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EUROPE QUE FAUT IL ATTENDRE DE LA GAUCHE ?

17 mai 2008, 20:30, par Copas

J’ai l’impression qu’il y a quelques petits problèmes de méthode.

Le parti allemand est social-démocrate, comme le parti travailliste anglais, mais pas le parti socialiste français, pas le parti démocrate italien.

Cette différence de nature ne doit pas être escamotée. La classe ouvrière est un sujet central, organique dans les partis allemands et anglais, avec des liens règlementaires avec les grands syndicats. Ca ne veut pas dire que la politique de ces partis soit meilleure que le PS français et le parti démocrate italien, mais que ces partis sont de nature différente.

On ne trouve pas cela en France. Dans le PS les travailleurs n’existent pas collectivement, ils ne sont plus (récemment) considérés comme l’acteur historique en tant que classe, mais comme des adhérents comme des autres.

Les évolutions souhaitées par l’essentiel des dirigeants du PS vont bien vers une organisation structurée comme l’UMP, autour d’un chef et d’une masse d’adhérents dessous (voir la forme de la candidature de Royal pour être "chef", le langage en exprimant beaucoup sur la conception politique).

Le parti socialiste en acceptant les règles du capitalisme, en les soutenant (tout ça n’est pas nouveau) mais également en abandonnant l’espérance socialiste et abandonnant la classe ouvrière comme sujet , en essayant même plus de se poser la question d’organiser les travailleurs en tant que tels, n’est plus un parti social-démocrate. Il devient alors un parti comparable à ce que fut le parti radical-socialiste de la belle époque.

la double référence implicite aux années 1930 en France et en Allemagne sur les attitudes vis à vis de la social-démocratie ne peut opérer avec des partis qui ne sont pas dans la classe ouvrière, on ne peut avoir de dynamique unitaire avec eux.

A l’inverse, le traiter pour ce qu’il est, un parti de la bourgeoisie, ce n’est pas faire preuve de division dans le monde des travailleurs. Ca ne signifie pas qu’il soit impossible de passer des alliances sur des questions précises et vérifiables mais qu’il n’y a aucune dynamique politique dans le camp des travailleurs à en attendre.

Car il faut enfin en tirer les conclusions de gouvernements de gauche en France qui n’ont jamais réussi depuis 1981 à susciter la moindre dynamique unitaire dans le monde du travail. Ca ne vient pas seulement de mauvaises politiques menées mais également de la nouvelle nature du PS qui ne permet aucune unité positive, le PS est devenu étranger dans sa structure et ses fondements .

Le mur sur lequel s’est fracassé à une série de reprises le PCF dans ses tentatives de remettre en selle des formes d’union de la gauche (voir l’affaire des comités riposte) vient de cette mauvaise appréciation de la nature du PS.

Les initiatives en faveur d’une gauche de transformation sociale échouent sur ces questions et sur une croyance en des raccourcis imaginaires indépendants des luttes sociales et plus généralement d’un camp de la classe ouvrière mobilisé et bien innervé.

Ce n’est pas de mots sur la transformation sociale mais comment on récrée un camp puissant, mobilisé, indépendamment de positions électorales (il vaut mieux les avoir, mais mettre au centre cela comme finalité pour transformer les choses ça ne marche pas), mobilisé et luttant intelligemment contre les offensives capitalistes.

La question du PS là dedans a des problèmes de localisation. Il n’est pas la clé, ni même une des clés pour inverser les rapports de force. Mais nul doute qu’ils se rallieront à la victoire si celle-ci vient aux travailleurs ou qu’ils n’aient que seulement récupérer une partie de leurs forces.