23:15, par canaille le rouge

bonne version...

L’Italie est-elle la configuration avancée de la France ?

La question mérite d’être posée. Il ne s’agit pas de poser une équation du type Berlus = Sarko. Outre donner de quoi désespérer toute hypothèse révolutionnaire, cela ne servirait qu’à renforcer l’idée qu’il existe une cohérence des droites seules capables de fédérer l’avenir des peuples.

Par contre si nous observons les évolutions des partis se réclamant du communisme, les évolutions convergent, ou sont similaires : Leur impatience à gérer les a conduit à une incapacité à se rétablir au niveau institutionnel.

En fait ils ont travaillé à leur déséquilibre. Dans un premier temps hors champ par rapport au mouvement des sociétés, ils deviennent inaudibles. Leurs solutions sont théoriquement sympathiques mais concrètement déconnectées de toute compréhension pour ceux à qui elles s’adressent.

Or quand le peuple n’est pas d’accord, ce n’est pas lui qui a tord. C’est ceux qui tentent de lui dire des choses qui sont hors jeux.

Ou alors poussons jusqu’au bout, "ces ritals,tous des abrutis" ? Non, pas d’accord. Ils sont aussi abrutis que ces franchouillartds qui ont voté oui en 58 et De Gaulle 65, voir Mitterrand en 81, Chirac en 2002 ou Sarko en 2007.

Par contre la faillite des PC sur la planète pose une question qui sans une intense réflexion de tout ceux qui se réclament du communisme, si nous en restons à un banal schéma des rapports des CN ou congrès du PCF, la situation est condamnée à se déliter ici comme elle a sombré là bas.

La question de fond qui fait toujours obstacle 40 ans plus tard était déjà posée en 68 : doit-on attendre qu’une force politique ou une alliance de plusieurs d’entre elles proposent, clefs en main, un projet alternatif à soutenir mais pas co-élaboré par ceux là même qui en ont le plus grand besoin ? Cela ne vaut pas que des deux côtés des alpes, à chacun de construire ses réponses.

Le mouvement populaire est-il condamné à n’avoir de perspective que dans le soutien à des projets extérieurs à lui même ? Arc historique, programme commun ; eurocommunisme comme recentrage du Kominform, conférence de Berlin ou autres hypothèses des uns, activisme des autres, résignation réformistes des troisièmes. Enseignement de l’histoire ci en France : c’est comme cela que le PCF en choisissant Hue a accéléré sa glissade à Dia. Les camarades italiens tireront enseignements de leur expérience.

Un point de convergence : on fait pour, à la place, voir mandaté par, au nom de ...de qui ? Du peuple. Peuple travailleur, créateur, sensible, aigri voir capable de courir dans des impasses infernales ...la preuve. Mais un peuple (des peuples) sans projets ou, erreur gravissime, dépossédé par ceux là même qui usent leur énergie à son émancipation en le privant de son droit à construire son avenir de façon autonome, se sent trahi, au moins sans boussole ou balises.

Lorsque ces projets n’existent plus ou pas, qu’il n’y a plus ou pas de forces politiques pour les proposer et les porter, le mouvement populaire est-il condamné à faire le dos rond devant les agressions en attendant (espérant ?) des jours meilleurs et donc, en temporisant, être contraint de négocier le recul des acquis ? A se réfugier dans l’acceptation du plus séduisant ouvrant la porte de la cité au populisme fascisant le plus dangereux ?

Le PCF avant de devenir sénile, dans sa dernière période de maturité avait posé la question d’un socialisme autogestionnaire, il a rompu avec cette approche. Le PCI de Berlinguer, mesurant les dangers, avait engagé (à mon avis tardivement mais il a engagé) une tentative de renvoyer vers le peuples la construction d’une issue.

Comme la tentative renvoyait à une confiance délégataire à l’appareil ...il était, est, sera condamné à l’échec. Etre révolutionnaire, c’est aussi savoir regarder ses actes, nos impasses, en tirer enseignements pour ne pas y retomber.

Le peuple italien n’a plus d’élus du PCI ou de ses avatars. je ne sais s’il avait toujours des élus communistes au parlement et depuis combien de temps. Il a toujours son patrimoine : Gramsci, Garibaldi, les partisans, Verdi. Avec une telle caisse à outil, je suis sur que même si c’est difficile comme pour nous ici, du monde se cherche, pour reconstruire.

Ai-je le droit de dire sans me faire trop chambrer "retroussons nos manches" ? Et vite, pour pouvoir y retrourner ; c’est si beau l’Italie.